Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 36

  • Grand écran: "Joyland", un appel à vivre librement sa sexualité au Pakistan. Coloré et audacieux

    Dans ce premier long métrage, qui s’est vu décerner en mai dernier à Cannes le prix du jury de la section Un certain regard ainsi que la Queer Palm, le Pakistanais Saim Sadiq nous emmène à Lahore, dans une famille conservatrice, stricte et respectueuse des traditions. Plusieurs générations cohabitent sous le même toit, dont le cadet Haider et sa femme. 

    Sans boulot, fauché, frustré, ne jouissant d’aucune intimité, le jeune homme se sent coincé au milieu de cette smala sous emprise patriarcale toxique, où il se cherche désespérément. Il a constamment son père sur le dos, qui lui reproche de ne pas s’acquitter des tâches masculines, qu’il s’agisse de tuer une chèvre, d’empêcher sa femme de travailler, ou de lui donner un petit-fils. Et le somme de trouver un travail pour contribuer à subvenir aux besoins des siens.

    Mais Haider aimerait tant mener son existence comme il l’entend. Un jour, il déniche un job dans un cabaret érotique et tombe fou amoureux de Biba, une flamboyante performeuse trans aux dents longues et au caractère de cochon qui décide de l’engager dans sa troupe. Voilà qui ne simplifie pas franchement son quotidien sous le joug paternel...

    Bien que les transgenres restent au ban de la société, la mise en vedette de Biba n’est pas seulement une occasion, pour Saim Sadiq, de défendre leurs droits en nous embarquant dans une romance interdite, mais aussi un moyen de discuter de thématiques qui le passionnent.

    Nombreux sujets abordés

    Avec Joyland, qui est aussi le nom d’un parc d’attractions à Lahore, le cinéaste évoque la façon de s’épanouir et appelle à vivre librement sa sexualité dans un milieu fermé à des orientations différentes. Issu de la classe moyenne, Saim Sadiq s’est inspiré de sa propre famille et d’un théâtre près de chez lui, où il a découvert un monde moins tabou qu’il l’imaginait. C’est ce qui l’a poussé à interroger le concept de désir «qu’on passe notre vie à essayer de cacher, dit-il», de masculinité, de féminité, à questionner sa place au sein d'une société à laquelle il appartient, qui l’a en même temps façonné et lésé. 

    Surfant sur une histoire d’amour impossible, le réalisateur aborde ainsi courageusement de nombreux sujets, de la famille à la politique,  en passant par le sexe, le patriarcat, la religion Il propose ainsi une chronique en forme de radioscopie critique d’un paya à la fois ultra conformiste et en voie de mutation.  

    Première pakistanaise en sélection officielle sur la Croisette, Joyland avait alors  fait sensation et emporté l’adhésion d’une majorité de la critique, qualifiant l’opus d’extrêmement fort et bouleversant. Bien qu’on l’estime tenir davantage de l’audace, de la curiosité et de la découverte que de l’incontestable réussite cinématographique, on n’en retiendra pas moins aussi son côté attachant, coloré, joyeux, chorégraphique. Et la qualité de l’interprétation.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 mars. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "La passagère", mélodrame porté par l'émouvante Cécile de France. Une jolie réussite

    La belle Cécile de France, un atout majeur. Elle le prouve une fois encore dans La passagère d’Héloîse Pelloquet, où elle incarne Chiara une quadra énergique, déterminée  et indépendante qui ne se laisse pas marcher sur les pieds . Elle vit depuis 20 ans sur une île de la côte atlantique avec son mari Antoine, pêcheur, dont elle a appris le métier. Heureux amoureux, ils travaillent côte à côte au quotidien, comme nous le montre le début du film, centré sur les activités du couple.  Et puis un jour, débarque Maxence (Félix Lefebvre), séduisant jeune apprenti. 

    On devine la suite de ce mélodrame, histoire classique d’une liaison adultérine entre une femme  mûre et un garçon qui pourrait être son fils. Mais si le scénario est aussi ténu que prévisible, l’intéressant, c’est le traitement que lui réserve la réalisatrice. Tout en nous offrant un superbe portrait de femme cédant à un désir fort qui l’envahit, elle évoque la désapprobation sociale que lui vaut ce laisser aller à une relation forcément coupable, honteuse, étant notamment donné la différence d’âge.  

    Cela nous permet au passage de constater que rien ne change, ce qui est permis, sinon banal, pour un homme ne l’étant toujours pas, ou en tout cas difficilement, pour une femme. On regrettera pourtant.la démonstration de la chose dans une scène inutile et outrancière où de sales gamins vont jusqu’à jeter des pierres à Chiara. 

    Mais cette maladresse ne gâche heureusement pas la simplicité, la sincérité, la singularité avec lesquelles Héloïse Pelloquet aborde son histoire d’amour pimentée de sexualité sans tabou. Elle est magnifiquement portée par une Cécile de France émouvante, toujours aussi juste et convaincante. A ses côtés le craquant Félix Levèbvre (Maxence), découvert dans Été 85 de François Ozon, se montre à la hauteur. 

    Une jolie réussite symbolisée par un dénouement inédit et futé, qu’on se gardera évidemment de vous révéler. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 21 mars. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: avec "Mon crime", François Ozon emballe toute la critique. Enfin presque...

    Paris, années trente. Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice aussi médiocre que fauchée, vivant dans un petit appartement sans eau courante, a bien l'intention de grimper dans la société. Mais elle est accusée du meurtre d’un célèbre producteur libidineux, chez qui elle s’était rendue pour décrocher un  rôle.  Aidée de sa colocataire et meilleure amie Pauline, avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense.. 

    Le procès est retentissant. Croulant désormais l’une et l’autre sous les propositions, les deux filles peuvent quitter leur logement misérable et emménager dans un bel hôtel particulier à Boulogne. C’est alors que surgit Odette Chaumette (Isabelle Huppert), impayable actrice déchue du muet... 

    Avec Mon crime, François Ozon revisite une pièce de théâtre éponyme sur le machisme de l’époque  signée de Georges Berr et Louis Verneuil. Il livre une comédie fantaisiste et foldingue dans la lignée de Huit femmes,  qui navigue également entre Potiche et Peter Von Kant . Saupoudrée de critique sociale elle veut faire écho aux questions actuelles sur le droit des femmes et l’égalité des sexes 

    Charge contre le patriarcat au gré de situations burlesques, ce vaudeville policier amoral au scénario improbable, jouit d’un casting étoilé. Outre Isabelle Huppert, on trouve Fabrice Luchini oiu encore Danny Boon. Mais elle est surtout portée par Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. A la fois irrésistibles et manipulatrices, elles refusent de se soumettre et n’hésitent pas à user de mensonges et de mauvaise foi pour piéger de riches vaniteux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.,

    Ce film féministe et populaire est carrément plébiscité par la critique. Pourtant, si on savoure quelques scènes, on reprochera à François Ozon de se contenter d’un exercice de style empreint d’une théâtralité certes complètement assumée, mais lassante à la longue. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 mars. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire