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Sorties de la Semaine - Page 69

  • Grand écran: Ridley Scott raconte la chute de la famille Gucci. Avec Lady Gaga et Adam Driver

    Il y a un mois, Ridley Scott opérait un retour très réussi avec Le dernier duel. On n'en dira pas autant de son dernier film House of Gucci où il revient sur les événements ayant précédé la mort tragique à Milan de Maurizio Gucci. Héritier de la célèbre maison de couture, il est abattu devant ses bureaux le 27 mars 1995. 

    L'assassinat sordide, qui a choqué toute l'Italie et précipité le déclin de l'empire du luxe, a été commandité par son ex-femme Patrizia Reggiani, trahie et abandonnée. Suite à un procès retentissant, la "veuve noire de la mode" a été  condamnée à 29 ans de prison. Elle sera libérée sur parole  en 2014. 

    Vers la fin des années 70, Gucci peine à se renouveler. Garçon doux, timide, naïf, limite complexé, Maurizio (Adam Driver), le fils de Rodolfo (Jeremy Irons)  le patron de la marque, s'intéresse davantage au droit qu'à la mode. Au cours d'une soirée, il rencontre la jeune et dynamique Patrizia Reggiani (Lady Gaga), qui travaille dans la compagnie de transport de son père. Elle lui demande son nom et, en entendant celui magique de Gucci, se met à rêver, des étoiles plein les yeux.   

    Dorénavant, elle sait ce qu'elle doit faire et prend les commandes. Elle s'arrange pour revoir Maurizio. Tombé amoureux, il décide de l'épouser en dépit du refus de Rodolfo, qui le chasse de sa vie. L'ambitieuse Patrizia ne l'entend pas de cette oreille et provoque un rapprochement avec l'oncle Aldo (Al Pacino)  et son fils Paolo (Jared Leto), qui ne tarderont pas à faire les frais de l'irrésistible ascension du couple désormais rentré en grâce.

    Mais la guerre intestine que Patrizia a déclenchée finira par lui être également fatale. Lassé d'elle, Maurizio la quitte pour un ancien amour et, rongée par la jalousie, la femme blessée ne pense plus qu'à une chose, se venger.  

    Racontant la chute de la famille Gucci entre drame et comédie, Ridley Scott propose une mise en scène curieusement plate pour cet opus banal, de facture classique et beaucoup trop long. On n’est pas non plus follement enthousiasmé par les comédiens. Certes Lady  Gaga se montre plutôt convaincante, mais Adam Driver a toujours l’air un peu ailleurs et, du coup, on doute sérieusement de l’amour fou de Maurizio, qui l’a poussé à se marier avec Patrizia envers et contre tout.. 

    Et que dire des personnages secondaires carrément en roue libre, à l’image d’un Al Pacino cabotin, d’un Jeremy Irons transparent et surtout d’un Jared Leto outrancier, dont dire qu’il en fait des tonnes est un doux euphémisme! 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 novembre. 
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  • Grand écran : "De son vivant", récit bouleversant d'une fin de vie. Benoît Magimel magistral face à Catherine Deneuve

    Le milieu médical a beaucoup inspiré les cinéastes français cette année. Après François Ozon  (Tout s’est bien passé), Catherine Corsini (La fracture), Emmanuelle Bercot nous immerge à son tour entre les murs d’un hôpital avec De son vivant. 

    La réalisatrice qui avait été sélectionnée hors compétition au dernier Festival de Cannes, livre le récit poignant d'une fin de vie. On y retrouve Catherine Deneuve qui faisait, à l’occasion de la présentation de l’œuvre sur la Croisette, sa première apparition publique après son accident vasculaire. Elle incarne la mère de Benjamin, un professeur de théâtre de 39 ans (Benoît Magimel).  

    Atteint d’un cancer très agressif, il ne lui reste que peu de temps pour « ranger le bureau de sa vie », l’expression favorite de son médecin, le dévoué, empathique Gabriel Sara. Véritable cancérologue qui dirige un service de chimiothérapie  à New York, il sait, avec sa philosophie de travail, son humour, sa douceur, son honnêteté devant l’inéluctable, trouver les mots pour accompagner son patient et sa mère. Il va jusqu’à transformer l’ambiance anxiogène des lieux en de joyeux et chaleureux instants.

    Sans détour ni pathos

    Que ce soit du côté de Benjamin dont elle dresse un beau portrait ou du personnel soignant, Emmanuelle Bercot aborde sans détour ni pathos la question de la maladie, de la souffrance, de la mort, du soutien des proches engagés dans un parcours des plus douloureux.

    Très réussi en dépit de quelques ficelles et situations caricaturales, ce mélodrame doit évidemment beaucoup à ses acteurs. Si Catherine Deneuve en mère courageuse, omniprésente,  mais terriblement inquiète, désemparée et démunie face à la détresse de son fils nous chavire, on est surtout frappé au cœur par l’interprétation magistrale et déchirante, d’une rare intensité, de Benoît Magimel. Formidable d’authenticité dans ce qui est l’un de ses meilleurs, sinon son meilleur rôle, Il a confié avoir perdu une vingtaine de kilos en quatre mois pour préparer son personnage.

    Le chemin vers l’acceptation

    Impossible de ne pas verser une petite larme en le voyant dans le déni, se révolter et lutter farouchement avant d’apprivoiser, d’accepter sa fin avec une rare dignité. On retiendra également la prestation de la toujours lumineuse Cécile de France, infirmière adorable, pleine de tendresse et de compassion.

    Pour Emmanuelle Bercot, ce film qui parle de la mort est un hymne à la vie. Même si elle dit dépeindre un monde idéal où on peut y voir un conte si on en a envie, elle nous laisse vraiment ressentir l’angoisse et le désespoir de son héros condamné à mort. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi  22 novembre.  

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  • Grand écran: avec "Olga", gymnaste tiraillée entre deux pays, Elie Grappe représentera la Suisse aux Oscars

    Nous sommes en 2013. Championne de gymnastique de 15 ans, Olga (Anastasia Budiashkina très convaincante) est tiraillée entre la Suisse où elle s’entraîne pour les championnats d’Europe à Stuttgart et son pays, l’Ukraine, où sa mère journaliste couvre les événements explosifs d’Euromaïden.

    Si cette dernière a envoyé Olga dans la patrie de son père décédé, c’est pour la mettre à l’abri. Ses enquêtes sur la corruption régnant dans les plus hautes sphères de l’Etat constituent une vraie menace et pourraient contraindre sa fille à renoncer à ses ambitions sportives.

    L’adolescente vit dès lors un quotidien compliqué. Non seulement elle doit faire ses preuves dans une discipline des plus rude, mais supporter l’exil et surtout envisager d’abandonner sa nationalité ukrainienne alors que Kiev est à feu et à sang. Sans compter que sa mère se bat sur le front. 

    Cette production franco-suisse est le premier long métrage d’Elie Grappe. S’inspirant d’une histoire vraie, il a choisi, tout en parlant de jeunesse, d’immigration et d’exil, de traiter la question de l’identité de façon originale, avec une héroïne à la carrière bouleversée par la révolution.

    En-dehors d’images d’archives des violentes manifestations, l’auteur centre son film sur les entraînements de gymnastique d’une rare exigence, souvent ponctués de lourdes chutes. Des mouvements répétés sans cesse pour tendre à la perfection. Ces séquences spectaculaires magnifiquement filmées, qui montrent la différence entre la réussite et l’échec nous font ressentir la tension qui gagne la gymnaste. Métaphoriques, elles donnent de la puissance à l’œuvre.

    Fan de cinéma au berceau

    Sélectionné à la Semaine de la Critique du dernier Festival de Cannes, son réalisateur Elie Grappe a été récompensé du prix SACD. Une visibilité qui a facilité, en plus de son indéniable talent, le fait de représenter la Suisse aux Oscars. Quoi qu’il en soit, il y a de quoi combler ce cinéaste de 27 ans, né à Lyon où il a étudié la trompette au Conservatoire et vivant aujourd’hui à Vevey. 

    Mais c’est du cinéma qu’il avait dans la tête à 6-7 ans déjà, comme il nous le dit lors d’une interview. «Olga est parti d’une violoniste ukrainienne filmée pendant un court métrage à Singapour, à l’occasion d’un échange d’orchestre fin 2015. J’ai été particulièrement touché par la manière dont elle m’a raconté la révolution et la façon dont les images l’avaient bouleversée. J’y ai rapidement trouvé la matière pour mon film, dans la passion d’une adolescente».
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    -Pourquoi opter pour le thème de la gymnastique, alors que vous êtes plutôt spécialiste de musique et de danse?

    -Lorsque je travaillais sur la danse classique j’ai lu un livre sur Nadia Comaneci et j’ai commencé à m’intéresser à ce sport pour moi mystérieux, à la fois individuel et collectif, incarnant l’effort, l’exigence. Par ailleurs, la gymnastique est une discipline très cinégénique, remplie de sons et en perpétuel mouvement. J'aime travailler sur des pratiques qui passionnent, ces moments où on ressent l'humanité. Cela m’intéressait beaucoup de filmer le souffle, le regard, les hésitations et les erreurs. Ces moments où on a conscience des risques que prennent ces jeunes filles. 

    -Comment avez-vous découvert votre talentueuse héroïne?

    -J’ai rencontré Anastasia à Berne lors des Championnats européens. Il s’agit d’une vraie gymnaste, d’un niveau élevé, qui fait partie de l’équipe de réserve nationale ukrainienne. C’était indispensable, car il fallait faire croire pendant longtemps à un film aux enjeux uniquement sportifs, avant que les choses se déplacent et qu’Olga se rende compte que ce qu’elle fait est politique. 

    -En réalité, il s’agit avant tout d’un film sur l’exil.

    En effet.et il en découle plusieurs thèmes. J'évoque une gymnaste en plein dilemme, qui ne se sent pas à sa place, tiraillée entre deux pays, entre deux fidélités, sans cesse prise entre des injonctions contraires. Et de surcroît confrontée à une situation géopolitique qui la dépasse. 

    "Olga", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 novembre.

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