Grand écran: "Oppenheimer" nous immerge dans la vie tourmentée du père de la bombe atomique (22/07/2023)
Adapté de la biographie American Prometheus de Kai Bird et Martin J. Sherwin, le film raconte l’histoire du physicien Julius Robert Oppenheimer..Directeur du projet Manhattan, il met au point avec son équipe, dans le laboratoire de Los Alamos au Nouveau-Mexique, la première bombe atomique qui fera des ravages à Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Tourné en pellicule et en Imax, ce premier biopic de Christopher Nolan (Tenet, Interstellar, Dunkerque), retrace notamment la course contre la montre liée à la bombe, engagée par les Etats-Unis contre l’Allemagne nazie. Mais il est surtout centré sur le père de cette arme de destruction massive. Erigé en héros à la sortie de la guerre, il est discrédité par le gouvernement dans les années 50, à l’époque du maccarthysme, puis réhabilité dans la décennie suivante.
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Sans attendre, le réalisateur nous plonge dans la tête d’Oppenheimer pour mieux nous faire ressentir les doutes, la perception de la réalité, la vision du monde.de cet homme peu aimable, déchiré, constamment en proie aux paradoxes et dilemmes moraux posés par l’avancée de la science face à une humanité tentée par son autodestruction.
Thriller psychologique, film à procès, de guerre, d’aventure, cette œuvre sensorielle entre portrait intimiste critique, hagiographie et fresque politique nous immerge ainsi dans l’existence tourmentée et les conflits intérieurs de de ce scientifique de génie, idéaliste complexe qui a entretenu des liens dangereux avec le parti communiste.
De Cillian Murphy à Robert Downey Jr.
Dans son rôle, on retrouve Cillian Murphy pour une sixième collaboration avec Nolan mais pour la première fois en tête d’affiche. Intense, émacié, il est littéralement habité par son personnage. Emily Blunt incarne sa femme, biologiste et botaniste, Matt Damon, très convaincant, se glisse dans le costume du général Leslie Groves, qui avait confié à Oppenheimer la direction du projet Manhattan, tandis que Robert Downey Jr ., méconnaissable, interprète avec un talent qu’on avait oublié Lewis Strauss, un des membres fondateurs de la Commission de l’Energie atomique des Etats-Unis. C’est entre ces deux protagonistes que s’articule surtout l’intrigue.
Mêlant les scènes en couleur (tournées du point de vue d’Oppenheimer) et en noir et blanc (celles de ses opposants), les époques (années 20 à 60), Christopher nous livre un opus de trois heures. Il est imposant, dense, palpitant, impressionnant, plus particulièrement dans l’une des scènes capitales, la fameuse première explosion nucléaire réalisée lors de l’essai Trinity dans le désert américain, le 16 juillet 1945,. Nolan, n’ayant pas eu recours a des effets spéciaux numériques, privilégie le silence pour laisser parler l’image.
Des réflexions à résonance sinistre
Ce qui est plutôt rare! Car si ce méga long métrage l’opus captive, voire fascine, il assomme aussi, car il se révèle terriblement bavard. Si on a droit aux remises en question de chacun, l’auteur s’ingénie à compliquer les choses. Non seulement il nous noie sous des flots d’informations et d’individus divers, au point qu'on se sait plus trop qui est qui, mais la joue didactique en nous expliquant les phénomènes de fission et de fusion pendant une bonne heure. De quoi larguer le spectateur non averti, alors qu’il ne veut pas le perdre!
On mettra également un gros bémol sur les scènes de sexe, totalement inutiles, dont une fantasmé, qui tourne carrément au grotesque.
Cela dit, on ne peut nier qu’Oppenheimer montre un Christopher Nolan très inquiet de notre avenir, avec ses réflexions qui résonnent sinistrement avec la guerre en Ukraine et les menaces nucléaires brandies par Vladimir Poutine.
A l'affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 19 juillet.
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