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Sorties de la Semaine - Page 30

  • Grand écran: "Un petit frère", portrait de femme, doublé d'un regard nouveau sur les migrants

    Cinq ans après l'original Jeune femme, porté par Laetitia Dosh, Léonor Serraille se lance dans une chronique familiale plus classique, en suivant l’itinéraire de Rose, de la fin des années 80 jusqu’à aujourd’hui. Mère célibataire d’origine ivoirienne, elle débarque à en France  avec ses deux fils Jean et Ernest. Elle s’installe d’abord en banlieue parisienne chez une parente, avant de partager son existence et celle de ses enfants entre la capitale et Rouen, au fil de ses rencontres sentimentales.

    Avec Un petit frère, Léonor Serraille porte son regard personnel et nouveau sur l’identité, l’immigration, le déracinement et l’intégration dans cette saga intime assez émouvante en trois chapitres, évoquant à la fois l’entre-deux siècles, le  temps qui passe, le quotidien mouvementé et le destin de chacun de ses personnages, unis par des liens complexes. 

    Le morceau plus réussi dans cet opus qui n’est pas toujours à la hauteur des ambitions de son auteur, est celui consacré à Rose, dont la réalisatrice brosse le portrait en ouverture, avant de se consacrer à ses deux fils. Rose est une femme forte, déterminée, qui se bat, choisit sa vie et les hommes qui en font partie. Aimant la fête, joyeuse, éprise de liberté, elle est incarnée par Annabelle Lengronne, convaincante dans son premier grand rôle .

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 février.

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  • Grand Ecran: le nouvel "Astérix", une comédie fumeuse qui pourrait faire un tabac?

    Très attendu, sinon pressenti comme le film français de l’année, ce voyage d’Astérix et Obélix dans L’Empire du Milieu est aussi l’un des chers avec son budget de 65 millions d’euros après l’aventure du petit Gaulois réfractaire et teigneux aux Jeux Olympiques  (76 millions).  D’où l’impressionnant matraquage publicitaire pour rentabiliser cette histoire originale, qui n'est donc pas l'adaptation d'un album. 

    Nous sommes en 50  avant J.C.  L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par le perfide prince Deng Tsin Quin. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux valeureux Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique

    Ils acceptent bien sûr et les voici en route pour l’Empire du Milieu. D’autant qu’il y a du Romain à castagner en chemin, César ayant décidé, dans son inextinguible soif de conquête, de mettre lui aussi le cap sur la Chine avec son armée de choc..

    La télévision hexagonale, qui n’a pas et de loin l’apanage de l’analyse critique, encense évidemment le dernier-né de Guillaume Canet, invité par ailleurs sur tous les plateaux pour défendre son opus et ses protagonistes. Ce n’est en revanche pas le cas de la majorité de la presse écrite, à en juger par son entreprise de démolition de cette comédie empilant les stars, multipliant les caméos, Angèle, Orelsan Zlatan Ibrahimovic, et les références incongrues au fil  d’un scénario particulièrement décousu.  

    Rares en effet sont ceux qui évoquent un humour ravageur,  des clins d’œil savoureux, une potion ludique qui égaye l’hiver, ou un joli divertissement familial. Pour la plupart des autres, la potion est tragique, un loupé qui va du pénible navet pachydermique au néant doublé d’un ennui insultant, en passant par des vannes anachroniques aussi plates que foireuses.

    Les comédiens principaux Guillaume Canet (vegan et déprimé en l’occurrence, à quand le téléphone portable?), Marion Cotillard, Vincent Cassel, José Garcia, ne sont pas épargnés non plus, un euphémisme. Même Philippe Katherine aligne les bêtises. Seul Gilles Lellouche en Obélix réussit à faire une certaine unanimité. Tout comme chacun s’accorde à dire que cette nouvelle aventure ne vaut pas l’irrésistible et cultissime Mission Cléopâtre d’Alain Chabat. On abonde.

    Voici qui doit ébranler un chouia les certitudes de Guillaume Canet qui s’est autoproclamé le sauveur de la pellicule tricolore ! Mais qui sait? Comme toujours le public jugera. Il pourrait en effet se presser dès aujourd’hui dans les salles obscures. Un cinglant démenti qui évidemment ne garantira pas la qualité de l’œuvre...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er février.  

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  • Grand écran: dans "Tar", Cate Blanchett fascine en cheffe d'orchestre dominatrice, brillante et exécrable

    Elles ne sont qu’un petit 8% dans le monde. Et pourtant coup sur coup, deux films se penchent sur le destin de deux cheffes d’orchestre. Mais ils sont très différents. Alors que la Française Marie Castille Mention-Schaar raconte, dans Divertimento, le véritable parcours d’une jeune fille rêvant de tenir la baguette et créant son propre ensemble symphonique (voir notre interview du 24 janvier), l’Américain Todd Field emprunte un autre chemin avec Tar.. Celui de la fiction où il imagine Lydia, cheffe avant-gardiste du prestigieux 0rchestre philarmonique de Berlin. 

    Le rôle a été écrit par l’auteur de Little Children pour Cate Blanchett qui livre une performance magistrale. Elle a déjà été sacrée meilleure actrice à la Mostra de Venise, aux Golden Globes, recevra un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et compte bien rafler une statuette aux Oscars. Ce qui ne fait apparemment pas l’ombre d’un doute, tant cette formidable comédienne bouleverse avec sa partition virtuose. Elle n’incarne pas, elle est tout simplement Lydia Tar. 

    Lesbienne pour le moins anticonformiste, rare femme à s’être imposée par son génie dans ce milieu masculin et machiste, la pionnière est au sommet de sa carrière. Exigeante, brillante, sûre d’elle, elle a tout, que ce soit sur le plan professionnel ou dans le prive où elle mène une vie agréable entre son épouse et leur petite fille.  

    Tar, d’une durée de 2h38, commence par une longue interview de la musicienne face à un public conquis en dépit de sa manière prétentieuse, complexe et contradictoire d’expliquer et d’appréhender son art. Plus tard, alors qu’on apprend qu’elle va publier son autobiographie auto-écrite tout en préparant un cycle Mahler, on la voit se disputer assez violemment avec un étudiant prônant l’inclusion. Refusant catégoriquement d’écouter et de jouer du Bach qu’il trouve misogyne et fermé à la diversité, il finit par quitter la classe, ne supportant pas les remarques mordantes et humiliantes de la féroce Lydia. 

    Petit à petit toutefois, Todd Field lève le voile sur les zones d’ombre et la nature sombre de son héroïne féministe dominatrice, en quête permanente de perfection et se croyant intouchable. Son existence apparemment parfaite se fissure suite à une accusation de harcèlement moral ayant entraîné le suicide d’une de ses anciennes élèves avec laquelle elle a eu une liaison. C’est alors que l’artiste visionnaire à la fois admirée, adulée, honorée et crainte, va tout perdre. 

    Tout en brossant le portrait d’une femme talentueuse, fascinante, rebutante, voire exécrable, le réalisateur explore et dénonce, dans ce remarquable opus austère et plus ou moins post MeToo, les excès du wokisme, de la cancel culture, les mécanismes et abus persistants du pouvoir. Qui n’a pas de genre particulier et auquel on se heurte même lorsqu’on prétend l’abolir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 25 janvier.   

     

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