Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 58

  • Grand écran: "King Richard", ou comment porter Venus et Serena au sommet. Avec un remarquable Will Smith

    Deux ans avant la naissance de ses filles Venus et Serena, Richard Williams regarde un match de tennis à la télévision où la joueuse Virginia Ruzici empoche 40 000 dollars. Du coup ce gardien de nuit se met à concocter un plan de 85  pages pour sortir de Compton, la banlieue pauvre et noire de Los Angeles, et porter ses filles au sommet. 

    Mission accomplie pour les deux avec quatre Grands Chelems et quatre médailles d’or olympiques, et surtout en ce qui concerne Serena, devenue la Numéro Un de ère Open avec ses 23 tournois majeurs. Mais qui, selon toute vraisemblance, ne parviendra pas à égaler le record de l’Australienne Margaret Court, laquelle en compte un  de plus. 

    Presque tout ce que ce père ambitieux a prévu pour sa progéniture s’est donc réalisé. Un vrai visionnaire que le réalisateur Reinaldo Marcus Green n’hésite pas à anoblir en intitulant son film King Richard. Oubliant d’évoquer le côté trouble et controversé du personnage, dont ses nombreuses infidélités, il évite toutefois l’hagiographie en racontant les débuts de cette  irrésistible ascension du point de vue familial. 

    Il se concentre plus particulièrement sur le parcours d’un homme réellement confronté dans son enfance à de terribles actes de racisme, qui a eu des démêlés avec le Ku Klux Klan, mais qui a toujours fait face. Avec sa foi en la réussite chevillée au corps, il est prêt par exemple à se laisser tabasser, pour protéger ses futures championnes harcelées par des voyous. .

    En revanche, il se montre inflexible quant à leur entraînement. Usant de tactiques extrêmes, il les pousse (en principe avec leur accord, l’aide de sa femme Oracene et celle des trois sœurs aînées...), à taper inlassablement dans la raquette de l’aube au crépuscule. Plus que convaincu de leur don, l’obstiné Richard que rien n’arrête, parvient par ailleurs à persuader les meilleurs coaches de s’occuper gratuitement de ses filles, 

    Parallèlement, il se fait un devoir de ne pas négliger leur éducation et tout ce qui touche à leur développement intellectuel. On apprend que Venus parle cinq langues... Sous l’autorité de ce père à la main de fer dans un gant de velours et grâce à leur travail acharné, Venus et Serena deviennent de vraies machines de guerre sur le court, tout en gardant, au-delà du jeu, les valeurs affectives, sociales et humaines qu’on leur a inculquées. 

    Des interprètes de choix

    Mais pour que la mayonnaise prenne vraiment, encore fallait-il des  interprètes de choix. Reinaldo Marcus Green les a trouvés. D’abord un pivot de choc, Will Smith. Remarquable, il est criant de vérité dès son apparition à l’écran. Il n’incarne pas, il est tout simplement Richard Williams, empruntant son discours, ses gestes, son attitude, son comportement.  

    Quant aux deux jeunes actrices qui l’entourent Saniyya Sidney (Venus) et Demi Singleton (Serena), charmantes, modestes et spontanées, elles sont tout aussi talentueuses et impressionnantes de justesse. Sans oublier, dans le rôle d’Oracene,  l’excellente Aunjanue Ellis.

    Il fallait enfin que cela marche du côté sportif pour les connaisseurs et les fans de la petite balle jaune. C’est le cas avec notamment une convaincante reconstitution des matches de l’époque.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 décembre. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Un héros", gloire fugitive d'un Iranien piégé par ses mensonges et ses manipulations

    Après un détour par l’Espagne en 2018, qui nous a valu le décevant Everybody Knows, avec Javier Bardem et Penelope Cruz, l’Iranien Ashgar Farhadi est revenu dans son pays pour tourner Un héros. son neuvième long métrage Avec ce film qui a décroché le Grand Prix au dernier festival de Cannes, le cinéaste nous plonge dans un imbroglio kafkaïen plus fatigant qu’haletant.  

    Autorisé à sortir un week-end de la prison où il est enfermé pour une dette non honorée, Rahim ne sait pas comment rembourser son créancier. Il tente de le convaincre de retirer sa plainte contre le paiement d’une partie de la somme, pour échapper à un dur retour derrière les barreaux. En vain.

    Aux abois, Rahim a recours à une manipulation douteuse, qui le fait pourtant passer pour un héros. Du coup, la direction du pénitencier veut médiatiser le cas de ce détenu modèle, tenant absolument à restituer un sac rempli de pièces d’or qu’il dit avoir retrouvé par hasard. Mais c’est là que les choses commencent à se gâter. Piégé par ses mensonges, le bien peu héroïque Rahim s’enferre, compromet l'association caritative qui le soutient et se met sa famille à dos. 

    Les fans de Farhadi crient au chef d’œuvre, considérant cet opus ancré dans la société iranienne et qui devrait représenter le pays aux prochains Oscars, comme l’un des meilleurs de 2021. On adhère cependant mollement à cette fable morale en forme d’intrigue à tiroir dont le metteur en scène abuse, nuisant ainsi à l'efficacité narrative. Et cela en dépit de la prestation, de la plastique avantageuse de l’acteur principal Amir Jadidi, un vrai beau gosse, et des critiques incisives auxquelles se livre l'auteur contre le système judiciaire et carcéral, la peine de mort, la bureaucratie pesante, les réseaux sociaux, leurs trahisons et autres fake news.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 décembre. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Drive My Car", road movie japonais envoûtant, romanesque et mystérieux

    Oto est scénariste. Elle invente des histoires que transforme  Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre. Le couple, qui a perdu une fillette de 4 ans, apparaît profondément lié. Un jour pourtant, l'homme surprend sa femme faisant l’amour avec un autre. Elle ne le voit pas, il garde la chose pour lui. Jusqu’au drame dont elle sera victime.

    N’arrivant pas à se remettre de cette tragédie, Yusuke accepte de monter Oncle Vania dans un festival à Hiroshima, optant pour une version polyphonique où se répondent le japonais, le mandarin, le coréen et la langue des signes. 

    C’est alors qu’il fait la connaissance de Misaki, une jeune femme modeste et taciturne qu'on lui a assignée comme chauffeure. Le film se déroule ainsi principalement dans la voiture, une Saab  rouge. Chaque matin  Misaki emmène le dramaturge au théâtre et le raccompagne chaque soir dans sa résidence.  

    Naissance d'une amitié

    Un huis-clos propice aux confidences. Yusuke tourmenté, en quête de vérité, de rédemption et Misaki, souffrant d'une enfance douloureuse et de la perte de sa mère, apprennent à se connaître à la faveur de leurs échanges pudiques sur leur deuil respectif. L’amitié qui naît au fil de ces trajets quotidiens leur permettra de faire face ensemble à leur passé dans ce film plein de souvenirs, de secrets, de silences et de non-dits.   

    Drive my car, signé Ryusuke Hamaguchi, est adapté d’une nouvelle éponyme d’Haruki Murakami, parue dans le recueil Des hommes sans femmes. Poursuivant sa quête esthétique en proposant une mise en scène virtuose, le réalisateur japonais, récompensé du Prix du scénario à Cannes en juillet dernier, nous emporte, en compagnie de ses deux excellents protagonistes,  dans un voyage de trois heures qu'on sent à peine passer. 

    Construit sur plusieurs années, ce road movie envoûtant, romanesque et mystérieux, nous livre curieusement le générique qu’au bout de quarante-cinq minutes, suite à une accumulation de faits. Une audace un rien déroutante pour le spectateur.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 décembre. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine