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Sorties de la Semaine - Page 37

  • Grand écran: "Mother Teresa & Me" évoque la perte de foi de celle qui a consacré sa vie aux pauvres

    D’origine albanaise, née Agnès Gonxha Bojaxhiu en 1910, Mère Teresa a consacré sa vie aux pauvres. Son combat inlassable en faveur des déshérités en Inde lui a valu le prix Nobel de la paix en 1979. De nombreux documentaires ont été consacrés à la vie et à l’œuvre de la religieuse. Mais tout en en rendant compte, ce qui a plus particulièrement intéressé le réalisateur helvético-indien Kamal Musale, auteur de Mother Teresa & Me, c’est la question de ses doutes et de sa perte de foi. Elle durera jusqu’à sa mort 

    Se basant notamment sur des récits intimes de la sainte évoquant la question et publiés en 2007, le cinéaste part ainsi à la rencontre de son héroïne à qui Jésus cesse de parler, à peine a-t-elle obtenu de haute lutte l’autorisation de quitter le couvent pour travailler dans les bidonvilles de Calcutta. 

    Le film ouvre ainsi sur une scène où dans un cri de colère et de désespoir, elle s’adresse à Dieu:  «Tu m’as tout pris. Ton amour... Ton amour n’était qu’une illusion. Je ne crois pas en toi. Tu n’existes pas. Âme, paradis, Dieu, ces mots ne veulent plus rien dire.»

    A ce destin de femme derrière le mythe se mêle, pour les besoins de la fiction, celui de Kavita, jeune Indo-Britannique d’aujourd’hui, également en proie au doute face à une grossesse non-désirée. Inspirée par la perte de foi de Teresa, elle s’enfuit à Calcutta pour se retrouver. Entre la nuit spirituelle de l’une et le manque de repère de l’autre, les deux histoires vont finir par se rejoindre.

    Invitant aux questions, évitant l’hagiographie et le pathos souvent inhérent à l’évocation du drame, de la misère et de la mort, Kamal Musale propose le portrait nuancé d’une Teresa dure avec elle-même et pas toujours tendre avec les autres. Produite et portée avec talent par la comédienne suisse-alémanique Jacqueline Fritschi- Cornaz, cette fresque romancée tient la route, offrant une belle photographie et une reconstitution soignée. 

    Ce long métrage a été entièrement financé par des fondations et des donations privées Les bénéfices du film seront reversés à des institutions et fondations qui œuvrent auprès des plus démunis en Inde, notamment en soutenant les enfants pauvres dans leur éducation et leur santé. 

    Sorti en décembre dernier, "Mother Teresa & Me" bénéficiera de séances spéciales au cinéma Empire de Genève. L’une le 28 février à 18h00 en présence de l’équipe du film et deux autres les 16 et 30 mars, à 18h30.   

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  • Grand écran: "La femme de Tchaïkovski", de l'amour obsessionnel à la folie. Un film noir, crépusculaire

    Après La fièvre de Petrov, opus rock, baroque, hallucinatoire, déroutant, le Russe Kirill Serebrennikov, revient avec « La Femme de Tchaïkovski ». A nouveau en compétition à Cannes en mai dernier en l’absence du réalisateur vivant à Berlin, l’opus opère une longue plongée de 2h23 dans la vie du célèbre compositeur, à travers le regard de sa femme Antonina Miliukova.
     
    Cette jeune femme riche, brillante, apprentie pianiste, qu’il a épousée pour éponger ses dettes et surtout cacher son homosexualité et son existence dissolue, voue un amour fanatique au musicien de génie. Mais, résolument attiré par les hommes, le mari fantôme ne tarde pas à la mépriser, voire à la haïr, exprimant sa torture d’être avec elle tant il trouve sa proximité physique révoltante.
     
    Follement éprise, hantée par son obsession, violemment rejetée, la malheureuse Antonina accepte pourtant tout de cet homme pour demeurer auprès de lui. Victime consentante de Piotr Ilitch qui disparaît parfois pendant des jours, elle reste dans l’aveuglement et le déni, endurant les pires humiliations dont le refus dégradant de rapports sexuels. Cette descente aux enfers la consume au point de la faire peu à peu sombrer dans la folie.  
     
    Une histoire méconnue
     
    Femme oubliée en dépit de sa relation tumultueuse et tourmentée, Antonina est magnifiquement incarnée par Alyona Mikhailova, une révélation. Littéralement habitée par son personnage, elle se livre corps et âme dans ce premier rôle où elle donne la réplique à un convaincant  Odin Lund Biron jouant celui de Tchaïkovski.   
     
    Pour raconter l’histoire méconnue de cette passion névrotique, dévorante, dans un film noir, crépusculaire, le réalisateur avoue avoir un peu travesti les choses. Il propose un opus dramatique, tragique, écrasant, où il n’hésite pas à donner dans la surenchère au détour de provocantes scènes choc, à l’image de mâles nus, obscènes et concupiscents, mûrs pour quelques excès orgiaques.  
     
    Par ailleurs, tout en rappelant la condition féminine sous tutelle masculine absolue, qu’il s’agisse des pères, frères ou maris, il brosse le portrait sans concession de cette Russie homophobe et patriarcale du 19e siècle qui se voile la face.  Il s’en dégage une résonance particulièrement actuelle.
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 février. 

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  • Grand écran: "Un petit frère", portrait de femme, doublé d'un regard nouveau sur les migrants

    Cinq ans après l'original Jeune femme, porté par Laetitia Dosh, Léonor Serraille se lance dans une chronique familiale plus classique, en suivant l’itinéraire de Rose, de la fin des années 80 jusqu’à aujourd’hui. Mère célibataire d’origine ivoirienne, elle débarque à en France  avec ses deux fils Jean et Ernest. Elle s’installe d’abord en banlieue parisienne chez une parente, avant de partager son existence et celle de ses enfants entre la capitale et Rouen, au fil de ses rencontres sentimentales.

    Avec Un petit frère, Léonor Serraille porte son regard personnel et nouveau sur l’identité, l’immigration, le déracinement et l’intégration dans cette saga intime assez émouvante en trois chapitres, évoquant à la fois l’entre-deux siècles, le  temps qui passe, le quotidien mouvementé et le destin de chacun de ses personnages, unis par des liens complexes. 

    Le morceau plus réussi dans cet opus qui n’est pas toujours à la hauteur des ambitions de son auteur, est celui consacré à Rose, dont la réalisatrice brosse le portrait en ouverture, avant de se consacrer à ses deux fils. Rose est une femme forte, déterminée, qui se bat, choisit sa vie et les hommes qui en font partie. Aimant la fête, joyeuse, éprise de liberté, elle est incarnée par Annabelle Lengronne, convaincante dans son premier grand rôle .

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 février.

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