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Sorties de la Semaine - Page 65

  • Grand écran: "Twist à Bamako", entre fièvre révolutionnaire et histoire d'amour

    Si Robert Guédiguian est indissociable de Marseille et du quartier de l'Estaque, il s'autorise, rarement certes, à se montrer infidèle aux lieux qui l'ont vu grandir. Comme dans Le promeneur du Champ de Mars, Voyage en Arménie ou Une histoire de fou qui se déroule au Liban. Six ans après cette incursion, c'est du Mali qu'il nous parle. Celui de 1962, qui se familiarise avec les vertus du socialisme suite à une indépendance fraîchement acquise. Mais qui reste à appliquer.

    Raison pour laquelle Samba, fils d’un riche commerçant, activiste de choc et fan de musique américaine se consacre corps et âme à la transmission exaltée de son idéal à travers le pays dirigé par Modibo Keïta, président panafricaniste et tiers-mondiste. Le soir, il va se déhancher sur le twist, pas franchement marxiste (ce que regrette Guédiguian d’ailleurs), dans les dancings de Bamako. Un  jour il rencontre Lara. C’est le coup de foudre. Mais celle-ci, mariée de force, s’est enfuie de chez elle et est poursuivie par des gens peu enclins à voir leur pays changer de visage et leurs lois archaïques remplacées…

    Fièvre révolutionnaire sur fond d’histoire d’amour et de danse.... Robert Guédiguian change de registre. Loin de chez lui et de ses acteurs fétiches, il propose, avec Twist à Bamako, une comédie (tournée au Sénégal en raison de la menace  terroriste au Mali), qui séduit surtout grâce à ses deux jeunes interprètes principaux. Plus particulièrement Stéphane Bak, à la fois en mission communiste et s’éclatant en boîte sur des tubes occidentaux.

    Fidèle à son engagement politique, l’auteur, qui revendique son histoire comme étant celle du monde, se révèle pourtant un peu trop didactique, ayant à cœur de faire passer son message. On aurait également aimé un peu plus de séquences dansées, en référence au titre. Mais sans doute que ce Twist à Bamako n’est pas à prendre au pied de la note.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 janvier.

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  • Grand écran: la vie amoureuse de la Finlandaise Tove Jansson, célèbre créatrice des légendaires Moumines

    Tove Jansson, née en 1914 et morte en 2001, est célèbre pour sa création des légendaires Moumines, mignons trolls au look hippopotamesque. Finlandaise faisant partie de la minorité suédoise du pays, elle est née à Helsinki d’une mère illustratrice et d’un père sculpteur. Tyrannique, il dédaigne ses croquis fantaisistes, estimant que ce n’est pas de l’art. La jeune femme plaisante en prétendant vivre dans son ombre, mais n’en connaît pas moins également un immense succès avec ses tableaux, ses bandes dessinées, ses romans et ses nouvelles 
     
    Monument en Finlande, cette artiste bisexuelle fait l’objet d’un biopic au titre éponyme, réalisé par sa compatriote Zaida Bergroth. Tout en racontant comment ces petites créatures destinées aux enfants et d’abord gribouillées par amusement, ont conquis le monde, la réalisatrice se penche plus particulièrement sur la vie amoureuse de Tove en décrivant une décennie de sa vie à partir du milieu des années quarante.
     
    La vingtaine, yeux bleus et cheveux blonds au carré, celle que l’on découvre fauchée au début du film, mène une vie trépidante et un rien extravagante, fréquente des soirées illégales, se fiance brièvement avec un homme politique marié. C’est à ce moment qu’elle crée les Moumines et publie, en 1945, le premier livre de leurs aventures Moomin et la grande inondation. Lors d’une soirée elle rencontre la fille du maire d’Helsinki, Vivica Bandler, une directrice de théâtre, dont certains se moquent en disant qu’elle se prend pour une metteuse en scène. Ce qui n’est pas lui rendre justice.   

    Folle d’une grande séductrice 

    Belle, élégante, indépendante, dominatrice, c’est par ailleurs une grande séductrice dont Tove tombe follement amoureuse. Elles entament une liaison, mais Vivica, égocentrique et volage, lui préfère bientôt Paris, où elle décide de s’installer. Toutefois, si ce don Juan en jupons se préoccupe d’abord de ses sentiments, de ses envies et met un terme à leur relation, elle n’a pas manqué de vanter le talent et l’originalité de son ex-amante. Lançant en quelque sorte la carrière de Tove qui, par la suite, fera la connaissance de Tuulikki Pietilä, une graphiste. Elle deviendra sa compagne pour le reste de sa vie et lui inspirera le personnage de Tou-ticki.
     
    Tout en reconstituant dans les détails la scène culturelle de l’Helsinki de l’époque, Zaida Bergroth brosse le portrait émouvant de son héroïne. On découvre une femme passionnée, émancipée, pleine de vie, adorant la danse et la musique, aspirant à une reconnaissance artistique dont elle ne se sentait pourtant pas toujours digne et revendiquant sans complexe sa liberté sexuelle. Elle est magnifiquement interprétée par Alma Pöysti (photo) qui se livre corps et âme dans cet opus à la simplicité pleine de charme

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 décembre. 

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  • Grand écran: "King Richard", ou comment porter Venus et Serena au sommet. Avec un remarquable Will Smith

    Deux ans avant la naissance de ses filles Venus et Serena, Richard Williams regarde un match de tennis à la télévision où la joueuse Virginia Ruzici empoche 40 000 dollars. Du coup ce gardien de nuit se met à concocter un plan de 85  pages pour sortir de Compton, la banlieue pauvre et noire de Los Angeles, et porter ses filles au sommet. 

    Mission accomplie pour les deux avec quatre Grands Chelems et quatre médailles d’or olympiques, et surtout en ce qui concerne Serena, devenue la Numéro Un de ère Open avec ses 23 tournois majeurs. Mais qui, selon toute vraisemblance, ne parviendra pas à égaler le record de l’Australienne Margaret Court, laquelle en compte un  de plus. 

    Presque tout ce que ce père ambitieux a prévu pour sa progéniture s’est donc réalisé. Un vrai visionnaire que le réalisateur Reinaldo Marcus Green n’hésite pas à anoblir en intitulant son film King Richard. Oubliant d’évoquer le côté trouble et controversé du personnage, dont ses nombreuses infidélités, il évite toutefois l’hagiographie en racontant les débuts de cette  irrésistible ascension du point de vue familial. 

    Il se concentre plus particulièrement sur le parcours d’un homme réellement confronté dans son enfance à de terribles actes de racisme, qui a eu des démêlés avec le Ku Klux Klan, mais qui a toujours fait face. Avec sa foi en la réussite chevillée au corps, il est prêt par exemple à se laisser tabasser, pour protéger ses futures championnes harcelées par des voyous. .

    En revanche, il se montre inflexible quant à leur entraînement. Usant de tactiques extrêmes, il les pousse (en principe avec leur accord, l’aide de sa femme Oracene et celle des trois sœurs aînées...), à taper inlassablement dans la raquette de l’aube au crépuscule. Plus que convaincu de leur don, l’obstiné Richard que rien n’arrête, parvient par ailleurs à persuader les meilleurs coaches de s’occuper gratuitement de ses filles, 

    Parallèlement, il se fait un devoir de ne pas négliger leur éducation et tout ce qui touche à leur développement intellectuel. On apprend que Venus parle cinq langues... Sous l’autorité de ce père à la main de fer dans un gant de velours et grâce à leur travail acharné, Venus et Serena deviennent de vraies machines de guerre sur le court, tout en gardant, au-delà du jeu, les valeurs affectives, sociales et humaines qu’on leur a inculquées. 

    Des interprètes de choix

    Mais pour que la mayonnaise prenne vraiment, encore fallait-il des  interprètes de choix. Reinaldo Marcus Green les a trouvés. D’abord un pivot de choc, Will Smith. Remarquable, il est criant de vérité dès son apparition à l’écran. Il n’incarne pas, il est tout simplement Richard Williams, empruntant son discours, ses gestes, son attitude, son comportement.  

    Quant aux deux jeunes actrices qui l’entourent Saniyya Sidney (Venus) et Demi Singleton (Serena), charmantes, modestes et spontanées, elles sont tout aussi talentueuses et impressionnantes de justesse. Sans oublier, dans le rôle d’Oracene,  l’excellente Aunjanue Ellis.

    Il fallait enfin que cela marche du côté sportif pour les connaisseurs et les fans de la petite balle jaune. C’est le cas avec notamment une convaincante reconstitution des matches de l’époque.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 décembre. 

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