Grand écran: "Burning Days", la loi du plus fort entre corruption, violence et homophobie. Brillant (12/04/2023)

Emre, jeune procureur gay à l’idée bien ancrée du bien et de la justice est muté à Yaniklar, ville fictive reculée d’Anatolie en butte à de graves pénuries d’eau. A peine débarqué, il doit faire face aux redoutables et manipulateurs notables locaux, qui ne tardent pas à le trouver un peu louche. D’autant plus qu’il va nouer une relation ambiguë avec le mystérieux Murat, propriétaire du journal du coin.. 

Mordus de chasse au sanglier, ces brutes enragées n’hésitent pas à poursuivre leurs proies jusque dans les rues en tirant des coups de feu tous azimuts. A l'image du maire autoritaire et populiste, ce sont eux qui dirigent la région et ont la mainmise sur l’approvisionnement en eau. Inutile de dire qu’ils sont déterminés à défendre leurs privilèges par tous les moyens.

A l’approche des élections municipales, Emre accepte leur invitation à dîner et, tandis que le raki coule à flots, l’atmosphère s’alourdit. la tension monte, les dialogues se durcissent et on passe de l’humour gras au profond malaise. Bien qu’on ne parle pas ouvertement d’homosexualité,  le procureur est incité à prouver sa virilité pour faire taire les rumeurs à son sujet. Par ailleurs il lui est fortement conseillé de s’intégrer au mieux, de ne pas faire de vagues et de ne pas rechigner à toucher des pots de vin...  

Ambiance glauque et anxiogène

Sans manichéisme ou jugement péremptoire, Emin Alper propose un thriller politique noir sous haute tension, mâtiné de néo-western, porté par d’excellents acteurs. Créant une ambiance glauque et anxiogène, il brosse le portrait d’un pays plongé dans un système ancestral machiste, populiste, traditionnaliste, où règnent la corruption, l'intolérance, l’homophobie, la haine de l’autre et la violence.  

Le tout sur fond de cratères béants menaçants, prêts à vous engloutir et sur l’un desquels s’ouvre le film. Un gouffre vertigineux, symbole d’un sentiment d’impuissance et de la difficulté de s’ériger en justicier dans un milieu où, cédant à la peur, la majorité obéit à la loi du plus fort.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 avril.

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