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Sorties de la Semaine - Page 44

  • Grand écran: dans "R.M.N.", Cristian Mungiu scanne une communauté gangrénée par la xénophobie

    Dans un film politique dense, sombre et complexe où il s’attaque aux grands enjeux d’aujourd’hui, le Roumain Cristian Mungiu suit le retour de Matthias dans son petit village natal, multiethnique, situé en Transylvanie, Il y retrouve les siens après avoir quitté son emploi en Allemagne en raison d’une bagarre dans son entreprise,

    Le réalisateur nous immerge alors dans une petite communauté minée par la frustration, le ressentiment, la colère, et surtout gangrénée par la xénophobie. Elle est symbolisée par une pétition de la population lancée afin de renvoyer chez eux les étrangers recrutés par la boulangerie locale. 

    Le titre, R.M.N. peut surprendre. Sauf qu’en français, cela signifie IRM, autrement dit le scanner cérébral consistant à créer des images précises du corps, à révéler la maladie derrière la surface. Et c’est bien l’opération à laquelle se livre le réalisateur, qui continue à analyser au scalpel les maux qui rongent la société de son pays et par extension, ceux d’une Europe chamboulée. 

    Un plan séquence virtuose de 17 minutes 

    Entre thriller, western, drame social et un brin de fantastique, Cristian Mungiu s’attaque au nationalisme exacerbé, au populisme, à la peur, au rejet de l’autre, à la hantise du grand remplacement, sur fond de crise économique et de ravages de la mondialisation. .

    Tout en relevant quelques défis, à l’image d’un plan séquence virtuose de dix minutes. où les villageois s’affrontent au Conseil municipal, sur le sort réservé aux étrangers (photo), le cinéaste se veut également implacable dans le constat d’une communauté en pleine désagrégation. 

    Mais sa radiographie assez pesante ne nous emporte pas autant que certaines de ses œuvres précédentes. A commencer par l’excellent 4 mois, 3 semaines et 2 jours qui lui avait valu la Palme d’or cannoise en 2007. Le Roumain en visait une deuxième en mai dernier. Il est reparti les mains vides. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 novembre. 

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  • Grand écran: "Couleurs de l'incendie", la vengeance d'une riche héritière ruinée. Avec Léa Drucker et Benoît Poelvoorde

    Février 1927. Après la mort de Marcel Péricourt, sa fille Madeleine (Léa Drucker) doit prendre la tête de l'empire financier. Mais alors qu’elle est sur le point d’enterrer son père, c’est la tragédie. Son jeune fils Paul se jette par la fenêtre sous ses yeux et ceux des nombreux invités, rassemblés pour un dernier hommage au PDG défunt.

    Paul survit, mais il est désormais grabataire. Toutefois, au désespoir de son oncle le vénal Charles (Olivier Gourmet), qui ne reçoit que 200.000 francs, il hérite de trois millions. Et sa mère de la banque dont elle laisse l’administration à son homme de confiance Gustave Jubert (Benoît Poelvoorde). Ambitieux, ce dernier se verrait bien plus qu’en gestionnaire et lui fait des avances. Mais Madeleine le repousse. Rancunier, il conserve la clé du coffre qu’il aurait dû lui remettre...  

    Jusqu’en 1933 on suit la chute de cette riche héritière. Désormais dans la tourmente alors que se profile la crise de 1929, elle doit affronter la corruption de son milieu et la cupidité de son entourage. Victime d’une ruineuse machination, elle devra s’escrimer pour survivre, se reconstruire et se venger de ceux qui ont causé sa perte.

    Après Au revoir là-haut magnifiquement porté à l’écran par Albert Dupontel, c’est Clovis Cornillac qui se colle à la réalisation très classique de Couleurs de l’incendie, deuxième volet de la trilogie de Pierre Lemaître, dont Miroir de nos peines constitue le dernier. Tout n’est certes pas parfait dans cette fresque historique et romanesque au scénario signé par l’écrivain lui-même, qui respecte logiquement la trame de son roman. Elle se laisse toutefois voir, notamment grâce à une reconstitution soignée et à ses acteurs. 

    Léa Drucker d’abord blessée, fragilisée, se montre plutôt convaincante quand elle se transforme en guerrière vengeresse. A l’image de Benoît Poelvoorde dans son rôle de personnage éconduit aigri, cynique, vindicatif, colérique et manipulateur. Quant à Fanny Ardant, elle émeut en cantatrice en fin de carrière, qui vient égayer le triste quotidien de Paul, condamné au fauteuil roulant. Alice Izaaz en jolie traîtresse dame de compagnie et Clovis Cornillac en chauffeur taiseux et roublard ne sont pas mal non plus. On n’en dira pas autant de d’Olivier Gourmet, aussi caricatural que les deux filles bécassines dont il est flanqué.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 9 novembre. 

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  • Grand écran: "Call Jane", plaidoyer passionnant pour l'avortement. Avec Elizabeth Banks et Sigourney Weaver

    La liberté des femmes à disposer de leur corps exige une vigilance constante. Preuve en est ce 24 juin dernier où, dans une volte-face aussi sinistre qu'historique, la conservatrice Cour suprême des Etats-Unis  supprimait un arrêté qui, il y a près de 50 ans, garantissait aux Américaines le droit fédéral d’avorter. Elle laisse désormais aux états le soin de légiférer eux-mêmes sur le sujet, marquant donc un retour à la situation qui prévalait encore en 1973, avant la décision libératrice de Roe v. Wade,    
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    Call Jane, signé de Phyllis Nagy, retrace la marche du collectif éponyme, une association clandestine qui a réellement existé et pratiquait, dans les années 60. des IVG illégales pour aider des femmes et des jeunes filles désespérées et ne sachant pas à qui s’adresser. A l’image de Joey. (la très convaincante Elizabeth Banks), épouse au foyer mariée à un avocat criminaliste de Chicago, mère d’une adolescente de 15 ans et à qui son médecin confirme que mener sa grossesse à terme pourrait lui être fatal. Mais on est en 1968, et le comité de l’hôpital lui refuse une opération thérapeutique, arguant du fait que le bébé pourrait venir au monde en bonne santé.

    Comme d’autres, Joey songe au pire quand elle tombe sur une affiche incitant à "Appeler (Call) Jane". Derrière ce prénom se cache en fait une association présidée par une certaine Virginia (l’excellente Sigourney Weaver), déterminée è porter secours à ses consoeurs sans les juger, sans poser de questions.  

    Les avortements sont a priori pratiqués par un médecin compétent mais sans la moindre empathie ou compassion pour ses patientes. effrayées, en souffrance  On en découvrira la raison au fil de l'intrigue. De plus il est particulièrement âpre au gain, d’où la difficulté, voire l’impossibilité pour certaines dont les femmes noires, de bénéficier de ces interventions le plus souvent traumatisantes.   

    Joey s’implique personnellement

    Pouvant se le permettre, Joey décide de se jeter à l’eau, une épreuve qu’elle dissimule en prétextant une fausse couche, mais cette expérience douloureuse la pousse à rejoindre le groupe de militantes non seulement pour aider ces femmes dans sa situation, mais en décidant d'apprendre à pratiquer elle-même des avortements et enseignant par la suite la technique à des volontaires aux antipodes du vénal et glaçant toubib. 

    Call Jane, incarné par de formidables comédiennes, ne passionne pas seulement par sa fibre sociale, sororale, bienveillante, en évoquant des parcours dont on ne peut qu’imaginer la rudesse.  Il s'agit également d'un long métrage particulièrement pertinent sur un combat exemplaire dont on ne cessera de rappeler la nécessité. L'opus est par ailleurs le pendant américain d'Annie Colère, réalisé par la Française Blandine Lenoir, dont on aura bientôt l'occasion de parler. Il avait été présenté en août dernier sur la Piazza Grande de Locarno

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 9 novembre. 

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