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Grand écran: "Wet Sand", l'amour quoi qu'il en coûte face à une société pétrie de préjugés contre la diversité

Un village géorgien, au  bord de la mer Noire. Ce soir-là, l’eau scintille, magnifiquement éclairée par la lune. Le vieil Eliko regarde du balcon les vagues se briser sur la plage, avant de s’asseoir à sa table pour enrouler mystérieusement une lettre autour ‘une bouteille de vin. Le lendemain, on apprend qu’il s’est pendu. Les habitants, apparemment de sympathiques bons vivants, révèlent pourtant leur vrai visage, en accueillant cette triste nouvelle avec une indifférence teintée d’une curieuse satisfaction. Ils n’aimaient pas ce type qui cachait sa vie privée, le trouvaient « inadapté » et le considéraient comme un étranger alors qu’il vivait là depuis des lustres.  

Il  n’y a qu’Amnon, le patron du Wet Sand, le bar du coin, et la jeune serveuse Fleshka, elle aussi « antisociale », pour manifester de la compassion. Débarque alors de la capitale Tbilissi Moe, la petite-fille d’Eliko, pour organiser les funérailles. Grande, mince, cheveux courts, tatouée, pas conforme non plus, elle se heurte rapidement à la méfiance, aux mensonges, à la trahison, à l’intolérance. Un rejet qui la pousse à se rapprocher d’Amnon. Il va lui révéler sa relation avec Eliko, son amant secret avec qui il a partagé, dans la crainte constante d’être découvert, les 22 dernières années de sa vie. Il lui offrira le sacrifice suprême.  

Une histoire porteuse d’espoir

Si le film superbement photographié d’Elene Naveriani parle à ceux qui n’ont pas pu et ne peuvent toujours pas vivre leur amour, il est également porteur d’espoir. Les douloureuses  confidences d’Amnon et cette version inédite de Roméo et Juliette vont pousser Moe dans les bras de Fleshka. Contrairement aux anciens, elles ne se cacheront pas mais oseront montrer leurs désirs, affirmer leur identité, refuser la discrimination.

La réalisatrice géorgienne, qui a décroché le Prix de Soleure, livre un mélodrame poétique, mélancolique, profond, d’autant plus bouleversant que les sentiments, mesurés, sont exprimés sans artifice. Elle brosse ainsi le portrait intelligent, sensible et nuancé d’une population étroite d’esprit, sectaire, pétrie de préjugés contre une diversité vue comme une anomalie à traiter d’urgence, nous confrontant ainsi à une réalité qui n’est hélas pas propre à son pays.  

Comme un symbole,  Wet Sand fait par ailleurs écho à l’actualité, se déroulant sur fond d’événements socio-politiques, de catastrophes environnementales, de célébration modeste  (pour cause de pandémie) du jour de la Famille, créée dans le but de s'opposer à la Journée  internationale contre l'homophobie et la transphobie. On y repère également des articles de presse indiquant des droits de l’Homme bafoués, plus particulièrement ceux de la communauté LGBTIQ+.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 mars.

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