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Sorties de la Semaine - Page 37

  • Grand écran: dans "Tar", Cate Blanchett fascine en cheffe d'orchestre dominatrice, brillante et exécrable

    Elles ne sont qu’un petit 8% dans le monde. Et pourtant coup sur coup, deux films se penchent sur le destin de deux cheffes d’orchestre. Mais ils sont très différents. Alors que la Française Marie Castille Mention-Schaar raconte, dans Divertimento, le véritable parcours d’une jeune fille rêvant de tenir la baguette et créant son propre ensemble symphonique (voir notre interview du 24 janvier), l’Américain Todd Field emprunte un autre chemin avec Tar.. Celui de la fiction où il imagine Lydia, cheffe avant-gardiste du prestigieux 0rchestre philarmonique de Berlin. 

    Le rôle a été écrit par l’auteur de Little Children pour Cate Blanchett qui livre une performance magistrale. Elle a déjà été sacrée meilleure actrice à la Mostra de Venise, aux Golden Globes, recevra un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et compte bien rafler une statuette aux Oscars. Ce qui ne fait apparemment pas l’ombre d’un doute, tant cette formidable comédienne bouleverse avec sa partition virtuose. Elle n’incarne pas, elle est tout simplement Lydia Tar. 

    Lesbienne pour le moins anticonformiste, rare femme à s’être imposée par son génie dans ce milieu masculin et machiste, la pionnière est au sommet de sa carrière. Exigeante, brillante, sûre d’elle, elle a tout, que ce soit sur le plan professionnel ou dans le prive où elle mène une vie agréable entre son épouse et leur petite fille.  

    Tar, d’une durée de 2h38, commence par une longue interview de la musicienne face à un public conquis en dépit de sa manière prétentieuse, complexe et contradictoire d’expliquer et d’appréhender son art. Plus tard, alors qu’on apprend qu’elle va publier son autobiographie auto-écrite tout en préparant un cycle Mahler, on la voit se disputer assez violemment avec un étudiant prônant l’inclusion. Refusant catégoriquement d’écouter et de jouer du Bach qu’il trouve misogyne et fermé à la diversité, il finit par quitter la classe, ne supportant pas les remarques mordantes et humiliantes de la féroce Lydia. 

    Petit à petit toutefois, Todd Field lève le voile sur les zones d’ombre et la nature sombre de son héroïne féministe dominatrice, en quête permanente de perfection et se croyant intouchable. Son existence apparemment parfaite se fissure suite à une accusation de harcèlement moral ayant entraîné le suicide d’une de ses anciennes élèves avec laquelle elle a eu une liaison. C’est alors que l’artiste visionnaire à la fois admirée, adulée, honorée et crainte, va tout perdre. 

    Tout en brossant le portrait d’une femme talentueuse, fascinante, rebutante, voire exécrable, le réalisateur explore et dénonce, dans ce remarquable opus austère et plus ou moins post MeToo, les excès du wokisme, de la cancel culture, les mécanismes et abus persistants du pouvoir. Qui n’a pas de genre particulier et auquel on se heurte même lorsqu’on prétend l’abolir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 25 janvier.   

     

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  • Grand écran: avec "Babylone", Damien Chazelle propose le meilleur... et le pire. Margot Robbie et Brad Pitt déchirent

    Grandeur et décadence, gloire et déchéance, splendeur et misère, éternel récit d’ascension et de chute.  Après Whiplash et La La Land, Damien Chazelle revient avec Babylone. Durant plus de trois heures, il nous emmène dans le Hollywood des années 20-30, terre d’excès, de débauche et de dépravation sans limites. Il y brosse le portrait d’un monde qui se brûle en vivant à 200 à l’heure. 

    Dans cette fresque épique au rythme délirant, Damien Chazelle suit plus particulièrement, au milieu d’une immense foule de personnages, trois d’entre eux. Et tout d’abord Manny Torres (Diego Calva) un jeune Mexicain prêt à tout pour dégoter un job dans la Mecque. On le découvre alors qu’il est chargé d’amener un éléphant à la fête démente d’un gros producteur. 

    Son transport est dantesque, le pachyderme, futur clou du spectacle, choisissant de se lâcher dans un immonde déluge d’excréments. L’ouverture est symbolique de la suite, une gigantesque et interminable partouze du plus mauvais goût, les invités sombrant dans une orgie d’alcool, de drogue et de sexe.

    C’est là que s’invite sans complexe Nellie LaRoy (Margot Robbie),  ambitieuse et voluptueuse apprentie actrice, comptant sur ses charmes pour devenir une grande vedette. Elle sympathise avec Manny et, comme prévu, réussit à décrocher un bout d’essai en payant de sa personne. A l’opposé, il y a Jack Conrad (Brad Pitt) super star du muet que tout le monde s’arrache, mais menacé par l’arrivée du parlant.  

    Après cette bacchanale, l’auteur s’intéresse au parcours de ses trois têtes d’affiche dans les années suivantes, alors que le cinéma se transforme devenant une nouvelle industrie, où tout le monde doit s’adapter. A commencer par Nellie, ce qui donne notamment lieu à d’hilarantes scènes de tournage.

    Film fleuve extravagant, captivant, bordélique et, parfois, insupportable

    Margot Robbie enfile à la perfection le costume de cette jeune femme façon tornade, complètement dingue et totalement désinhibée. Diego Calva se révèle excellent dans le rôle de ce Mexicain avide d’en être mais dépassé par les événements. Quant à Brad Pitt il est tout aussi remarquable en comédien adulé du muet qu’en survivant éphémère d’une ère révolue. 

    Bourré d’anecdotes authentiques, de références, de clins d’œil, Ce film fleuve, extravagant, rocambolesque, cacophonique, bordélique,  est à la hauteur (ou à la bassesse) du microcosme impitoyablement décrit.  Mais s’il est dévastateur pour ce monde immoral, comme le parlant le fut pour le muet et ses stars dont beaucoup disparaîtront, Chazelle n’en fait pas moins une nouvelle déclaration d’amour au cinéma en général. 

    Il rend ainsi hommage à sa magie et, en dépit de tout, à son pouvoir de faire rêver et vibrer le spectateur. Une folle odyssée où le réalisateur franco-américain propose le meilleur et le pire, captivante, émouvante, amusante, mais aussi Insupportable d’exagération et de surenchère. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 janvier.

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  • Grand écran: "La ligne", violent face-à-face mère-fille. Avec Valeria Bruni Tedeschi et Stéphanie Blanchoud

    Après avoir brutalement agressé et blessé Christina (Valeria Bruni Tedeschi), sa mère borderline, Margaret (Stéphanie Blanchoud), 35 ans,  dont on apprend incidemment qu’elle a déjà subi et infligé des violences physiques et psychologiques, est arrêtée par la police et soumise à une injonction d’éloignement. 

    En attente de son procès, elle est condamnée à ne plus s’approcher à moins de 100 mètres de la maison familiale. Dès lors, Margaret n’aura de cesse de se faire pardonner son acte qui a rendu sa mère sourde et se tient chaque jour au seuil d’une ligne à ne pas franchir, physiquement tracée au sol par sa soeur Marion, 12 ans, qui elle donne des leçons de musique. Le conflit ne fait qu’empoisonner les relations déjà complexes au sein de cette famille dysfonctionnelle où règne l’incommunicabilité.   

    La réalisatrice suisse Ursula Meir, à qui l'on doit Home ou L'enfant d'En-haut, concentre son histoire sur Margaret, fille agressive aux réactions aussi inquiétantes qu’imprévisibles dont on préfèrerait se débarrasser et sa mère Christina, fragile et immature créature de 55 ans. Intense, enragée, névrotique, Stéphanie Blanchoud, co-autrice du scénario, donne ainsi la réplique à Valeria Tedeschi dans le rôle, peu étonnant pour elle, de cette mère impulsive, fantasque, exaltée, excessive, culpabilisante, reprochant à sa fille d’avoir ruiné sa carrière de pianiste.   

    La ligne, un film singulier, qui a beaucoup pour séduire.  Pourtant, en dépit d’une folle scène d’ouverture, cet étonnant portrait de femmes ne convainc pas vraiment dans son approche de la violence. En cause, un sentiment général d’artificialité. On a notamment du mal à se projeter dans les deux personnages principaux, dont le jeu déborde souvent, tombant dans l’outrance et l’hystérie. Tout comme on reste un rien circonspect face à la jeune Marion, sujette à de bizarres accès de mysticisme.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 janvier. 

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