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Sorties de la Semaine - Page 49

  • Grand écran: "Vortex", un film bouleversant sur la fin de vie signé Gaspar Noé. Avec trois magnifiques comédiens

    Adepte de la transgression, on se souvient d’Irréversible qui avait fait scandale, de Love avec ses scènes de sexe non simulées, de Climax fête dégénérant en délire épileptique, le provocateur Gaspar Noé, loin de ses ambiances sulfureuses, revient avec Vortex, un film poignant sur la fin de vie. Traitant plus particulièrement du fléau de la maladie d’Alzheimer, il est adressé à tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le cœur. Une dédicace à prendre au premier degré dans la mesure où c’est ce qui attend beaucoup de gens.  

    L’œuvre s’ouvre sur le générique de fin, suivi d’une une citation La vie est une courte fête qui sera vite oubliée, puis de Françoise Hardy sublime qui chante Mon amie la rose, nous rappelant qu’on est bien peu de choses... 

    Et puis l’écran se sépare. On découvre un couple âgé qui se réveille le matin et le réalisateur nous embarque pour une immersion de 2h20 dans le quotidien bouleversant de ces deux personnages perdant peu à peu leurs repères, voués inéluctablement à une lente décrépitude.

    Françoise Lebrun, Dario Argento et Alex Lutz 

    Sans concession, n’éludant rien des ravages physiques et mentaux de la maladie et du grand âge, le film à la mise en scène dépouillée est porté par trois comédiens extraordinairement bons et justes. Ils sont leurs personnages plus qu’ils les incarnent. 
     
    Ancienne psychiatre de gauche soixante-huitarde victime d’Alzheimer, elle (mythique Françoise Lebrun), sombre de plus en plus dans la démence. Lui (Dario Argento, pour la première fois à l’écran), critique de cinéma, essaye au début de gérer les choses tout en travaillant à la rédaction d’un ambitieux ouvrage. Mais sa santé très fragile l’empêche de faire face à une situation qui ne cesse de se dégrader.

    lls ont un fils unique (Alex Lutz), irresponsable et toxicomane, ce qui permet au cinéaste de parler, parallèlement à la sénilité, de l’extrême précarité des junkies dans les quartiers nord de Paris. Désemparé, impuissant, il tente de  persuader ses parents de se laisser prendre en charge dans une clinique spécialisée, En vain. Ils refusent de quitter leur appartement bordélique, plein de tout ce qu’ils ont accumulé au cours de leur existence.

    Evoquant deux solitudes partagées, Vortex est tourné intégralement en split screen, en étant constamment d’un côté avec le père et de l’autre avec la mère. «Je n’avais pas prévu de le faire entièrement de cette façon, mais en constatant que cela fonctionnait, je me suis lancé», expliquait Gaspar Noé lors d'une conférence de presse au Festival de Locarno l'été dernier, après la projection de l'oeuvre  «C’est assez hypnotique, on ne sait pas toujours s’il faut regarder à gauche ou à droite. Et en même temps cela crée des moments magiques ».

    Le choix des acteurs

    Le cinéaste, qui avait envie de faire un film sur les vieux depuis des années après avoir vu sa grand-mère et sa mère perdre la tête raconte aussi comment il a choisi ses acteurs «Je suis fasciné par Dario Argento et Françoise Lebrun. Au départ Dario n’avais pas très envie. Comme le tournage de son film a été retardé, j’ai appelé sa fille Asia, qui m’a aidé à le convaincre. Mais il voulait que son personnage ait une maîtresse. Je lui ai dit ok, pas de problème, deux, trois si tu veux… »

    En ce qui concerne Françoise Lebrun, Gaspar Noé a tout de suite pensé à elle parce qu’il adore sa performance dans La maman et la putain. «Je la trouve absolument impressionnante. Je rêvais de la rencontrer et de la prendre dans mes bras. J’étais aux anges quand elle a accepté. Quant à Alex Lutz, je l’ai découvert avec ses talents de performeur dans son film Guy. Par ailleurs, alors qu’il joue plutôt les comiques, il est tellement mélancolique dans la vie. Il y a chez lui quelque chose de brisé».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 avril.

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  • Grand écran: "En même temps", une folle nuit de cohabitation forcée pour Cohen et Macaigne!

    A la veille d’un vote pour entériner la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, Didier Béquet, maire de droite macho, homophobe et sans scrupules, tente de corrompre Pascal Molitor, son confrère écolo austère et angoissé. En  espérant le faire changer d'avis, il l’invite d’abord au restaurant, puis l’entraîne au FMI, un bar à hôtesses.

    Alors qu’ils se lancent dans une partie à trois, les élus locaux se font piéger par une militante féministe qui réussit, dans le noir et à l’aide d’un pistolet idoine, à coller le pénis de Béquet sur le haut des fesses de Molitor. Impossible dès lors de se désarrimer tant la glu est tenace. Une folle nuit de cohabitation forcée commence pour les deux hommes unis l’un à l’autre contre leur gré. Le concept ne fait pas franchement dans la finesse...

    Détournant à leur profit la célèbre devise d’un Macron ni à gauche ni à droite,  Delépine et Kervern  proposent avec En même temps, leur dixième long métrage qui sort en pleine non campagne présidentielle, à cinq jours du premier tour, une farce politico-environnementalo-féminste. Avec Jonathan Cohen  et Vincent Macaigne.

    Déambulant cahin-caha dans leur posture délirante, farfelue, absurde, aussi contraignante qu’embarrassante et qu’ils ne vont jamais quitter, les deux compères s’éclatent visiblement. La fable est certes amusante, surréaliste, cynique, caustique dans la manière dont Delépine et Kervern se payent joyeusement les politiques de tous bords, dans le fond tous cul et chemise. Elle se révèle pourtant assez démagogique dans la mesure où ils suivent l’air du temps en se faisant trop sérieusement les apôtres de l’écologie et du  féminisme. 

    Par ailleurs, ils finissent peu à peu par lasser, à force de facilités  de répétitions et de longueurs illustrant notamment leur peine à conclure. On les avait préférés dans leur précédent opus Effacer l'historique. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 avril.

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  • Grand écran: "The Reason I Jump" montre la perception du monde par les autistes. Fort et sensible

    En écrivant en 2007 The Reason I Jump (Sais-tu pourquoi je saute?), où il expose son univers intérieur, sa façon de percevoir le monde, sa relation aux autres, Naoki Higashida, un adolescent autiste muet, alors âgé de 13 ans, ne se doute pas qu’il va provoquer une véritable révolution pour la compréhension de cette maladie. Il devient ainsi le porte-parole de tous ceux qui en sont victimes.

    Alors qu’on a longtemps pesé que les autistes étaient incapables de communiquer avec l’extérieur, on découvre pour la première fois que l’esprit enfermé dans un tel corps est aussi curieux, subtil et complexe que celui de n’importe qui.

    Jerry Rothwell, notamment auteur du documentaire Comment changer le monde, propose une adaptation libre de ce récit en en évoquant les expériences de cinq jeunes autistes non verbaux aux compétences diverses, dans quatre continents.

    On rencontre ainsi Joss en Angleterre, dont le processus de pensée est comparé par son père à un "diaporama incontrôlable" Lors d’une scène anecdotique, on le voit par exemple paniquer inexplicablement en criant qu’il n’y a plus de pizza. De leur côté, en Virginie, les deux amis Ben et Emma communiquent grâce à un tableau alphabétique. En Inde, Amrit  s’est lancée dans la peinture et expose ses toiles. Sans oublier Jestina au Sierra Leone, où les enfants autistes sont stigmatisés, leur trouble étant  souvent qualifié de démoniaque.

    Tout en se concentrant beaucoup sur les sons et l’image, Jerry Rothwell  livre des portraits émouvants des enfants et de leurs parents. Evidemment on ne prétendra pas qu’un film suffit à nous rendre complètement perceptible l’univers mental d’un autiste. Mais il nous donne une idée de la neurodiversité dans un documentaire à la fois fascinant, fort et sensible, qui fait réfléchir sur une vision et une appréhension si différentes du monde. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 avril.

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