Un naufragé échoue sur une île déserte tropicale, peuplée de tortues de crabes et d’oiseaux et va devoir survivre avec les ressources du coin. A travers son aventure, le Néerlandais Michaël Dudok De Wit propose La tortue rouge, un film sur le cycle de la vie en quelques étapes, initiation, rencontre, naissance, vie à trois et vieillesse.
La tortue rouge est un premier long-métrage ambitieux qui a pris du temps, le réalisateur ayant commencé à écrire le scénario en 2007 déjà. Il a été notamment coproduit par le célèbre studio d’animation japonais Ghibli, qui travaille pour la première fois avec un réalisateur européen.
Au début, on assiste aux tentatives vaines et désespérées du héros de gagner le large à bord d’un radeau qu’il s’échine inlassablement à construire et reconstruire. Epuisé, il finit par abandonner, vaincu par un ennemi invisible mais décidé à communier avec la nature plutôt que de continuer à se battre inutilement. Il se résout alors à vivre sur cette île finalement moins hostile que prévu et la découvre peu à peu, franchissant des rochers abrupts, s’exposant à des dangers parfois oppressants pour le spectateur claustrophobe…
Son île est également pleine de mystère, permettant à Michaël De Wit d’ajouter une touche de fantastique, avec la présence d’une grande tortue rouge qui se transformera en femme. Le naufragé en tombe amoureux, ils font un enfant et ils vivront ensemble jusqu’à la mort. Le réalisateur raconte qu’elle est une réalité à laquelle l’homme a tendance à vouloir s’opposer, à en avoir peur, à lutter contre elle. Ce qui est sain et naturel, relève-t-il.
L’important c’est aussi ce message sur transmission, avec les générations qui se suivent, les enfants qui répètent les gestes des pères, les valeurs qu’on leur inculque, qu’on leur laisse. Touchante, cette fable métaphysico-poético-écolo au dessin minimaliste, qui avait reçu le Prix spécial de la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, est par ailleurs quasiment muette. Outre la musique, seuls quelques sons et onomatopées traduisent les sentiments des personnages. Plus émouvants que les mots.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 juin.
Sorties de la Semaine - Page 203
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Grand écran: "La tortue rouge", une émouvante fable poético-écologique
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Grand écran: "Guibord s'en va-t-en guerre", une amusante comédie politique venue du Québec
Dans ce film divertissant et sans prétention, le réalisateur Philippe Falardeau met en scène le député indépendant Steve Guibord, ancienne star du hockey aujourd’hui représentant fédéral d'une immense circonscription dans le nord du Québec. Il se trouve dans une position particulièrement inconfortable, sa voix se révélant cruciale lors du vote au parlement qui doit décider de l’entrée en guerre ou non du Canada avec le Moyen-Orient.
Répugnant à choisir son camp, Guibord sillonne les lieux pour consulter ses électeurs avec sa femme qui est pour, sa fille qui est contre et son stagiaire Souverain Pascal, un étudiant haïtien en sciences politiques. Idéaliste, il est venu parfaire des connaissances essentiellement livresques, notamment acquises avec Jean-Jacques Rousseau. Mais au bout de leur tournée, au cours de laquelle ils croiseront des pacifistes, des miniers, des routiers et des aborigènes, le député devra bien finir par se déterminer.
Le sujet de la guerre est un thème prétexte polarisant, qui permet aussi bien d’évoquer les différences au sein des partis, les conflits entre les citoyens et les lobbyistes de tout poil et ceux qui règnent à l’intérieur de la famille du politicien indécis.
Philippe Falardeau, rencontré l’an dernier au Festival de Locarno avant la projection de son film sur la magique Piazza Grande, où il avait déjà présenté avec succès Monsieur Lazhar, en 2011 avait alors hâte de voir si son humour trouvait une certaine résonance. "Mais j’ai confiance. S’il y a des gens placés pour comprendre ma démarche politique, ce sont bien vous les Suisses, avec votre système complexe ».
La différence, c’est la taille énorme du pays. "On peut mettre 241 fois la Suisse dans le Canada. Il est impossible de concilier les intérêts d’une aussi vaste région. Pour nous, la démocratie c’est compliqué. Sinon carrément le bordel. On vote de moins en moins et on cultive un cynisme malsain».
C’est la raison pour laquelle Philippe Falardeau a introduit un personnage très cultivé mais aussi très naïf venu de Haïti et pour qui la démocratie est un système pur. "En outre la culture orale chez lui rend le débat public facile. Enfin, nous avons un rapport assez intime avec Haïti dans la mesure où il existe une forte communauté au Québec".
Souverain Pascal alias Irdens Exantus, souvent irrésistible avec son sourire contagieux, va ainsi suivre Guibord dans ses tribulations de campagne. C’est à Patrick Huard, humoriste, comédien et cinéaste, que Philippe Falardeau a confié le rôle du député (photo des deux protagonistes en compagnie de Suzanne Clément).
"Patrick Huard a plusieurs films à son crédit et pouvait comprendre l’humanité du personnage. Je cherchais un homme à la fois proche des gens sur le terrain ainsi qu'aux prises avec sa femme et sa fille. Je l’ai trouvé et j'estime qu'il forme un bon tandem avec Irdens Exantus . Ils s’apprivoisent, s’apportent beaucoup l’un à l’autre et à la fin, ils changent tous les deux pour le mieux".
A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 juin.
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Grand écran: le petit poisson bleu amnésique revient dans "Le monde de Dory"
Treize après l’énorme succès du Monde de Nemo, Dory, le petit poisson chirurgien bleu opère son retour sur grand écran. Cette fois, l’héroïne qui avait aidé Marin le poisson clown à retrouver son fils est à la recherche de ses propre parents. Avec, les rôles étant inversés, Nemo et Marin qui viennent à son secours. D'où une leçon de vie selon laquelle l'important n'est pas seulement la famille dans laquelle on est né, mais aussi celle qu'on se crée en chemin.
L’ennui, c’est que depuis toute petite, ce qui nous vaut au passage un bébé absolument craquant, Dory souffre d’un trouble de la mémoire immédiate. Du coup elle oublie systématiquement ce qu’elle-même et les autres viennent de dire. Un Inconvénient provoquant quelques situations critiques au cours du voyage.
Outre des figures cultes, on en rencontre de nouvelles, dont l’extraordinaire poulpe caméléon Hank et sa stupéfiante façon de se déplacer, ou encore Becky, oiseau ébouriffé aussi sot que l’otarie Gerald.
Si on retrouve l’esprit de Nemo dans Le monde de Dory réalisé par Andrew Stanton et l’humour qui fait s’esclaffer les petits, les fans trouvent le film moins bien que son prédécesseur, tandis que les spécialistes estiment qu’il ne s’agit pas d’un grand Pixar.
Il n’en est pas moins destiné à faire un carton. Selon les chiffres du box-office, il a éclipsé Nemo, réalisant le meilleur démarrage de l’histoire pour un film d’animation.
A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 juin