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Sorties de la Semaine - Page 45

  • Grand écran: "Le sixième enfant", drame bouleversant centré sur le désir viscéral d'une femme

    Suite à un accident, Franck, ferrailleur endetté jusqu’au cou et vivant dans une caravane, se retrouve devant un juge. Heureusement, Julien son jeune avocat, lui obtient le sursis. Accompagné de sa femme Anna, également avocate, il propose de déposer Franck chez lui. Pour le remercier, ce dernier  lui propose de boire un verre et lui présente son épouse Meriem. Déjà mère de cinq enfants, elle est enceinte du sixième. Mais le couple aux abois ne peut se le permettre. 

    De leur côté Julien et Anna désespèrent d’en avoir. Les deux couples en viennent alors à un impensable arrangement, décidant de faire ce que la loi décrit comme un trafic. L’avortement n’étant pas une option en raison de ses convictions religieuses, Meriem par ailleurs physiquement usée, est en effet  prête à laisser une autre adopter clandestinement ce bébé à naître, pour lui offrir un meilleur avenir. D’abord déroutée par cette proposition douteuse, Anna lasse d’avoir tout essayé, accepte et vivra la grossesse  de Meriem par procuration. 

    Dans son premier long métrage adapté du roman d’Alain Jaspard  Pleurer des rivières, Leopold Legrand propose un film centré sur le désir obsessionnel, viscéral d’enfant d’Anna, dont on découvre à la fois la détermination farouche et la faiblesse psychologique. Elle est magnifiquement jouée par Sara Giraudeau, qui donne la réplique aux excellents Judith Chemla (Meriem) Damien Bonnard (Franck)  et Benjamin Lavernhe (Julien).

    Une histoire d'amour avant d'être une transgression

    Cette intrigue, principalement portée par les deux femmes qui s’allient et dont on suit l’évolution jusqu’à l’accouchement, paraît tellement invraisemblable qu’on pouvait craindre le pire. Mais Leopold Legrand parvient à en faire un drame bouleversant, sous tension, abordant avec intelligence et finesse les thèmes de la maternité de la justice, de la morale, de la déontologie des uns et des autres. Le tout lié aux divergences au sein des deux couples. L’opus, qui ne juge pas, se révèle une histoire d’amour avant d’être une transgression. Une réussite.

    Membre du talentueux quatuor Damien Bonnard, né à Alès en 1978, était de passage à Genève. Personnage attachant voulant devenir comédien depuis l’adolescence, il a mis du temps à y parvenir. J’ai arrêté l’école à 16 ans, enchaîné les petits boulots dans les pizzerias et sur les chantiers, avant d’intégrer les Beaux-Arts de Nîmes et de beaucoup voyager entre Bruxelles, l’Algérie et le Canada ».  

    Rentré à Paris, il colle des affiches et trouve un job de coursier qui lui permet de rencontrer des producteurs. Pendant cinq ans, il fait de la figuration, les petites prestations arrivent et il finit par décrocher le rôle principal dans Rester vertical d’Alain Giraudie en 2016, qui lui vaut le prix Lumière de la révélation masculine de l’année en 2017.  « Mais ça n’a pas du tout changé ma vie. Pendant trois ans, on ne m’a pas trouvé bankable» 

    Et cela jusqu’en 2019 où il incarne, dans Les Misérables de Ladj Ly, la nouvelle recrue honnête d’une brigade de la BAC, qui patrouille dans la cité de Montfermeil. lI est nommé au César du ,meilleur acteur. On le retrouve ensuite aux côtés de Leila Bekhti dans Les Intranquilles de Joachim Lafosse, où il se glisse dans la peau de son mari, un artiste bipolaire. Ce lui vaut encore une nomination au César. «Cela vous donne une grande visibilité, vous met en lumière. Aujourd’hui, on ne me propose pratiquement que des rôles principaux.. 

    En ce qui concerne Le sixième enfant, c’est une amie qui lui a fait lire le roman. «J’ai rencontré Léopold Legrand au festival d’Alès. Puis j’ai reçu le scénario, que j’ai immédiatement accepté. J’aime l’idée d’être entre la justice humaine et institutionnelle, le tout dans un thriller qui pose des questions existentielles et sociétales. Par ailleurs je trouve cet homme très intéressant avec sa volonté de rester droit, d’éviter les magouilles, même en situation précaire. Je pense que les trois autres comédiens étaient du même avis. Ils ont également dit oui tout de suite. Notre groupe a très bien et très vite fonctionné».

    Et cela ne va pas s’arrêter là pour Damien Bonnard, qui retrouvera Sara Giraudeau dans son prochain film, Le Système Victoria, de Sylvain Desclous

    Le sixième enfant à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis le 26 octobre. 

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  • Grand écran: "Boy From Heaven", thriller d'espionnage palpitant mêlant politique et religion au Caire

    Humble fils de pêcheur, Adam a la chance d’obtenir une bourse lui permettant d’intégrer la prestigieuse université cairote Al-Azhar, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Il entrevoit un avenir radieux. Mais à peine s’est-il installé que le Grand Imam à la tête de l’institution, personnage comparable au pape pour les catholiques, est mystérieusement assassiné le jour de la rentrée. C’est le chaos et il s’agit de lui trouver un successeur. 

    Les redoutables services secrets, qui ont un candidat proche de leurs idées, ont bien l’intention d'intervenir dans l’élection. A son corps défendant, l’innocent Adam, incarné par l'excellent comédien israélien Tawfeek Barhom, se retrouve alors au cœur d’une implacable lutte entre les élites religieuse et politique du pays. Et devient la taupe d’un officier, auquel il est obligé de livrer toutes les informations qu’il peut dénicher

    Le film est signé par Tarik Saleh. Né en Suède de parents égyptiens, le réalisateur y dévoile les coulisses de la puissante forteresse islamique qu’il a dû entièrement reconstituer à Istanbul. Il est en effet indésirable dans son pays d’origine, depuis son polar choc Le Caire Confidentiel, dénonçant la corruption dans la police.

    Avec Boy From Heaven (La conspiration du Caire) thriller d’espionnage noir, passionnant, haletant, mêlant Etat et religion, trahisons et filatures, Saleh propose une critique courageuse et violente d’un pouvoir autoritaire, écartant de façon glaçante et sanglante tout ce qui peut se mettre en travers de son chemin. Découvrant la compétition à Cannes en mai dernier, l'auteur a justement été récompensé par le prix du scénario.

    A l’affiche dans les  salles de Suisse romande depuis mercredi 26 octobre.

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  • Grand écran: Amour, humour et histoire queer avec "Bros", une première pour une major hollywoodienne

    De nombreux cinéastes indépendants ont réalisé des films LGBTIQ+, mais Bros est une grande première: d’une part le film est produit et distribué par une major hollywoodienne, en l’occurrence Universal, mais aussi il est écrit et porté par le comédien ouvertement homosexuel Billy Eichner, connu pour son humour caustique. Autre spécificité: la quasi-totalité du casting se revendique queer, à l’exception de caméos de  actrices Debra Messing et Kristin Chenoweth.

    Aux manettes de cette aventure entre deux hommes qui se lancent dans une relation amoureuse en dépit de leur réticence crasse et de leur peur panique de l’engagement, on trouve le spécialiste du genre Nicholas Stoller (Forgetting Sarah Marshall, Nos pires voisins 1 et 2, par exemple). Mais comme il est straight, il lui était impossible de se débrouiller seul. Il a donc fait appel à Eichner pour l‘écriture du scénario.

    Un musée LBGTIQ+

    Ce dernier joue en quelque sorte son double, Bobby Leiber, animateur new-yorkais à succès d’un podcast queer d’histoire. Cet angoissé existentiel dirige par ailleurs le premier musée de la culture LGBTIQ+, sur le point d’ouvrir. Au conseil d’administration de cette institution on trouve notamment une bisexuelle agressive, une lesbienne butch, une trans* noire ou encore un personnage non binaire. Stéréotypes assumés prétextes à des moments de folie, avec prises de bec mémorables.  

    Insupportable quadra professoral, véritable «pain in the ass» à la verve outrancièrement allénienne, Bobby, bien entouré par ses amis, a toujours vécu seul et n’a pas l’intention de changer, expliquant qu’il ne fait pas confiance aux gais parce qu’ils sont égoïstes et stupides et qu’il préfère les rencontres sur Grindr à une relation durable. En d’autres termes, il a un regard particulièrement cynique sur l’amour. Jusqu’au jour où il fait la connaissance, dans un club, du bel Aaron Shepard (Luke Macfarlane), avocat viril, spécialisé dans les testaments et les successions. Il passe pour un chaud lapin balourd qui, sans trop de surprise, révélera pourtant une nature beaucoup plus riche.

    Des scènes très osées pour une major hollywoodienne

    S’ils sont immédiatement attirés l’un vers l’autre, tout ne va pas comme sur des roulettes, chacun restant sur une volonté de ne pas s’impliquer émotionnellement. Ce qui donne lieu à une série de situations peu communes, pour ne pas dire jamais vues dans les films de grands studios. Principalement en ce qui concerne les séquences sexuelles. Évoquant son propre cas, Billy Eichner explique que les gais ont leurs règles et leurs façons de se comporter. D’où de nombreuses prestations torrides, certaines avec trois ou quatre participants. Toutefois Nicholas Stoller, incapable de premier degré, tient à les garder marrantes, comme il dit. Et elles le sont!
     
    Comme d’ailleurs la majorité de l’opus, qui reste de la pure comédie adulte, grand public, avec un happy end assez original, mais on ne vous en dira pas plus. Le but de Stoller et Eichner était de réaliser un film authentique et réaliste, évitant de recycler les tropes hétéros, tout en dépassant les attentes d’un public dit cible. En résumé, un film qu’un hétéro peut aimer et regarder avec sa petite amie, estiment-ils. Tout en réfutant le fait que les rapports des deux bords peuvent se comparer, Bros n’en met pas moins en scène des personnages certes en quête de sexe très actif,, mais également d’amour, de passion, de romantisme.

    Les auteurs du film poursuivent également la volonté d’instruire leur audience. C’est justement la fonction du musée présent dans cette œuvre, avec ses vitrines consacrées à de grandes personnalités queer, comme l’auteur James Baldwin, la poétesse Gertrude Stein, l’activiste trans* Sylvia Rivera ou le sexologue allemand Magnus Hirschfeld, traqué par les nazis. Une forme d’hommage rendu aux pionnier·ière-s, histoire de rappeler que les droits des personnes LGBTIQ+ restent menacés. 
     
    Sortie dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 octobre. 

     

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