Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 40

  • Grand écran: "Fumer fait tousser", comédie loufoque entre écologie et déconnades

    Réalisateur à part dans le cinéma français en proposant des films déjantés, décalés, Quentin Dupieux  revient quelques mois après Incroyable mais vrai, pour nous emmener dans un nouveau voyage absurde, sa marque fabrique, avec Fumer fait tousser. Héros de l’œuvre, cinq improbables justiciers vêtus de combinaisons moulantes façon Power Rangers formant la Tabac Force et déterminés à sauver la planète des dangers qui la menacent. 

    Quentin Dupieux n’a pas lésiné sur le casting. Il y a Gilles Lellouche (Benzène)  Anaïs Demoustier (Nicotine), Vincent Lacoste (Méthanol), Jean-Pascal Zidi (Mercure) et Oleya Amamra (Ammoniaque). Suite à un combat dantesque contre une satanique tortue géante qu’il font finalement exploser, leur chef Didier (Alain Chabat), un rat libidineux, bavant constamment un immonde liquide verdâtre, leur ordonne de partir se resourcer au bord d’un lac pollué. Il s’agit de renforcer la cohésion du groupe, qui doit livrer d’autres batailles homériques.

    Et notamment contre le super démon intergalactique Lézardin (Benoît Poelvoorde), qui rêve de détruire la Terre.  Avant de l’affronter, nos Pieds Nickelés se racontent des histoires plus loufoques les unes que les autres au coin du feu. Elles sont prétextes à une série de sketches plus ou moins noirs et désopilants, animés par Blanche Gardin, qui passe son neveu à la déchiqueteuse, ou encore par Doria Tillie,r transformée en serial killeuse malencontreusement casquée. 

    Si à l’évidence l’auteur s’amuse comme un petit fou, tout n’est pas génial dans ce film au scénario décousu, oscillant entre écologie, déconnades et foutage de gueule. On reprochera même au talentueux cinéaste un petit manque de renouvellement et une légère tendance à tomber dans la facilité. 

    Reste qu’on rit beaucoup et qu’on peut parler d’une réussite à laquelle les comédiens participent activement, en prenant eux aussi leur pied. Par ailleurs cette comédie burlesque ne dure que 80 minutes. Une grande qualité à l’heure où la plupart des films font plus de deux heures…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande.     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "Saint-Omer" sonde les abysses de l'infanticide et les ambivalences liées à la maternité

    Le premier long métrage de fiction d’Alice Diop, auteure de documentaires, s’inspire de l’affaire Fabienne Kabou. La Jeune femme sénégalaise, comme elle, avait abandonné sa fille de 15 mois, sur une plage du Nord de la France à marée montante le 19 novembre 2013. .Cette mère infanticide avait été condamnée à 20 ans de réclusion par la cour d’assises de Saint-Omer, peine réduite à 15 ans en appel .

    Fascinée, la réalisatrice reconstitue le procès à partir du verbatim des audiences, mais s’autorise quelques libertés. Elle rebaptise l’accusée Laurence Coly (Guslagie Malanda, photo) et introduit une écrivaine noire, Rama (la Genevoise (Kayije Kagame), dont elle fait son double à l’écran. Enceinte de quatre mois et obsédée par le cas, Rama assiste aux débats qui l'ébranlent.  

    Assise au milieu du public, elle écoute, observe la meurtrière, et ne tarde pas à sentir une curieuse proximité avec cette brillante enseignante au parler châtié désarçonnant. Une empathie à l’évidence partagée par les femmes, filles ou mères présentes, quand Laurence Coly, Médée contemporaine, dit avoir été victime d’une grosse dépression. Se prétendant par ailleurs sous influence de maraboutage et de sorcellerie, pour tenter d’expliquer l’inexplicable. «Je ne comprends pas. J’espère que ce procès pourra me l'apprendre… », 

    Parfaitement interprété, cet opus troublant prêtant à réflexion, coécrit avec Marie Ndiaye, explore les abysses de l’infanticide tout en évoquant les sentiments contradictoires ou opposés concernant la maternité. Côté mise en scène, Alice Diop installe un dispositif simple, en champ-contrechamp. Rigoureux, froid, il fait en quelque écho au geste glaçant d’une accusée à la fois mystérieuse, détachée et brisée. 

    Lauréat du Grand Prix du jury à la Mostra de Venise, plébiscité par une immense majorité de la critique, Saint-Omer a été choisi pour représenter la France aux Oscars. Il a également décroché le Reflet d'or du meilleur long métrage au Geneva International Film Festival ( GIFF). En dépit de ce triomphe, on a des réserves, la cinéaste recherchant trop notre adhésion inconditionnelle pour nous convaincre. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "She Said", formidable hommage aux victimes de Weinstein, qui ont enfin osé raconter leur calvaire

    Le film était très attendu. Cinq ans après l’affaire Harvey Weinstein, le producteur condamné en 2020 à 23 ans de prison pour avoir violé et sexuellement agressé nombres de femmes, Maria Schrader revient sur cet énorme scandale. Il a non seulement bouleversé l’industrie hollywoodienne, mais également secoué et changé la société.  

    La réalisatrice s’est inspirée de l’enquête des journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey sur le sujet, publiée pour la première fois dans le New York Times le 5 octobre 2017, ainsi que du livre de Rebecca Lenkiewicz paru quelques années après. Le bouquin et le papier participeront par ailleurs au déferlement mondial de la vague MeToo.  

    Comédiennes parfaites 

    Cet excellent thriller d’investigation à la mise en scène sobre, sans images complaisantes, racoleuses ou violentes, s’inscrit dans la lignée d’un opus comme Spotlight qui dévoilait les agissements criminels, par une équipe du Boston Globe, de prêtres pédophiles couverts par l’Eglise catholique.

    She Said met en scène Zoe Kazan (Jodi Kantor) et Carey Mulligan (Megan Twohey), amies et complices qui s’associent pour mener l’enquête, suite au récit d’une victime de Weinstein. Les deux comédiennes sont parfaites dans leur incarnation de journalistes très impliquées dans leur boulot. Elles nous entraînent pendant plus de deux heures, sans qu’on s’ennuie une seconde, dans leurs inlassables recherches pour dénoncer les viols et abus sexuels s’étalant sur des décennies, d’un magnat pourri.

    Portées par la solidarité

    Investies d’une véritable mission, pleines d’empathie, elles se battent pour aider les victimes à témoigner, s’attellent à dénicher des documents, des preuves, tout en contournant les accords de confidentialité et (ou) financiers destinés à les réduire au silence. Accessoirement, Maria Schrader propose quelques incursions dans leur vie privée, notamment dans celle de Megan Twohey, qui lutte contre une dépression post partum. 

    Davantage qu’un film sur Weinstein, dont le personnage est montré de dos à l’occasion d’une scène, l’œuvre est un hommage aux femmes qui, portées par la solidarité et la sororité, ont osé faire part de leurs souffrances, libérant enfin une parole longtemps muselée par la peur, la honte, l’intimidation.

    On salue également la restitution à l’écran de l’obstination des deux journalistes, qui leur a valu le prestigieux Prix Pulitzer. Leur travail a conduit à quelque 85 témoignages dont celui d`Ashley Judd, qui joue son propre rôle et de Gwyneth Paltrow, une véritable obsession pour Weinstein.  

    A signaler enfin en marge du film, qu’un deuxième procès s’est ouvert cet automne à Los Angeles où Harvey Weinstein doit répondre de onze chefs d’accusation.

    "She Said", à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 23 novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire