Avec A plein temps, Eric Gravel, réalisateur franco-canadien, propose un drame social réaliste, sous forme de thriller. Haletant, oppressant, il raconte la lutte de ces nombreuses femmes obligées de tout mener de front, quotidiennement, sans répit. Comme Julie. Mère courage dont l’ex ne paie pas la pension, elle se démène comme elle peut pour élever ses deux enfants en banlieue très éloignée de Paris, et garder son travail de première femme de chambre dans un palace de la capitale.
Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant davantage à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. L’équilibre de Julie, déjà sur le fil, vacille. Entre son boulot, aussi exigeant qu’épuisant, la garde précaire des enfants, ses soucis bancaires, sa voiture en panne, sans oublier l’organisation de l’anniversaire de son fils, son emploi du temps calculé au plus juste s’en trouve complètement bouleversé.
En grande difficulté, contrainte de s’absenter pour courir à son entretien d’embauche qui la force de surcroît à dissimuler certaines parties de sa vie pour espérer décrocher un meilleur job, elle se met en danger face à sa hiérarchie. Tout en mouillant ses collègues quand elle leur demande de mentir pour l’aider. Mais même à bout de souffle, cernée de partout par les problèmes qui s’accumulent, elle refuse de baisser les bras et continue à se battre, nous entraînant dans une course de plus en plus effrénée, apparemment sans espoir et sans fin...
Bouleversante et particulièrement crédible maman solo d’une énergie folle, forte et fragile à la fois, Laure Calamy porte de bout en bout avec talent ce film sous haute tension, édifiant, précis, évoquant sans fioritures ou temps mort, l’authenticité et la violence des situations dans lesquelles elle est constamment à deux doigts de se noyer. Son étonnante performance lui a valu le prix Orrizonti de la meilleure actrice à la Mostra de Venise en septembre dernier. De son côté Eric Gravel a décroché la médaille du meilleur réalisateur dans cette même section.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 mars.