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Sorties de la Semaine - Page 48

  • Grand écran: "La colline où rugissent les lionnes": quête de liberté de trois adolescentes au Kosovo

    Elle n’avait que vingt ans lorsqu’elle présentait en juillet dernier à la Quinzaine des réalisateurs son premier long métrage, La colline où rugissent les lionnes. Mais Luàna Bajrami n’était pas une inconnue sur la Croisette. L’année précédente, elle jouait, aux côtés d’Adèle Haenel et Noémie Merlant, une servante dans Portrait d’une jeune fille en feu de Céline Sciamma, sélectionné en compétition. Elle devient même une habituée du prestigieux rendez-vous cannois, puisqu’elle sera l’assistante de Romain Duris dans Coupez! de Michael Hazanavicius, en ouverture de la 75e édition., 

    La réalisatrice-actrice, qui est née en France et a grandi au Kosovo, s’est passionnée carrément au berceau pour le cinéma, tournant d’abord ses propres petits films en vidéo. A dix ans, elle obtient son premier rôle à la télévision française dans Le choix d’Adèle. En 2016, elle est l’héroïne du téléfilm  Marion, 13 ans  pour toujours. Deux ans plus tard, on la retrouve  dans L’heure de la sortie. Puis après le Portrait, elle apparaît dans Fête de famille de Cédric Kahn. Sans oublier sa présence dans L’événement de la Française Audrey Diwan, Lion d’or à Venise en septembre 2020. 

    Pour son passage derrière la caméra, qui n’est pas un retour aux sources dans la mesure où elle fait de fréquents allers et retours entre la France et le Kosovo, Luàna Bajrami a choisi  de raconter le quotidien, la quête d’indépendance et le désir d’ailleurs de trois adolescentes. Qe, Jeta et Li vivent dans un bled où règne la loi du patriarcat.  Coincées, elles traînent leur spleen  en arpentant une colline dans les environs du village, attendant impatiemment de rejoindre l’université, qui leur permettrait un autre avenir que celui, peu enviable, qui leur est promis. 

    Mais, elles se voient arbitrairement refuser l’entrée à la fac, où les places sont comptées. Désormais elles ont la rage et  cherchent à quitter les lieux. Sauf que pour y parvenir, elles ont besoin de beaucoup d’argent. Elles décident alors de fonder un gang de filles, celui des lionnes, auquel s’ajoute, assez curieusement un garçon, du genre plus amoureux que rugissant, très différent des personnages masculins qui traversent le film.  

    On ne prétendra pas que Luàna Bajrami fait œuvre d’une folle inventivité, mais elle charme dans une première partie où elle nous fait sentir à la fois l’ennui et la fougue d’une jeunesse luttant pour échapper à un milieu étouffant, aux contraintes sociales. au poids des traditions.  On est moins séduit par la suite, l’auteure se perdant dans des scènes de braquages peu vraisemblables. Reste qu’à son très jeune âge, cet essai, porté par des protagonistes convaincantes, dont elle-même pour quelques séquences, se révèle prometteur.

    Rencontrée récemment à Genève, Luàna nous en dit plus. «Tourner ce film était une vraie envie d’évoquer une jeunesse sans filtre. Ce n’est pas autobiographique, même si j’ai puisé mon inspiration dans les moments que j’ai passés sur place. Avec une volonté de réalisme. Même si j’ai 21 ans, il y a des choses que je n’aurais jamais osé faire ».

    -Vous parlez de ce désir d’ailleurs, cette quête d’indépendance  qui anime vos trois lionnes. L’avez-vous fortement perçu ?  

    -Le Kosovo est un pays tout jeune qui questionne l’identité de ses habitants, C’est aussi un pays qui manque de perspective, de rêves. Je questionne le rêve et le besoin de liberté à travers des instants surréalistes, fantasmés mais qui ont existé.

    -Ceux des braquages par exemple ?

    -Je voulais que les filles cassent les codes. J’ai envisagé les choses en me posant plein de questions sans y trouver de réponses, mais en émettant des doutes. Je me suis laissé aller en me demandant si c’était le bon chemin. 

    -A cet égard, l’introduction d’un  garçon dans le groupe ne rompt-il pas sa dynamique?

    -Non, je trouve au contraire qu’il lui est utile, notamment pour contrebalancer les hommes horribles que je montre. En plus il incarne l’amour, il est très touchant. 

    -Le film montre bien sûr le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

    -En effet. Quitter le village  et le carcan familial est une nécessité. Je parle d’un village isolé et d’une culture dans ce sillon-là. Il y a un côté contradictoire au Kosovo, avec une sorte d’américanisation qui se heurte aux traditions ancestrales et une culture très ancrée dans la population. 

    La colline où rugissent les lionnes, est à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 mai. 

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  • Grand écran: "Ma famille afghane" évoque le choc des cultures avec intelligence, entre coup de foudre et obscurantisme

    Pour la troisième fois en quatre ans, un film d’animation est consacré à l’Afghanistan, sa culture, son mode de vie, ses traditions liberticides. Et il est à nouveau réalisé par une femme. En 2018, la cinéaste irlandaise Nora Twomey proposait Parvana, dans lequel une fillette se déguise en garçon  pour retrouver son père arrêté en raison de son opposition au pouvoir 

    L’année suivante Zabou Breitman et  Elea Gobé-Mevellec  livraient  Les Hirondelles de Kaboul, racontant les horreurs sous l’oppression des Talibans. Avec Ma famille afghane, c’est la Tchèque Michaela Pavlatova, qui se penche sur le quotidien des femmes dans cette partie du monde. Edifiant, son film est situé à Kaboul en 2001, après la chute du régime, mais où l’obscurantisme demeure. 

    Il raconte l’histoire d’Helena, jolie blonde aux yeux bleus, Elle s’ennuie dans ses cours d’économie à Prague. aimerait fonder une grande famille, mais désespère d’y arriver en regardant les garçons de sa classe. Pas un seul ne trouve grâce à ses yeux jusqu’au jour où le beau Nazir, étudiant afghan, pousse la porte. 

    Coup de foudre pour Helena. C’est le bon, elle le sait et décide de tout quitter pour le suivre dans son pays et l’épouser, Devenue Herra, elle s’installe dans sa famille et doit renoncer aux libertés dont elle jouissait en Europe, en découvrant les mœurs redoutablement patriarcales qui régissent sa future existence. Car si Nazir est un peu plus progressiste que le reste de la communauté, elle lui est néanmoins subordonnée, contrainte de se conformer à son statut d’épouse peu émancipateur (un euphémisme), qui lui interdit notamment de parler en son nom, ou de se trouver seule avec un autre homme. 

    Comme en plus  elle ne peut avoir d’enfant (une tare et une honte),  elle est forcée d’adopter Maad, un gosse particulier, difforme et plutôt revêche de prime abord.  Seul vrai protecteur d’Herra dans cette famille où elle tente de s’intégrer pour sauvegarder son mariage, quoi que lui coûtent les critiques et les discriminations, c’est le grand-père, bienveillant et humaniste à sa manière. Il sait où peut mener le fanatisme religieux pour avoir perdu un fils et un petit-fils victimes de ses excès.    

    Ma famille afghane est adapté de Freshta (2012), de la romancière et journaliste Petra Prochazkova, une compatriote de Michaela Pavlatova connue pour ses reportages en Afghanistan et en Tchétchénie. A la fois choc des cultures et histoire d’amour, ce film politique, sans occulter violence, sexisme et interdits, évite la caricature avec sensibilité, intelligence. finesse. Sans oublier une pointe d’humour et un zeste d’espoir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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  • Grand écran: "La revanche des Crevettes pailletées", coincées dans une région russe particulièrement homophobe!

    Il y a trois ans, on découvrait  «Les Crevettes pailletées», une équipe de water-polo gay, plus motivée par la fête que par la compétition, qui se rendait en Croatie pour participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel de la planète. Et cela sous la houlette de Matthias Le Goff, vice-champion du monde de natation, condamné à entrainer la bande la plus déjantée de France, pour avoir tenu des propos homophobes.

    Eloge foutraque à la tolérance, à la différence et à l’ouverture, ce premier volet était signé Cédric Le Gallo et Maxime Govare, qui récidivent dans leur chasse aux préjugés, leur combat pour la liberté d’aimer et l’acceptation de l’autre avec «La revanche des Crevettes pailletées».

    Cette fois les fameux Jeux ont lieu à Tokyo et Matthias décide d’emmener Sélim, un  jeune de banlieue qu’il croit homo, dans ce voyage au Japon en  hommage à Jean, un ami mort trop tôt. Hélas, après avoir raté leur correspondance, les lurons en goguette sont  coincés en Russie, dans une région particulièrement homophobe.

    C’est le début d’une aventure aussi périlleuse que rocambolesque. Mais si on reste dans le registre de la comédie, on change de formule. On ne verra pas les protagonistes se livrer des joutes en piscine. Le ton devient plus dramatique, les auteurs se montrant plus politiques dans les thèmes abordés et la dénonciation vigoureuse de la répression de l’homosexualité. Agressées, les Crevettes se retrouvent en effet prisonnières dans un château lugubre, obligées de suivre une redoutable thérapie de conversion, suite à un  plan cul qui a mal tourné.

    Ce discours plus profond, plus engagé sur l’identité dans cette suite tournée en Ukraine, écho involontaire à l’actualité, n’empêche toutefois pas l’humour, les rebondissements, quelques dialogues percutants et des situations loufoques. Par ailleurs, si on peut leur reprocher de céder parfois à la facilité, les cinéastes, revendiquent joyeusement outrance, kitsch et clichés. De leur côté les acteurs ne boudent pas leur plaisir. Nicolas Gob reprend le rôle du coach Matthias,  tandis que  Michaël Abiteboul, David Baiot, Roland Menou, Geoffrey Couët, Romain Brau et Félix Martinez se glissent à nouveau avec délectation dans la peau des Crevettes.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 mars.

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