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Sorties de la Semaine - Page 206

  • Grand écran: Virginie Efira craquante dans "Victoria", comédie romantique sous influence sexuelle...

    avirgef.jpgAprès La Bataille de Solférino, qui mettait en scène un couple hystérique lors de l’élection présidentielle de 2012, la réalisatrice Justine Triet dévoile brillamment ses obsessions dans Victoria en évoquant les démêlés d’une avocate pénaliste mère de deux petites filles. La trentaine sexy, naviguant sur une corde raide avec un art consommé du cataclysme, elle est à la recherche d’un difficile équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie amoureuse.

    Mais les choses ne vont pas s’arranger lorsqu’elle retrouve à un mariage son ami Vincent, accusé du meurtre de sa compagne. Il la supplie de le défendre. Très réticente, elle finit par accepter (ce qui lui vaudra plus tard six mois de suspension pour offense à l’éthique), tout en embauchant Sam, un ex-petit dealer qu’elle avait tiré d’affaire, comme baby-sitter. Il s’incruste sur son canapé, passant du colocataire à l’assistant, puis à l’amant.

    Cette comédie romantico-barjo sous influence sexuelle même si Justine Triet n’en montre pas beaucoup, se double d’une satire du couple, mêlant aussi enfants, justice, argent. Elle est portée de bout en bout par l’excellente et craquante Virginie Efira, désarmante de naturel. Belle, intelligente, en plein chaos sentimental, elle est en outre harcelée par son ex qui lui pourrit la vie dans son blog. Accumulant les boulettes avec une rare inconscience, elle tente d’analyser ses angoisses et ses névroses entre une voyante et ses deux psys.

    Vincent Lacoste est lui aussi comme toujours parfait en jeune homme charmeur à la grâce candide, un rien cynique avec une touche de virilité, tout comme Melvil Poupaud, dont l’innocence dissimule un irrésistible petit côté pervers.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 septembre

     

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  • Grand écran: "Divines", l'électrisante révélation de Cannes. Sa réalisatrice, Houda Benyamina, raconte

    abenyamia.jpgDans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia la "bâtarde", adolescente menue, énervée et rebelle qui habite dans un camp de Roms avec sa mère alcoolique, et son contraire, Mamounia, la douce mais super baraquée fille de l’iman, sont amies à la vie à la mort.

    Ces deux pétroleuses poussées par la rage de vivre rêvent de s’élever dans un monde qui les rejette. Décidée à gagner beaucoup d’argent pour s’offrir ce qu’elle désire, Dounia se met à travailler pour Rebecca, redoutable dealeuse, plongeant ainsi dans l’univers glauque et dangereux de la petite pègre locale. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur sensuel, va bouleverser son quotidien.

    Signé de la réalisatrice Houda Benyamina (photo), réalisatrice marocaine de 35 ans, révélation du dernier Festival de Cannes en raflant la Caméra d’or, Divines nous embarque dans une tragédie électrisante virant parfois au comique, à la frontière des genres entre chronique sociale et polar. Avec une dimension spirituelle notamment dans la thématique, les conversations avec Dieu ou le choix de la musique sacrée.

    Souvent comparé à L’esquive d’ Abdellatif Kechiche ou à Bande de filles de Céline Sciamma, l’opus dégage par ailleurs la folle énergie de son auteur, qui nous l’a prouvé dans son discours enflammé lors du palmarès cannois, en lançant à Edouard Waintrop, délégué général de la Quinzaine des réalisateurs qui l'avait sélectionnée, un vibrant et culotté "Waintrop, t’as du clito"!

    Le théâtre la mène au cinéma

    "Non seulement il s’en est remis, mais il est plus fort maintenant qu’il en a", remarque Houda en riant lors d’une rencontre à Genève. "En ce qui concerne mon énergie, j’ai du mal à mentir, à jouer, à prétendre. On m’a vue telle que j’étais à cette remise de prix. J’étais contente, je l’ai dit, je l’ai hurlé. C’était un cri d’amour".

    Après la découverte du théâtre grâce à un instituteur, Houda Benyamina s’est rendu compte qu’elle était mieux faite pour le cinéma. "Le théâtre, c‘est comme le golf, il faut les moyens, un espace pour le pratiquer. Pour le cinéma, une caméra suffit".

    divinesimage.jpgA l’origine de son premier long-métrage qui lui a pris quatre ans de sa vie entre l’écriture et son passage sur la Croisette, la colère, l’inégalité. "J’ai toujours été sensible à l’injustice. A l’école, je ne trouvais pas ma place. Mon film est né des émeutes de 2005 en banlieue parisienne que j’ai vécues de l’intérieur. J’ai eu envie de tout défoncer mais rien n’a changé. Et je me suis demandée pourquoi".

    Pour vous Divines est toutefois un constat, pas une forme de révolte.

    Parce qu’il n’y a pas eu de révolte justement. Nous n’avons pas pris les armes. La mienne c’est le cinéma. J’avais envie de parler des pauvres, des désaxés, des gens en marge, d’évoquer s’absence d’idéal, de repères, la toute-puissance de l’argent, le manque de spiritualité qui dépasse les religions. Bien que musulmane, je me sens proche des enseignements de Jésus. Et tout cela je le traite par le biais de l’humain en quête de reconnaissance, de dignité.

    Pour autant, vous n’avez pas de message à délivrer.

    Je ne me sens pas prophète. Je suis une cinéaste, qui donne son regard avec sensibilité. Je crois en l’homme, en la femme. Je pose des questions et je veux toucher le cœur. D’abord l’émotion, ensuite le verbe.

    Ce n’est pas le premier film sur la banlieue, mais vous amenez quelque chose de neuf.

    Sans doute parce que j’étais libre dans le sens que je voulais raconter, à travers une histoire d’amitié. C’est un film réaliste, mais il y a du lyrisme, du romantisme du rêve. Par ailleurs j’inverse les schémas traditionnels, je casse les codes de la banlieue. Je la montre telle que je la vois. C’est cela ma singularité.

    Par exemple le caïd pour qui Dounia travaille est une femme, une flambeuse aux postures viriles qui joue de son pouvoir.

    Je ne l'ai pas inventée. Il y en a de plus en plus. Je me suis inspirée de la réalité. Rebecca, je l’ai rencontrée. J’ai pas mal de réseaux dans le banditisme. Je suis aussi allée dans les quartiers, chez les Roms. J’ai fréquenté les commissariats. Les flics se sont montrés coopératifs.

    Pour rester dans l’inversion, la note de féminité est donnée par Djigui un garçon passionné de danse, dont Dounia est amoureuse.

    La grâce peut être masculine. Et puis surtout, selon moi, tout le monde danse On commence dans le ventre de sa mère. Djigui est l’alter ego de Dounia, en recherche comme elle de dignité et d’élévation mais par une voie spirituelle. Son but est de vivre de son art. A travers les scènes de danse, je dis l’importance de la culture qui offre une possibilité de s’en sortir autrement qu’avec l’argent.

    aouloaya.jpgLes comédiens sont formidables. Un mot sur Oulaya Amamra, votre petite sœur qui interprète Dounia.

    Je l’ai formée depuis l’âge de 12 ans. Mais au début, je ne la voyais pas dans cette fille. Elle manquait de sauvagerie, de rudesse. Ce n’était pas une bagarreuse. Elle l’est devenue dans la mesure où elle s’est beaucoup battue pour décrocher le rôle. 

    Vous travaillez sur un autre long-métrage. Le fait d’avoir obtenu la Caméra d’or est-il  un peu inhibant ?

    Non, au contraire. C'est un début, une étape. Je suis très critique avec moi-même. Divines a plein de défauts, je vois tout ce que je peux améliorer. Le prochain aura plus d’ampleur, même si je suis obsédée par la même problématique, le combat que nous menons contre nous-même, entre l’extérieur et l’intérieur. Je suis sur un grand terrain de jeu où je cherche Dieu, le sens de la vie le pourquoi on est là. Le tournage pour moi, c’est un pèlerinage.

    Et où va vous emmener votre deuxième film ?

    Historique, il couvrira une période de trente ans pendant laquelle il y aura la guerre. Il parlera d’amour, de liberté et de trahison.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis depuis mercredi 7 août.
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  • Grand écran: "Le fils de Jean" à la recherche du père. Emouvant petit polar familial

    ajean.jpgCadre commercial parisien divorcé de 33 ans, Mathieu reçoit un matin un coup de fil inattendu du Canada l'informant de la mort de son père, médecin à Montréal dont il ne savait rien. L’appel vient d'un nommé Pierre, le meilleur ami du défunt, qui lui apprend qu’il s’appelait Jean, qu’il était patron d’une clinique de chirurgie esthétique et qu’il a laissé deux grands fils.

    L’enterrement devant avoir lieu quelques jours plus tard, Mathieu, lui-même père d’un petit garçon, est poussé par le besoin de découvrir ses racines. Il décide aussitôt de se rendre au Québec pour rencontrer Sam et Ben, ses demi-frères qui, de leur côté, ignorent tout de lui. Il va apprendre à mieux les connaître au bord d’un lac au cours d’un week-end où, également en compagnie de Pierre, ils sont partis à la recherche du corps de Jean. Apparemment celui-ci s‘est noyé, victime d’un infarctus… 

    Le huitième long-métrage de Philippe Lioret est très librement inspiré du roman de Jean-Paul Dubois Si ce livre pouvait me rapprocher de toi. A travers la quête d’identité de Mathieu, ce fils sans père qui s’en cherche un, l’auteur livre un récit intimiste dans un beau film simple, sensible et émouvant, en travaillant ses thèmes chers.

    Drame modeste mais impeccablement tenu, il joue sur le secret en empruntant les codes du polar. Il y a le souvenir d’un lointain amour parisien entre la mère de Mathieu et le dénommé jean. Un coup d’un soir lui avait-elle dit, sans vouloir en révéler davantage. Il y a aussi la disparition mystérieuse de cet homme, menant à une enquête au sein de la famille.

    Sans oublier l’interdiction étrange faite par Pierre à Mathieu. Il lui enjoint de dissimuler qui il est, sous prétexte que la présence d’un fils illégitime ne peut que perturber davantage la famille en deuil. Mais si le réalisateur se sert de cette trame policière, c’est pour nous emmener ailleurs. Misant sur les dits et non-dits, les émotions contradictoires,  il organise subtilement le rapprochement entre les personnages, plus particulièrement entre Mathieu et Pierre.

    Caractères centraux, ils sont interprétés par d’excellents acteurs. Pierre Deladonchamps (photo), César du meilleur espoir masculin pour L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie est parfait dans le rôle de Mathieu se rêvant une famille et impatient d'en faire partie. Comme Gabriel Arcand dans celui de Pierre, oncle ombrageux, à fleur de peau, ours mal léché et taiseux dissimulant une mystérieuse souffrance.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 3 août.

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