Réalisé par Nir Bergman, Pink Lady suit Bati (Nur Fibak) et son mari Lazer (Uri Blufarb), des juifs ultraorthodoxes de Jérusalem (phozo), qui mènent une existence apparemment parfaite. Lui travaille dans une menuiserie, elle dans un mikvé (bain rituel). Elle s’occupe de ses trois enfants et se plie au rôle traditionnel de la femme, principalement chargée de veiller au bien-être de la famille.
Mais le monde du couple s’écroule quand Bati découvre, dans la boîte aux lettres, des photos compromettantes de Lazer, blotti contre un homme dans une voiture. Parallèlement, un gang commence à le faire chanter, lui demandant une grosse somme d’argent. Bati est dévastée, mais l’homosexualité dévoilée de son mari lui ouvre les yeux sur un mariage insatisfaisant et sur le malaise ressenti lors de rapports sexuels frustrants. Tout en cédant à des désirs également cachés, elle veut aider Lazer, qui a accepté avec réticence une humiliante thérapie de conversion. Le tout se soldera par une tentative ratée de recoller les morceaux.
Une «abomination»
Écrit par Mindi Ehrlich qui a grandi dans cet environnement religieux rigide, Pink Lady rapporte avec authenticité et réalisme la violence d’un environnement où l’homosexualité est qualifiée d’«abomination». Et le film de poser la question: si l’homosexualité est profondément contraire au judaïsme, comment Dieu pourrait-il l’avoir «infligée» à un des fidèles de la très influente et redoutée communauté des haredim – «ceux qui craignent Dieu»?
Alors que le conflit est vu à travers les yeux des deux époux, une originalité, l'opus traite d’autres sujets tabous, comme le mariage arrangé, la sexualité réprimée, les tensions entre tradition et identité personnelle, ainsi que les inacceptables problèmes rencontrés, genre passages à tabac, par ceux qui s’écartent du «droit chemin».
Édifiant. Car si l’on regrette une réalisation inégale, oscillant parfois maladroitement entre drame et comédie sexuelle, on ne peut en revanche que saluer la performance des comédiens et surtout la nécessité, l’urgence, de dénoncer l’intolérance, l’exclusion, la ségrégation. non seulement chez les ultraorthodoxes, mais dans toutes les sociétés oppressives du monde.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 octobre