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Grand écran: "La femme de Tchaïkovski", de l'amour obsessionnel à la folie. Un film noir, crépusculaire

Après La fièvre de Petrov, opus rock, baroque, hallucinatoire, déroutant, le Russe Kirill Serebrennikov, revient avec « La Femme de Tchaïkovski ». A nouveau en compétition à Cannes en mai dernier en l’absence du réalisateur vivant à Berlin, l’opus opère une longue plongée de 2h23 dans la vie du célèbre compositeur, à travers le regard de sa femme Antonina Miliukova.
 
Cette jeune femme riche, brillante, apprentie pianiste, qu’il a épousée pour éponger ses dettes et surtout cacher son homosexualité et son existence dissolue, voue un amour fanatique au musicien de génie. Mais, résolument attiré par les hommes, le mari fantôme ne tarde pas à la mépriser, voire à la haïr, exprimant sa torture d’être avec elle tant il trouve sa proximité physique révoltante.
 
Follement éprise, hantée par son obsession, violemment rejetée, la malheureuse Antonina accepte pourtant tout de cet homme pour demeurer auprès de lui. Victime consentante de Piotr Ilitch qui disparaît parfois pendant des jours, elle reste dans l’aveuglement et le déni, endurant les pires humiliations dont le refus dégradant de rapports sexuels. Cette descente aux enfers la consume au point de la faire peu à peu sombrer dans la folie.  
 
Une histoire méconnue
 
Femme oubliée en dépit de sa relation tumultueuse et tourmentée, Antonina est magnifiquement incarnée par Alyona Mikhailova, une révélation. Littéralement habitée par son personnage, elle se livre corps et âme dans ce premier rôle où elle donne la réplique à un convaincant  Odin Lund Biron jouant celui de Tchaïkovski.   
 
Pour raconter l’histoire méconnue de cette passion névrotique, dévorante, dans un film noir, crépusculaire, le réalisateur avoue avoir un peu travesti les choses. Il propose un opus dramatique, tragique, écrasant, où il n’hésite pas à donner dans la surenchère au détour de provocantes scènes choc, à l’image de mâles nus, obscènes et concupiscents, mûrs pour quelques excès orgiaques.  
 
Par ailleurs, tout en rappelant la condition féminine sous tutelle masculine absolue, qu’il s’agisse des pères, frères ou maris, il brosse le portrait sans concession de cette Russie homophobe et patriarcale du 19e siècle qui se voile la face.  Il s’en dégage une résonance particulièrement actuelle.
 
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 février. 

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