Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 55

  • Grand écran: "Enquête sur un scandale d'Etat", avec Roschdy Zem et Pio Marmaï

    Après deux films sur le banditisme corse, Thierry de Peretti s’inspire d’une sidérante histoire vraie qui s’est déroulée en octobre 2015. Les douanes françaises saisissent sept tonnes de cannabis en plein cœur de la capitale. Le jour même, un ancien infiltré des stups, Hubert Antoine (Roschdy Zem) , contacte Stéphane Vilner (Pio Marmai), jeune journaliste à Libération.

    Il affirme pouvoir démontrer l’existence d’un trafic d’État dirigé par Jacques Billard (Vincent Lindon), un haut gradé de la police française. D’abord méfiant face à cet indic voyou ambigu,  Stéphane finit par plonger dans une enquête qui le mènera jusqu'aux recoins les plus sombres de la République.

    Le film  se base sur le livre du journaliste Emmanuel Fansten, L'Infiltré. Ancré dans la réalité, il nous immerge dans une mécanique bien rôdée, où règnent trafic de drogue, espionnage et grosses magouilles jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.

    Surfant à la fois sur le polar, le thriller, le documentaire, le film-dossier et d' investigation  journalistique, Thierry de Peretti livre, au-delà de la chronique politico-judiciaire,  une oeuvre dense, ambitieuse, foisonnante, mais inégale et parfois verbeuse, à la mise en scène épurée et au scénario  complexe. Evitant le jugement, il montre de façon rigoureuse les dysfonctionnements de l’Etat, le côté alambiqué d’un monde glauque et obscur, les  dérives de la lutte anti-drogue avec la connivence entre la brigade des stups et les trafiquants qu’ils sont censés arrêter. 

    Si Enquête sur un scandale d’Etat n’atteint pas l’intensité d’un Spotlight par exemple, il reste le plus souvent haletant et convainc par son absence d'images choc, de scènes d'action explosives ou de sang qui dégouline. Il séduit par ailleurs dans la mesure où il s’agit aussi d’une rencontre entre deux hommes aux personnalités opposées qui vont finir par devenir amis. Et comme ils sont incarnés par les impeccables Roschdy Zem et Pio MarmaI, le charme opère. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 9 février.  

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Petite Solange" révèle une actrice, la jeune Jade Springer.

    Après La famille Wolberg (2009), Tirez la langue, Mademoiselle (2013), La prunelle de mes yeux (2016), Axelle Ropert propose le portrait d’une adolescente de 13 ans, un peu timide, fragile, mais gaie, enthousiaste, bonne élève et curieuse de tout.  

    Née dans une famille de la classe moyenne supérieure, cultivée et sans souci matériel, elle adore sa mère (Léa Drucker), comédienne dans une troupe reconnue et son père (Philippe Katerine), propriétaire d’un atelier de réparation d’instruments de musique. Mais tandis qu’ils viennent de fêter leurs vingt ans de mariage, ils se disputent et commencent à s’éloigner l’un de l’autre. La séparation menace. Pour Solange, c’est le coup de massue. Trop tendre, trop sentimentale, elle voit son monde idéal s’effondrer. Elle qui voudrait tant que l’amour dure toujours, va faire l’expérience de la douleur.  

    Axelle Ropert livre un joli film, simple et riche, moins léger qu’il n’y paraît, au parfum vintage et à la mise en scène rigoureuse de chaque situation. Une obsession pour la cinéaste française qui avoue être allée piquer une idée dans Une étoile est née de George Cukor... Petite Solange se déroule à Nantes avec un plus italien venant du temps où l'auteure regardait les longs métrages de Raffaello Matarazzo sur les enfants perdus. Sans oublier bien sûr L’incompris de Luigi Comencini. 

    Une remarquable débutante entre Léa Drucker et Philippe Katerine

    L'oeuvre est portée par l’étonnante Jade Springer, une révélation de 14 ans qui séduit dès son apparition à l’image. Elle n’avait jamais joué mais, complètement liée à l’émotion du personnage sans toutefois aucune connivence autobiographique, elle s’en sort comme une pro. Face à elle, on trouve l’excellente Léa Drucker et l’inclassable Philippe Katerine. Amoureux du monde et des gens, sentant intensément les choses, il est en osmose parfaite avec cette très jeune fille à fleur de peau en proie à ses tourments intérieurs..

    Sans être autobiographique, le scénario est inspiré d’une expérience personnelle mal vécue d’Axelle Roper. «C’est le vieillissement qui m’a poussée à la  réalisation de cette histoire», confie-t-elle. «A presque 50 ans j’avais envie de me pencher sur mon enfance, de montrer quelque chose que je n’avais pas perçu à l’époque. Il y a eu un grand bouleversement dans les familles, on commençait à divorcer. Ce que je raconte est d’une banalité totale. Mais c’est un sujet important, périlleux, délicat, évoquant des adultes qui se font du mal, qui aiment qui trahissent et qui font souffrir leur progéniture».

    En compétition à Locarno en août dernier, Petite Solange a remporté le prix Jean-Vigo 2021.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi  2 février.  

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Spencer", trois jours décisifs dans la vie de Lady Di. Kristen Stewart géniale

    Après Jacqueline Kennedy, magnifiée dans Jackie, Pablo Larrain se passionne pour une autre célébrité féminine, la princesse de Galles, qu’il sacralise dans Spencer, son dernier long métrage  écrit par Stephen Knight sur une excellente musique de Jonny Greenwood. Avertissement de l’auteur juste avant les premières images, il ne s’agit pas d’un biopic, mais d’une fable inspirée d’une vraie tragédie. Elle se déroule ainsi dans un cadre existant où se mêlent triste réalité et audacieuse fiction née de l’imagination débordante du réalisateur.

    Pablo Larrain  a en effet choisi de se baser sur trois jours dramatiques de la vie de Lady Di. Nous sommes à la fin décembre 1991, alors qu’elle rejoint la famille royale à Sandringham House pour les fêtes de Noël. Elle entretient des rapports conflictuels avec ses différents membres et réfléchit notamment à divorcer de Charles, qui a déjà une liaison avec Camilla. Ce n'est pourtant que la trame de l'histoire. Car durant cet épisode décisif, l’auteur nous laisse découvrir une autre Diana que celle inlassablement disséquée par tous les médias de la planète. Un vrai tour de force. 

    Certes on n’ignorait pas ses excès entre boulimie, anorexie ou mutilation, mais le Chilien nous surprend en nous faisant surtout sentir sa détresse, sa solitude, ses fêlures, en plongeant de manière particulièrement intimiste dans l’univers mental d'une  femme déroutante dont on pensait tout connaître et qui cherche désespérément à se retrouver dans l’ambiance sinistre de l’immense palais.  

    Quelques scènes surréalistes

    Enfermée dans un carcan, victime d’un stress constant, elle souffre d’une forme d’inquisition qui provoque chez elle des hallucinations. Cela nous vaut quelques scènes surréalistes, comme une conversation avec le fantôme d’Anne Boleyn, la seconde épouse du roi Henri VIII... 

    Variation insolite, l’opus est une réussite. Plus encore qu’à l’art du cinéaste et à sa mise en scène, elle tient à l’extraordinaire performance de Kristen Stewart. L’actrice a un talent stupéfiant pour se glisser dans la peau de ses personnages qu’elle ne se contente pas d’incarner. Elle était bluffante en Jean Seberg dans le polar éponyme dédié à l’héroïne d’A bout de souffle de Godard, Elle est géniale en Lady Di, dont elle adopte sans la copier le look, les gestes, les attitudes, le comportement.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 janvier. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine