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Sorties de la Semaine - Page 61

  • Grand écran: "Mort sur le Nil", de et avec Kenneth Branagh, un mauvais Poirot

    Au cours d’une luxueuse croisière sur le Nil, ce qui devait être une lune de miel idyllique se conclut par la mort brutale de la mariée, la jeune et belle héritière Linnet  Ridgeway. Elle a piqué son fiancé Simon Doyle à sa meilleure amie Jacqueline de  Belfort, qui lui voue désormais une haine farouche. Ce crime sonne la fin des vacances pour le cultissime détective belge Hercule Poirot. A bord en tant que passager, il se voit confier l’enquête par le capitaine du bateau. 

    Et dans cette sombre affaire d’amour obsessionnel aux conséquences meurtrières, ce ne sont pas les suspects qui manquent, à commencer par l’inquiétante Jacqueline. Sauf qu’elle est la seule à avoir un solide alibi parmi les nombreuses personnes présentes, qui ont eux aussi des comptes à régler avec Linnet. S’ensuivent alors une série de rebondissements et de retournements de situation jusqu’à l’incroyable dénouement!

    Question fondamentale face à cette nouvelle adaptation de Mort sur le Nil, l’un des meilleurs policiers de la célèbre d’Agatha  Christie, publié en 1937. Pourquoi Kenneth Branagh a-t-il jugé utile de se lancer dans l’aventure ? Certes il ne s’agit que d’une deuxième version cinématographique après celle de John Guillermin en 1978 , contrairement aux nombreuses  vues au théâtre ou à la télévision. Mais au sortir de la projection, il est hélas clair que rien ou presque ne justifie cette mouture. Un gâchis de pellicule encore plus désolant que pour Le crime de l’Orient-Express, du même réalisateur il y a cinq ans.  

    Personnaliser ou moderniser une œuvre, pourquoi pas ? Sauf que Kenneth Branagh, derrière et devant la caméra, se montre particulièrement maladroit dans son entreprise. Non seulement il se montre absurdement infidèle au roman, ajoutant ou transformant notamment certains personnages, mais se révèle mauvais en campant un Poirot ridicule, faisant de cet homme fier de ses capacités intellectuelles une sorte d'homme d’action inadéquat. Par ailleurs, si Branagh nous gratifie de quelques paysages somptueux, on n’aime pas sa mise en scène tapageuse, artificielle, traînant en longueur avant de précipiter fâcheusement le dénouement, sacrifiant une sulfureuse atmosphère et un brin d'humour à un vulgaire et lourd étalage de luxe. 

    On retiendra curieusement le prologue, flashback en noir et blanc qui nous ramène en 1914, et où le jeune Poirot qui se bat dans les tranchées sauve ses camarades de la mort en utilisant déjà ses petites cellules grises. Ainsi que le prologue où on est censé découvrir l’origine de sa fameuse moustache. Ce qui nous fait une belle jambe...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 9 janvier.

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  • Grand écran: "Enquête sur un scandale d'Etat", avec Roschdy Zem et Pio Marmaï

    Après deux films sur le banditisme corse, Thierry de Peretti s’inspire d’une sidérante histoire vraie qui s’est déroulée en octobre 2015. Les douanes françaises saisissent sept tonnes de cannabis en plein cœur de la capitale. Le jour même, un ancien infiltré des stups, Hubert Antoine (Roschdy Zem) , contacte Stéphane Vilner (Pio Marmai), jeune journaliste à Libération.

    Il affirme pouvoir démontrer l’existence d’un trafic d’État dirigé par Jacques Billard (Vincent Lindon), un haut gradé de la police française. D’abord méfiant face à cet indic voyou ambigu,  Stéphane finit par plonger dans une enquête qui le mènera jusqu'aux recoins les plus sombres de la République.

    Le film  se base sur le livre du journaliste Emmanuel Fansten, L'Infiltré. Ancré dans la réalité, il nous immerge dans une mécanique bien rôdée, où règnent trafic de drogue, espionnage et grosses magouilles jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.

    Surfant à la fois sur le polar, le thriller, le documentaire, le film-dossier et d' investigation  journalistique, Thierry de Peretti livre, au-delà de la chronique politico-judiciaire,  une oeuvre dense, ambitieuse, foisonnante, mais inégale et parfois verbeuse, à la mise en scène épurée et au scénario  complexe. Evitant le jugement, il montre de façon rigoureuse les dysfonctionnements de l’Etat, le côté alambiqué d’un monde glauque et obscur, les  dérives de la lutte anti-drogue avec la connivence entre la brigade des stups et les trafiquants qu’ils sont censés arrêter. 

    Si Enquête sur un scandale d’Etat n’atteint pas l’intensité d’un Spotlight par exemple, il reste le plus souvent haletant et convainc par son absence d'images choc, de scènes d'action explosives ou de sang qui dégouline. Il séduit par ailleurs dans la mesure où il s’agit aussi d’une rencontre entre deux hommes aux personnalités opposées qui vont finir par devenir amis. Et comme ils sont incarnés par les impeccables Roschdy Zem et Pio MarmaI, le charme opère. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 9 février.  

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  • Grand écran: "Petite Solange" révèle une actrice, la jeune Jade Springer.

    Après La famille Wolberg (2009), Tirez la langue, Mademoiselle (2013), La prunelle de mes yeux (2016), Axelle Ropert propose le portrait d’une adolescente de 13 ans, un peu timide, fragile, mais gaie, enthousiaste, bonne élève et curieuse de tout.  

    Née dans une famille de la classe moyenne supérieure, cultivée et sans souci matériel, elle adore sa mère (Léa Drucker), comédienne dans une troupe reconnue et son père (Philippe Katerine), propriétaire d’un atelier de réparation d’instruments de musique. Mais tandis qu’ils viennent de fêter leurs vingt ans de mariage, ils se disputent et commencent à s’éloigner l’un de l’autre. La séparation menace. Pour Solange, c’est le coup de massue. Trop tendre, trop sentimentale, elle voit son monde idéal s’effondrer. Elle qui voudrait tant que l’amour dure toujours, va faire l’expérience de la douleur.  

    Axelle Ropert livre un joli film, simple et riche, moins léger qu’il n’y paraît, au parfum vintage et à la mise en scène rigoureuse de chaque situation. Une obsession pour la cinéaste française qui avoue être allée piquer une idée dans Une étoile est née de George Cukor... Petite Solange se déroule à Nantes avec un plus italien venant du temps où l'auteure regardait les longs métrages de Raffaello Matarazzo sur les enfants perdus. Sans oublier bien sûr L’incompris de Luigi Comencini. 

    Une remarquable débutante entre Léa Drucker et Philippe Katerine

    L'oeuvre est portée par l’étonnante Jade Springer, une révélation de 14 ans qui séduit dès son apparition à l’image. Elle n’avait jamais joué mais, complètement liée à l’émotion du personnage sans toutefois aucune connivence autobiographique, elle s’en sort comme une pro. Face à elle, on trouve l’excellente Léa Drucker et l’inclassable Philippe Katerine. Amoureux du monde et des gens, sentant intensément les choses, il est en osmose parfaite avec cette très jeune fille à fleur de peau en proie à ses tourments intérieurs..

    Sans être autobiographique, le scénario est inspiré d’une expérience personnelle mal vécue d’Axelle Roper. «C’est le vieillissement qui m’a poussée à la  réalisation de cette histoire», confie-t-elle. «A presque 50 ans j’avais envie de me pencher sur mon enfance, de montrer quelque chose que je n’avais pas perçu à l’époque. Il y a eu un grand bouleversement dans les familles, on commençait à divorcer. Ce que je raconte est d’une banalité totale. Mais c’est un sujet important, périlleux, délicat, évoquant des adultes qui se font du mal, qui aiment qui trahissent et qui font souffrir leur progéniture».

    En compétition à Locarno en août dernier, Petite Solange a remporté le prix Jean-Vigo 2021.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi  2 février.  

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