Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 33

  • Grand écran: portrait de la magnétique et combative Nan Goldin, dans "All The Beauty And The Bloodshed"

    C’est l’une des plus célèbres photographes de sa génération pour ses images queer avant-gardistes, exposées dans de nombreux musées. Venue au monde en 1953 à Washington, Nancy Goldin, dite Nan a  réinventé la notion de genre  et les définitions de la normalité Jeune fille introvertie, elle s'est heureusement émancipée dans une communauté alternative. Insolite, quand on pense que sa mère voulait faire d’elle une parfaite WASP (White Ango-Saxon Protestant) !

    Suite à une opération en 2017, Nan est devenue dépendante à l’OxyContin, un  médicament anti-douleur. Elle a survécu de peu, et depuis lors , cette amoureuse du collectif et du partage se bat inlassablement contre les Sackler, richissime famille aristocratique américaine, propriétaire du géant  pharmaceutique Purdue et  figurant parmi  les plus grands mécènes dans le domaine de l’art. 

    Les Sackler sont accusés d’avoir commercialisé l’OxyContin,  sans mettre en garde les patients contre ses dangereux effets  addictifs, dans le but de pousser à la sur-prescription.  Et d’être ainsi responsables de la crise des opiacés dans le monde, plus particulièrement  aux Etats-Unis, où elle a causé quelque  500.000 morts en vingt ans.

    Des opérations coups de poing

    Avec d’autres militants accros et .leurs proches, Nan Goldin  a fondé  l’organisation PAIN (Prescription Addiction Intervention Now) consacrée à la prévention des overdoses. Menant des opérations coup de poing  inspirées d’Act Up,  ses membres. ont dénoncé la complicité de grandes institutions comme le Louvre, la Tate, le Guggenheim ou le Met qui, jusqu’à récemment, acceptaient l’argent et les œuvres d’art de la famille Sackler. 

    Le film s’ouvre sur l’un de ces coups d’éclat emblématiques à l’intérieur du  prestigieux musée de la Cinquième Avenue,  avec projections de faux contenants d’opioïdes et d’ordonnances dans la fontaine de l’aile Sackler, tandis que des manifestants s’allongent sur le sol pour un  die-inll The Beauty And Th » saisissant et spectaculaire. . 

    Avec  Avec All The Beanty And The  Bloodshed (Toute la beauté et le sang versé) , Laura Poitras elle-même réalisatrice pugnace, s’est non seulement penchée sur la lutte acharnée de Nan Goldin.,  mais sur son existence et son parcours artistique. Elle brosse ainsi  un portrait fascinant de sa protagoniste,. marquée à jamais par le suicide de sa sœur en 1963., internée contre son gré car lesbienne. Le titre de l’opus est d’ailleurs inspiré d’un  texts de son aînée adorée.

    Oscarisée en 2015 pour Citizenfour  consacré au lanceur d’alerte Edward Snowdon, la documentariste a décroché le Lion d’or à la dernière Mostra de Venise avec son dernier (très) long métrage hybride, brillamment mené entre documentaire et biographie, né d’une volonté de Nan Goldin d’informer sur les intervention de PAIN.  On peut du coup reprocher  à l’auteur de multiplier les niveaux de lecture  Mais ce serait oublier que la vie de sa singulière héroïne,  qu’elle soit familiale, amoureuse ou sociale,. est inséparable de son oeuvre (à l’image de sa série emblématique  The Ballad Of Sexual Dependance), et de sa lutte acharnée.  

    Engagement sans faille contre les discriminations des gays dés 1983 

    Revisitant, principalement à l’ide d’une multitude de photos,  l’existence de cette incroyable battante, Laura Poitras retrace son engagement  contre les discriminations subies par la communauté gay à la fin des années 1970 et début 1980  Dès 1983, Nan Goldin a beaucoup et longtemps photographié ses amis de l’Underground queer de Boston, puis de la Bowery newyorkaise. Se succèdent  devant son objectif travestis, poètes,  écrivains, cinéastes, mais également drag queens, prostituées ou junkies à une époque où un  sida diagnostiqué équivalait à une condamnation à mort pour ces gens, créatifs ou non , fauchés les uns après les autres.

    Eminemment politique, artistiquement et socialement réussi,  cet opus frontal, radica,l où Nan Goldin se livre sans concession, s’apparente, on l’a souvent dit, au combat de David contre Goliath. Reste que les Sackler, poursuivis en justice par divers plaignants dont bien sûr PAIN, ont été forcés d’entendre  les témoignages de leurs victimes.  Devant ensuite payer six milliards de dollars à huit  états américains. Par ailleurs leur nom a été effacé du Louvre. Ainsi que de la Tate,  du Guggenheim ou du Met, qui ont renoncé à tout financement d’une dynastie avec du sang sur les mains. . 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi  25 avril. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "La plus belle pour aller danser" révèle une actrice, la jeune Brune Moulin

    Ecrivaine, journaliste, chanteuse, comédienne, scénariste, Victoria Bedos, la fille de Guy et la sœur de Nicolas, avait commencé à se faire un prénom en participant à l’écriture de La famille Bélier, qui avait cartonné au box-office en 2014 avec plus de sept millions d’entrées.

    Victoria s’affranchit encore davantage de son illustre lignée en réalisant son premier film La plus belle pour aller danser, une comédie intergénérationnelle, attachante, généreuse,  rythmée par le tube de Sylvie Vartan qu’avait écrit Charles Aznavour.  

    Marie-Luce, 14 ans (Brune Moulin) , est élevée par son père veuf (Philippe Katerine), qui l’entoure d’une attention excessive et d’une sollicitude pesante. Tous deux vivent dans une  pension de famille pour seniors, dont il est le directeur et où règne le bonheur. .  

    Mal dans sa peau, introvertie, moquée par ses camarades, elle n’est pas invitée à la soirée déguisée organisée par la reine du lycée.  Mais poussée par Albert, son meilleur ami homosexuel de 80 ans (Pierre Richard) , Marie-Luce décide d’y aller quand même, habillée en homme. Elle mijote de séduire Emile le nouvel élève qu’elle aime en secret. Et le miracle s’opère. Harcelée en fille, Marie-Luce fait un malheur en garçon. Elle s’invente alors un double, masculin, Léo, qui plaît beaucoup trop à Emile, incarné par le craquant Loup Pinard......

    Evoquant la famille, la relation père-fille, la difficulté pour une ado timide , tourmentée, se sentant invisible et pas dans le coup, de trouver sa place, le film est touchant, tendre et ne manque pas d'humour et d'une certaine originalité. Il peine pourtant dans le traitement inabouti, superficiel de son sujet central, la quête d’identité couplée avec l’homosexualité. Dommage. 

    On saluera en revanche la révélation d’une actrice, la charismatique Brune Moulin, époustouflante dans le rôle de Marie-Luce. Six mois pour la dénicher, mais cela valait la peine de s’accrocher. Brune est aussi convaincante en fille qu’en garçon. Victoria Bedos explique que le prénom et le look de Léo sont inspirés de ceux de Leonardo Di Caprio qui lui a retourné le cœur quand elle a vu Titanic pour la première fois.

    Et on n’oubliera pas Philippe Katerine, perruqué de frais, en père lunaire attendri, surprotecteur, émouvant, miné par la mort de sa femme, parfois énervé, mais totalement dévoué à ses vieux pensionnaires. .

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 avril.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "Burning Days", la loi du plus fort entre corruption, violence et homophobie. Brillant

    Emre, jeune procureur gay à l’idée bien ancrée du bien et de la justice est muté à Yaniklar, ville fictive reculée d’Anatolie en butte à de graves pénuries d’eau. A peine débarqué, il doit faire face aux redoutables et manipulateurs notables locaux, qui ne tardent pas à le trouver un peu louche. D’autant plus qu’il va nouer une relation ambiguë avec le mystérieux Murat, propriétaire du journal du coin.. 

    Mordus de chasse au sanglier, ces brutes enragées n’hésitent pas à poursuivre leurs proies jusque dans les rues en tirant des coups de feu tous azimuts. A l'image du maire autoritaire et populiste, ce sont eux qui dirigent la région et ont la mainmise sur l’approvisionnement en eau. Inutile de dire qu’ils sont déterminés à défendre leurs privilèges par tous les moyens.

    A l’approche des élections municipales, Emre accepte leur invitation à dîner et, tandis que le raki coule à flots, l’atmosphère s’alourdit. la tension monte, les dialogues se durcissent et on passe de l’humour gras au profond malaise. Bien qu’on ne parle pas ouvertement d’homosexualité,  le procureur est incité à prouver sa virilité pour faire taire les rumeurs à son sujet. Par ailleurs il lui est fortement conseillé de s’intégrer au mieux, de ne pas faire de vagues et de ne pas rechigner à toucher des pots de vin...  

    Ambiance glauque et anxiogène

    Sans manichéisme ou jugement péremptoire, Emin Alper propose un thriller politique noir sous haute tension, mâtiné de néo-western, porté par d’excellents acteurs. Créant une ambiance glauque et anxiogène, il brosse le portrait d’un pays plongé dans un système ancestral machiste, populiste, traditionnaliste, où règnent la corruption, l'intolérance, l’homophobie, la haine de l’autre et la violence.  

    Le tout sur fond de cratères béants menaçants, prêts à vous engloutir et sur l’un desquels s’ouvre le film. Un gouffre vertigineux, symbole d’un sentiment d’impuissance et de la difficulté de s’ériger en justicier dans un milieu où, cédant à la peur, la majorité obéit à la loi du plus fort.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 avril.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire