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Sorties de la Semaine - Page 37

  • Grand écran: "Call Jane", plaidoyer passionnant pour l'avortement. Avec Elizabeth Banks et Sigourney Weaver

    La liberté des femmes à disposer de leur corps exige une vigilance constante. Preuve en est ce 24 juin dernier où, dans une volte-face aussi sinistre qu'historique, la conservatrice Cour suprême des Etats-Unis  supprimait un arrêté qui, il y a près de 50 ans, garantissait aux Américaines le droit fédéral d’avorter. Elle laisse désormais aux états le soin de légiférer eux-mêmes sur le sujet, marquant donc un retour à la situation qui prévalait encore en 1973, avant la décision libératrice de Roe v. Wade,    
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    Call Jane, signé de Phyllis Nagy, retrace la marche du collectif éponyme, une association clandestine qui a réellement existé et pratiquait, dans les années 60. des IVG illégales pour aider des femmes et des jeunes filles désespérées et ne sachant pas à qui s’adresser. A l’image de Joey. (la très convaincante Elizabeth Banks), épouse au foyer mariée à un avocat criminaliste de Chicago, mère d’une adolescente de 15 ans et à qui son médecin confirme que mener sa grossesse à terme pourrait lui être fatal. Mais on est en 1968, et le comité de l’hôpital lui refuse une opération thérapeutique, arguant du fait que le bébé pourrait venir au monde en bonne santé.

    Comme d’autres, Joey songe au pire quand elle tombe sur une affiche incitant à "Appeler (Call) Jane". Derrière ce prénom se cache en fait une association présidée par une certaine Virginia (l’excellente Sigourney Weaver), déterminée è porter secours à ses consoeurs sans les juger, sans poser de questions.  

    Les avortements sont a priori pratiqués par un médecin compétent mais sans la moindre empathie ou compassion pour ses patientes. effrayées, en souffrance  On en découvrira la raison au fil de l'intrigue. De plus il est particulièrement âpre au gain, d’où la difficulté, voire l’impossibilité pour certaines dont les femmes noires, de bénéficier de ces interventions le plus souvent traumatisantes.   

    Joey s’implique personnellement

    Pouvant se le permettre, Joey décide de se jeter à l’eau, une épreuve qu’elle dissimule en prétextant une fausse couche, mais cette expérience douloureuse la pousse à rejoindre le groupe de militantes non seulement pour aider ces femmes dans sa situation, mais en décidant d'apprendre à pratiquer elle-même des avortements et enseignant par la suite la technique à des volontaires aux antipodes du vénal et glaçant toubib. 

    Call Jane, incarné par de formidables comédiennes, ne passionne pas seulement par sa fibre sociale, sororale, bienveillante, en évoquant des parcours dont on ne peut qu’imaginer la rudesse.  Il s'agit également d'un long métrage particulièrement pertinent sur un combat exemplaire dont on ne cessera de rappeler la nécessité. L'opus est par ailleurs le pendant américain d'Annie Colère, réalisé par la Française Blandine Lenoir, dont on aura bientôt l'occasion de parler. Il avait été présenté en août dernier sur la Piazza Grande de Locarno

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 9 novembre. 

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  • Grand écran: "Ariaferma": face-à-face entre gardiens et détenus dans une prison vouée à la démolition

    Dans une prison italienne vétuste en cours de démantèlement, les gardiens sont en train de boire à leur retour chez eux, tandis que les derniers détenus vont être transférés ailleurs. Mais le déroulement de l’affaire est soudainement interrompu pour des questions administratives.

    En attentant Gargiulo (Toni Servillo) le surveillant le plus expérimenté, est chargé de faire fonctionner l’établissement pendant quelques jours encore avec une équipe réduite. Dès lors douze prisonniers et autant de leurs geôliers vont se faire face et se rapprocher, l’espace d’un moment suspendu.

    A l’image de Gargiulo, un Napolitain venu d’un milieu modeste qui, sans déroger à la règle selon laquelle un gardien ne se lie pas d’amitié avec un détenu, va tenter de faire preuve de magnanimité et de sagesse, pour débloquer des situations tendues dans la nouvelle organisation qui s’est mise en place. Et notamment lors d’une grève de la faim, où il autorise un prisonnier, en l’occurrence un boss mafieux (Silvio Orlando), à faire la cuisine pour tout le monde pour améliorer l’ordinaire.  

    Sans aller jusqu’à voir les deux parties en présence se taper sur le ventre, on est loin de la traditionnelle ambiance pénitentiaire glauque, où désespoir et haine engendrent le plus souvent répression, châtiment et violence. Le réalisateur Leonardo di Constanzo veut au contraire prouver qu’une certaine entraide, voire l’ébauche d’une camaraderie, peuvent se manifester au sein d’un groupe composé d’individus dangereux et des représentants de la loi.   

    Dans ce long métrage humaniste, Toni Servillo, abandonnant son exubérance bien connue, enfile le costume de l inspecteur Gargiulo en fin de carrière. Calme mesuré, raisonnable, responsable, il donne la réplique à Silvio Orlando, malfrat notoire mais poli, avec qui il va cueillir des légumes dans un jardin abandonné, chacun se montrant mutuellement du respect. D’autres initiatives non autorisées par la hiérarchie permettront de désamorcer les conflits dans ce huis-clos au départ sombre et inquiétant, mais où petit à petit quelques lueurs vont jaillir...

     A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi  2 novembre. 

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  • Grand écran: "Close", l'attente haletante d'une tragédie. Lukas Dhont bouleverse et révèle deux comédiens

    Après Girl, évoquant une ado transgenre née garçon rêvant de devenir danseuse étoile (Caméra d’or en 2018 sur la Croisette), le Flamand Lukas Dhont revient avec Close. Toujours aussi convaincant, il a cette fois décroché le Grand Prix du jury à Cannes, en mai dernier,

    Une récompense on ne peut plus méritée. Le film raconte une amitié fusionnelle entre Léo et Rémi, 13 ans, détruite par une impensable tragédie qui nous touche en plein coeur. D’autant que le réalisateur, en dépit de la force émotionnelle de son histoire, sait éviter tous les pièges du larmoyant, du pathos, 

    Lukas Dhont nous met tout de suite de suite au parfum. Inséparables depuis toujours, les deux gamins sont comme des frères jumeaux. Ils s’inventent de dangereux ennemis à leur poursuite, courent dans les champs, dorment ensemble, se tirent la bourre à vélo sur le chemin de l'école, où ils sont dans la même classe.

    Mais petit à petit, ce lien indéfectible, cette complicité, cette intimité de tous les instants, commencent à faire jaser certains de leurs camarades. Une fille leur demande s’ils sont en couple. On entend les mots « tapette », « pédale ». 

    Une oeuvre intense à la mise en scène fluide

    Blessé, Léo commence alors à s’éloigner de Rémi qui ne comprend et surtout ne supporte pas cette nouvelle attitude. Il a la rage d’être mis à l’écart et la manifeste dans des emportements violents. Dès cet instant, Lukas Dhont nous maintient dans la crainte constante et haletante d’un drame. Jusqu’à ce qu’il se produise, inéluctablement. Dévoré par le remord, Léo ronge sa culpabilité, se murant dans le silence.   

    Avec Close, oeuvre intense à la mise en scène fluide, le cinéaste révèle une nouvelle fois deux jeunes comédiens impressionnants de charisme et de justesse. Eden Dambrine et Gustav de Waele. Ils donnent la réplique à une Emilie Dequenne déchirante de dignité en mère de Rémi, qui nous fait partager son immense chagrin. 


    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 novembre. 

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