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Sorties de la Semaine - Page 35

  • Grand écran: "Burning Days", la loi du plus fort entre corruption, violence et homophobie. Brillant

    Emre, jeune procureur gay à l’idée bien ancrée du bien et de la justice est muté à Yaniklar, ville fictive reculée d’Anatolie en butte à de graves pénuries d’eau. A peine débarqué, il doit faire face aux redoutables et manipulateurs notables locaux, qui ne tardent pas à le trouver un peu louche. D’autant plus qu’il va nouer une relation ambiguë avec le mystérieux Murat, propriétaire du journal du coin.. 

    Mordus de chasse au sanglier, ces brutes enragées n’hésitent pas à poursuivre leurs proies jusque dans les rues en tirant des coups de feu tous azimuts. A l'image du maire autoritaire et populiste, ce sont eux qui dirigent la région et ont la mainmise sur l’approvisionnement en eau. Inutile de dire qu’ils sont déterminés à défendre leurs privilèges par tous les moyens.

    A l’approche des élections municipales, Emre accepte leur invitation à dîner et, tandis que le raki coule à flots, l’atmosphère s’alourdit. la tension monte, les dialogues se durcissent et on passe de l’humour gras au profond malaise. Bien qu’on ne parle pas ouvertement d’homosexualité,  le procureur est incité à prouver sa virilité pour faire taire les rumeurs à son sujet. Par ailleurs il lui est fortement conseillé de s’intégrer au mieux, de ne pas faire de vagues et de ne pas rechigner à toucher des pots de vin...  

    Ambiance glauque et anxiogène

    Sans manichéisme ou jugement péremptoire, Emin Alper propose un thriller politique noir sous haute tension, mâtiné de néo-western, porté par d’excellents acteurs. Créant une ambiance glauque et anxiogène, il brosse le portrait d’un pays plongé dans un système ancestral machiste, populiste, traditionnaliste, où règnent la corruption, l'intolérance, l’homophobie, la haine de l’autre et la violence.  

    Le tout sur fond de cratères béants menaçants, prêts à vous engloutir et sur l’un desquels s’ouvre le film. Un gouffre vertigineux, symbole d’un sentiment d’impuissance et de la difficulté de s’ériger en justicier dans un milieu où, cédant à la peur, la majorité obéit à la loi du plus fort.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 avril.

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  • Grand écran: "Je verrai toujours vos visages" nous apprend comment mettre des mots sur les maux. Passionnant

    La justice restaurative, vous connaissez? Pas vraiment. C'est normal, elle est méconnue. Complémentaire au traitement pénal d’une infraction, promue en Suisse par l'Association AJURES et dans la loi en France depuis 2014, elle consiste à mettre face à face des victimes et des auteurs d’une infraction (qu’il s’agisse des parties concernées par la même affaire ou non) et de les faire dialoguer.  Pour les agressés il s’agit de chercher l’apaisement, de trouver les moyens de se réparer, de se reconstruire et pour les agresseurs de prendre pleinement conscience de leurs actes, de leur répercussion et éviter de récidiver. Les discussions sont encadrées par des animateurs et médiateurs professionnels ou bénévoles. 

    Basée sur le volontariat, n'entraînant pas de remise de peine, cette pratique a inspiré Jeanne Herry, auteure des excellents Pupille et Elle l’adore. Elle en a fait le sujet de son dernier film Je verrai toujours vos visages. Réunissant un casting cinq étoiles, la réalisatrice propose deux cas de figure dans une mise en scène au cordeau.  

    Décor austère, reflet exact de la réalité, pour le premier. Il se passe en prison dans un cercle de parole composé de trois hommes condamnés pour vols avec violence (Dali Benssalah, Birane Ba, Fred Testot) et trois personnages interprétées par Gilles Lellouche, Leïla Bekhti et Miou- Miou (la mère de Jeanne Herry), victimes du même style de crimes. Ils ne se connaissent pas et vont échanger en présence de deux personnes (Jean-Pierre Darroussin, Suliane Brahim), formées donc pour les accueillir, comme cité plus haut,. 

    Parallèlement et en-dehors, on découvre Chloé (Adèle Exarchopoulos), violée par son grand frère pendant son  enfance. Apprenant qu’il est sorti de prison  et vit dans la même ville, elle craque et demande l’aide d’une médiatrice  (Elodie Bouchez) avant de le revoir. Ces deux dramaturgies avec des pics différents où les comédiens se donnent à fond dans des confrontations sous haute tension,  révélateurs par ailleurs du fonctionnement de cette justice, donnent une œuvre passionnante et prenante, loin du dossier ou de la thèse.  

    Trois formations pour la réalisatrice

    Jeanne Herry s’impose brillamment avec ses dialogues et son cadre serré. Elle nous en parle plus longuement à l’occasion d’une rencontre, nous éclairant tout d’abord sur le titre Je verrai toujours vos visages. «ll y a deux versants, l’un un peu traumatique dans la mesure où la victime est marquée à vie par celui de l’agresseur et l’autre côté réparateur, suite à ceux découverts lors de rencontres qui peuvent changer la vie». 

    Ce film a exigé une grosse documentation. Voire une formation.

    En effet. Pendant quatre mois je me suis entretenue avec des animateurs et des médiateurs et après deux mois, j’ai rencontré des victimes et des auteurs. J’ai également suivi trois formations. 

    C’est donc la parole comme remède, comme pansement sur les plaies. Un procédé par lequel les mots atténuent les maux en quelque sorte.

    Effectivement. C’est libérateur. Les victimes peuvent dire leur souffrance être entendues par les criminels, tandis que ces derniers prennent plus largement conscience de leur acte, se mettent aussi à évoquer leur parcours. Chaque victime y a droit, mais ce n’est malheureusemeas assez proposé. Alors que ça marche bien. 

    L’idée est avant tout de s’écouter, ce qui  se fait de moins en moins.

    C’est vrai, il, existe un manque flagrant en politique à l’Assemble nationale, sur les réseaux. On privilégie le clash et l’affrontement, l’insulte. 

    Un mot sur les médiateurs et médiatrices et l’importance de leur présence.

    Le principal est de garder une bonne distance, de laisser la place aux protagonistes, anticiper, comprendre, ne pas intervenir, se mettre en retrait. Le gros du travail est de préparer en amont ceux qui prennent la parole. Les gens vont animer leur propre débat. Mais tout cela s’apprend en formation. 

    « Je verrai toujours vos visages », à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 5 avril.  

     

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  • Grand écran: "Mon chat et moi, la grande aventure de Rroû" raconte l'amitié, la séparation, la liberte. Joli et émouvant

    Vif et curieux, Rroû est un irrésistible chaton aux yeux verts, dont la vie commence sur les toits de Paris, puis dans un appartement, lorsqu’il est adopté par la téméraire Clémence, dix ans. Pour ces deux-là, qui vont grandir ensemble, tout est prétexte à jouer, à découvrir, à apprendre. 

    Plus particulièrement lorsque Clémence emmène Rroû dans sa maison de campagne au cœur des montagnes vosgiennes. Ils se retrouvent à gambader et s'amuser comme des fous dans une nature à la fois fascinante et angoissante, rencontrent Madeleine (Corine Masiero) une femme sévère, solitaire,, un rien inquiétante elle aussi. La fillette l’appelle la sorcière.

    Le chat et sa petite maîtresse (excellente Capucine Sainson-Fabresse) vivent une incroyable aventure, jusqu’au jour où Rroû s’enfuit et redevient sauvage. Mais la liberté a un prix. Le félin va devoir affronter la dureté, les dangers d’un univers inconnu et la difficulté d’y survivre. De son côté, Clémence est ravagée par cette séparation. Elle surmontera son chagrin grâce à Madeleine qui, en dépit de son sale caractère, a évidemment un coeur d'or et connaît les bêtes mieux que personne.  
      
    Jolie et émouvante comédie familiale, Mon chat et moi, la grande aventure de Rroû, signé Guillaume Maidatchevsky est inspiré d’un livre de Maurice Genevoix. Tout en retraçant cette amitié, le cinéaste filme à hauteur de chat et nous montre le monde à travers son regard. Il a paraît-il fallu la patience de six coaches animaliers pour y parvenir.  
     
    Guillaume Maidatchevsky nous en dit plus à l’occasion d’une rencontre. Eternel insatisfait, ce biologiste de formation ne se trouvait pas assez bon. «Je rêvais de partir à l’aventure au bout du monde. J’ai fait des études de journaliste scientifique et réalisé tourné quelques documentaires pour France télévision avant de tourner Ailo : une odyssée en Laponie. En fait,  je suis un littéraire refoulé. Je n’avais jamais écrit une carte postale avant de commencer par de petits textes. Et j’ai alors compris que la main était un muscle qu’il fallait travailler et je me suis mis au scénario». 
     
    J’imagine que vous aimez beaucoup les chats.
     
    Pas vraiment. Je préfère les chiens.... D’ailleurs je prépare l’adaptation d’un conte de Didier Van Cauwelaert sur un labrador, guide d’aveugle qui se retrouve au chômage. Mon chat et moi, c’était une commande du producteur dont c’était le livre de de chevet. 

    Cela vous a demandé beaucoup de travail.

    En tout deux ans et demi. Ce récit n’est pas évident à lire et à transposer aujourd’hui. J’ai parfois dû regarder dans le dictionnaire pour comprendre certains mots. J’ai surtout gardé la nature, la campagne, le côté proche de l’animal. 

    Vous ajoutez votre patte, si j’ose dire, à ce récit d’apprentissage et d’émancipation. 

    En effet. J’ai apporté ma vision de ce que cela signifie de grandir avec un chat. En quelques mois, il devient adulte. Il faut accepter la différence. C’est aussi un message de respect et de liberté. 
     
    Vous avez changé le personnage féminin.
     
    C’est vrai. Il s’agissait à la base d’une servante. Du coup, on a fait un casting de 2000 fillettes pour. Capucine a compris immédiatement l’essence du film. Elle est hypersensible comme moi. C’était la seule avec laquelle je me sentais vraiment bien

    Vous évoquez la séparation d’avec le chat, mais également le divorce des parents. Pourquoi l'avez-vous jugé utile?

    Parce que ça m’est arrivé.

    «Mon chat et moi», la grande aventure de Rroû, à l’affiche depuis mercredi 5 avril dans les salles de Suisse romande.

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