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Sorties de la Semaine - Page 31

  • Grand écran: avec "Babylone", Damien Chazelle propose le meilleur... et le pire. Margot Robbie et Brad Pitt déchirent

    Grandeur et décadence, gloire et déchéance, splendeur et misère, éternel récit d’ascension et de chute.  Après Whiplash et La La Land, Damien Chazelle revient avec Babylone. Durant plus de trois heures, il nous emmène dans le Hollywood des années 20-30, terre d’excès, de débauche et de dépravation sans limites. Il y brosse le portrait d’un monde qui se brûle en vivant à 200 à l’heure. 

    Dans cette fresque épique au rythme délirant, Damien Chazelle suit plus particulièrement, au milieu d’une immense foule de personnages, trois d’entre eux. Et tout d’abord Manny Torres (Diego Calva) un jeune Mexicain prêt à tout pour dégoter un job dans la Mecque. On le découvre alors qu’il est chargé d’amener un éléphant à la fête démente d’un gros producteur. 

    Son transport est dantesque, le pachyderme, futur clou du spectacle, choisissant de se lâcher dans un immonde déluge d’excréments. L’ouverture est symbolique de la suite, une gigantesque et interminable partouze du plus mauvais goût, les invités sombrant dans une orgie d’alcool, de drogue et de sexe.

    C’est là que s’invite sans complexe Nellie LaRoy (Margot Robbie),  ambitieuse et voluptueuse apprentie actrice, comptant sur ses charmes pour devenir une grande vedette. Elle sympathise avec Manny et, comme prévu, réussit à décrocher un bout d’essai en payant de sa personne. A l’opposé, il y a Jack Conrad (Brad Pitt) super star du muet que tout le monde s’arrache, mais menacé par l’arrivée du parlant.  

    Après cette bacchanale, l’auteur s’intéresse au parcours de ses trois têtes d’affiche dans les années suivantes, alors que le cinéma se transforme devenant une nouvelle industrie, où tout le monde doit s’adapter. A commencer par Nellie, ce qui donne notamment lieu à d’hilarantes scènes de tournage.

    Film fleuve extravagant, captivant, bordélique et, parfois, insupportable

    Margot Robbie enfile à la perfection le costume de cette jeune femme façon tornade, complètement dingue et totalement désinhibée. Diego Calva se révèle excellent dans le rôle de ce Mexicain avide d’en être mais dépassé par les événements. Quant à Brad Pitt il est tout aussi remarquable en comédien adulé du muet qu’en survivant éphémère d’une ère révolue. 

    Bourré d’anecdotes authentiques, de références, de clins d’œil, Ce film fleuve, extravagant, rocambolesque, cacophonique, bordélique,  est à la hauteur (ou à la bassesse) du microcosme impitoyablement décrit.  Mais s’il est dévastateur pour ce monde immoral, comme le parlant le fut pour le muet et ses stars dont beaucoup disparaîtront, Chazelle n’en fait pas moins une nouvelle déclaration d’amour au cinéma en général. 

    Il rend ainsi hommage à sa magie et, en dépit de tout, à son pouvoir de faire rêver et vibrer le spectateur. Une folle odyssée où le réalisateur franco-américain propose le meilleur et le pire, captivante, émouvante, amusante, mais aussi Insupportable d’exagération et de surenchère. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 janvier.

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  • Grand écran: "La ligne", violent face-à-face mère-fille. Avec Valeria Bruni Tedeschi et Stéphanie Blanchoud

    Après avoir brutalement agressé et blessé Christina (Valeria Bruni Tedeschi), sa mère borderline, Margaret (Stéphanie Blanchoud), 35 ans,  dont on apprend incidemment qu’elle a déjà subi et infligé des violences physiques et psychologiques, est arrêtée par la police et soumise à une injonction d’éloignement. 

    En attente de son procès, elle est condamnée à ne plus s’approcher à moins de 100 mètres de la maison familiale. Dès lors, Margaret n’aura de cesse de se faire pardonner son acte qui a rendu sa mère sourde et se tient chaque jour au seuil d’une ligne à ne pas franchir, physiquement tracée au sol par sa soeur Marion, 12 ans, qui elle donne des leçons de musique. Le conflit ne fait qu’empoisonner les relations déjà complexes au sein de cette famille dysfonctionnelle où règne l’incommunicabilité.   

    La réalisatrice suisse Ursula Meir, à qui l'on doit Home ou L'enfant d'En-haut, concentre son histoire sur Margaret, fille agressive aux réactions aussi inquiétantes qu’imprévisibles dont on préfèrerait se débarrasser et sa mère Christina, fragile et immature créature de 55 ans. Intense, enragée, névrotique, Stéphanie Blanchoud, co-autrice du scénario, donne ainsi la réplique à Valeria Tedeschi dans le rôle, peu étonnant pour elle, de cette mère impulsive, fantasque, exaltée, excessive, culpabilisante, reprochant à sa fille d’avoir ruiné sa carrière de pianiste.   

    La ligne, un film singulier, qui a beaucoup pour séduire.  Pourtant, en dépit d’une folle scène d’ouverture, cet étonnant portrait de femmes ne convainc pas vraiment dans son approche de la violence. En cause, un sentiment général d’artificialité. On a notamment du mal à se projeter dans les deux personnages principaux, dont le jeu déborde souvent, tombant dans l’outrance et l’hystérie. Tout comme on reste un rien circonspect face à la jeune Marion, sujette à de bizarres accès de mysticisme.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 janvier. 

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  • Grand écran: "Tirailleurs", avec Omar Sy dans l'enfer des tranchées. Hommage historique et émouvant

    Troisième personnalité préférée des Français derrière l’indétrônable Jean-Jacques Goldman et Thomas Pesquet, Omar Sy tient le premier rôle dans Tirailleurs de Mathieu Vadepied. Longuement ovationné lors de la présentation du film dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes en mai dernier, le comédien se retrouve dans l’enfer des tranchées de la Première Guerre mondiale. Jouant dans la langue peul, il incarne Bakary, un père sénégalais qui s’est enrôlé pour protéger son fils Thierno.

    Celui-ci a été capturé dans son village en 1917, à l’instar de quelque 200.000 Africains destinés à servir dans l’armée française Les tirailleurs sénégalais ( même si le recrutement ne se limitait pas à eux)  sont envoyés en première ligne où ils mourront par dizaines de milliers.

    Relation conflictuelle

    Si Mathieu Vadepied, caméra à l’épaule, raconte la guerre, le fracas des bombes avec leur cortège d’horreurs, d’atrocités, de destins brisés, de corps broyés, il se penche également sur les rapports à la fois affectueux, compliqués et conflictuels qu’entretiennent ses deux protagonistes.

    Alors que le père veut absolument garder le contrôle sur son fils et le ramener vivant à la maison, Thierno refuse de lui obéir. Et cela d’autant plus qu’il est passé caporal et devenu ainsi le supérieur de son papa.

    Au-delà de l'émouvante et chaleureuse lnterprétation d'Omar Sy, on relèvera l’intérêt de Tirailleurs, dans la mesure où les films ayant traité la question sont plutôt rares. D'où l'importance historique et l’utilité de cette œuvre de mémoire en hommage aux courageux combattants arrachés à leur famille. Rappelons que ce corps militaire a été dissous en 1960.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 janvier. 

     

     

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