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Sorties de la Semaine - Page 56

  • Grand écran: "Ma famille afghane" évoque le choc des cultures avec intelligence, entre coup de foudre et obscurantisme

    Pour la troisième fois en quatre ans, un film d’animation est consacré à l’Afghanistan, sa culture, son mode de vie, ses traditions liberticides. Et il est à nouveau réalisé par une femme. En 2018, la cinéaste irlandaise Nora Twomey proposait Parvana, dans lequel une fillette se déguise en garçon  pour retrouver son père arrêté en raison de son opposition au pouvoir 

    L’année suivante Zabou Breitman et  Elea Gobé-Mevellec  livraient  Les Hirondelles de Kaboul, racontant les horreurs sous l’oppression des Talibans. Avec Ma famille afghane, c’est la Tchèque Michaela Pavlatova, qui se penche sur le quotidien des femmes dans cette partie du monde. Edifiant, son film est situé à Kaboul en 2001, après la chute du régime, mais où l’obscurantisme demeure. 

    Il raconte l’histoire d’Helena, jolie blonde aux yeux bleus, Elle s’ennuie dans ses cours d’économie à Prague. aimerait fonder une grande famille, mais désespère d’y arriver en regardant les garçons de sa classe. Pas un seul ne trouve grâce à ses yeux jusqu’au jour où le beau Nazir, étudiant afghan, pousse la porte. 

    Coup de foudre pour Helena. C’est le bon, elle le sait et décide de tout quitter pour le suivre dans son pays et l’épouser, Devenue Herra, elle s’installe dans sa famille et doit renoncer aux libertés dont elle jouissait en Europe, en découvrant les mœurs redoutablement patriarcales qui régissent sa future existence. Car si Nazir est un peu plus progressiste que le reste de la communauté, elle lui est néanmoins subordonnée, contrainte de se conformer à son statut d’épouse peu émancipateur (un euphémisme), qui lui interdit notamment de parler en son nom, ou de se trouver seule avec un autre homme. 

    Comme en plus  elle ne peut avoir d’enfant (une tare et une honte),  elle est forcée d’adopter Maad, un gosse particulier, difforme et plutôt revêche de prime abord.  Seul vrai protecteur d’Herra dans cette famille où elle tente de s’intégrer pour sauvegarder son mariage, quoi que lui coûtent les critiques et les discriminations, c’est le grand-père, bienveillant et humaniste à sa manière. Il sait où peut mener le fanatisme religieux pour avoir perdu un fils et un petit-fils victimes de ses excès.    

    Ma famille afghane est adapté de Freshta (2012), de la romancière et journaliste Petra Prochazkova, une compatriote de Michaela Pavlatova connue pour ses reportages en Afghanistan et en Tchétchénie. A la fois choc des cultures et histoire d’amour, ce film politique, sans occulter violence, sexisme et interdits, évite la caricature avec sensibilité, intelligence. finesse. Sans oublier une pointe d’humour et un zeste d’espoir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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  • Grand écran: "La revanche des Crevettes pailletées", coincées dans une région russe particulièrement homophobe!

    Il y a trois ans, on découvrait  «Les Crevettes pailletées», une équipe de water-polo gay, plus motivée par la fête que par la compétition, qui se rendait en Croatie pour participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel de la planète. Et cela sous la houlette de Matthias Le Goff, vice-champion du monde de natation, condamné à entrainer la bande la plus déjantée de France, pour avoir tenu des propos homophobes.

    Eloge foutraque à la tolérance, à la différence et à l’ouverture, ce premier volet était signé Cédric Le Gallo et Maxime Govare, qui récidivent dans leur chasse aux préjugés, leur combat pour la liberté d’aimer et l’acceptation de l’autre avec «La revanche des Crevettes pailletées».

    Cette fois les fameux Jeux ont lieu à Tokyo et Matthias décide d’emmener Sélim, un  jeune de banlieue qu’il croit homo, dans ce voyage au Japon en  hommage à Jean, un ami mort trop tôt. Hélas, après avoir raté leur correspondance, les lurons en goguette sont  coincés en Russie, dans une région particulièrement homophobe.

    C’est le début d’une aventure aussi périlleuse que rocambolesque. Mais si on reste dans le registre de la comédie, on change de formule. On ne verra pas les protagonistes se livrer des joutes en piscine. Le ton devient plus dramatique, les auteurs se montrant plus politiques dans les thèmes abordés et la dénonciation vigoureuse de la répression de l’homosexualité. Agressées, les Crevettes se retrouvent en effet prisonnières dans un château lugubre, obligées de suivre une redoutable thérapie de conversion, suite à un  plan cul qui a mal tourné.

    Ce discours plus profond, plus engagé sur l’identité dans cette suite tournée en Ukraine, écho involontaire à l’actualité, n’empêche toutefois pas l’humour, les rebondissements, quelques dialogues percutants et des situations loufoques. Par ailleurs, si on peut leur reprocher de céder parfois à la facilité, les cinéastes, revendiquent joyeusement outrance, kitsch et clichés. De leur côté les acteurs ne boudent pas leur plaisir. Nicolas Gob reprend le rôle du coach Matthias,  tandis que  Michaël Abiteboul, David Baiot, Roland Menou, Geoffrey Couët, Romain Brau et Félix Martinez se glissent à nouveau avec délectation dans la peau des Crevettes.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 mars.

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  • Grand écran: "Vortex", un film bouleversant sur la fin de vie signé Gaspar Noé. Avec trois magnifiques comédiens

    Adepte de la transgression, on se souvient d’Irréversible qui avait fait scandale, de Love avec ses scènes de sexe non simulées, de Climax fête dégénérant en délire épileptique, le provocateur Gaspar Noé, loin de ses ambiances sulfureuses, revient avec Vortex, un film poignant sur la fin de vie. Traitant plus particulièrement du fléau de la maladie d’Alzheimer, il est adressé à tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le cœur. Une dédicace à prendre au premier degré dans la mesure où c’est ce qui attend beaucoup de gens.  

    L’œuvre s’ouvre sur le générique de fin, suivi d’une une citation La vie est une courte fête qui sera vite oubliée, puis de Françoise Hardy sublime qui chante Mon amie la rose, nous rappelant qu’on est bien peu de choses... 

    Et puis l’écran se sépare. On découvre un couple âgé qui se réveille le matin et le réalisateur nous embarque pour une immersion de 2h20 dans le quotidien bouleversant de ces deux personnages perdant peu à peu leurs repères, voués inéluctablement à une lente décrépitude.

    Françoise Lebrun, Dario Argento et Alex Lutz 

    Sans concession, n’éludant rien des ravages physiques et mentaux de la maladie et du grand âge, le film à la mise en scène dépouillée est porté par trois comédiens extraordinairement bons et justes. Ils sont leurs personnages plus qu’ils les incarnent. 
     
    Ancienne psychiatre de gauche soixante-huitarde victime d’Alzheimer, elle (mythique Françoise Lebrun), sombre de plus en plus dans la démence. Lui (Dario Argento, pour la première fois à l’écran), critique de cinéma, essaye au début de gérer les choses tout en travaillant à la rédaction d’un ambitieux ouvrage. Mais sa santé très fragile l’empêche de faire face à une situation qui ne cesse de se dégrader.

    lls ont un fils unique (Alex Lutz), irresponsable et toxicomane, ce qui permet au cinéaste de parler, parallèlement à la sénilité, de l’extrême précarité des junkies dans les quartiers nord de Paris. Désemparé, impuissant, il tente de  persuader ses parents de se laisser prendre en charge dans une clinique spécialisée, En vain. Ils refusent de quitter leur appartement bordélique, plein de tout ce qu’ils ont accumulé au cours de leur existence.

    Evoquant deux solitudes partagées, Vortex est tourné intégralement en split screen, en étant constamment d’un côté avec le père et de l’autre avec la mère. «Je n’avais pas prévu de le faire entièrement de cette façon, mais en constatant que cela fonctionnait, je me suis lancé», expliquait Gaspar Noé lors d'une conférence de presse au Festival de Locarno l'été dernier, après la projection de l'oeuvre  «C’est assez hypnotique, on ne sait pas toujours s’il faut regarder à gauche ou à droite. Et en même temps cela crée des moments magiques ».

    Le choix des acteurs

    Le cinéaste, qui avait envie de faire un film sur les vieux depuis des années après avoir vu sa grand-mère et sa mère perdre la tête raconte aussi comment il a choisi ses acteurs «Je suis fasciné par Dario Argento et Françoise Lebrun. Au départ Dario n’avais pas très envie. Comme le tournage de son film a été retardé, j’ai appelé sa fille Asia, qui m’a aidé à le convaincre. Mais il voulait que son personnage ait une maîtresse. Je lui ai dit ok, pas de problème, deux, trois si tu veux… »

    En ce qui concerne Françoise Lebrun, Gaspar Noé a tout de suite pensé à elle parce qu’il adore sa performance dans La maman et la putain. «Je la trouve absolument impressionnante. Je rêvais de la rencontrer et de la prendre dans mes bras. J’étais aux anges quand elle a accepté. Quant à Alex Lutz, je l’ai découvert avec ses talents de performeur dans son film Guy. Par ailleurs, alors qu’il joue plutôt les comiques, il est tellement mélancolique dans la vie. Il y a chez lui quelque chose de brisé».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 avril.

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