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Sorties de la Semaine - Page 206

  • Grand écran: "Folles de joie", un road movie jouissif et farfelu avec Valeria Bruni Tedeschi

    abruni.jpgTout sépare Bèatrice et Donatella, leur âge, leur caractère, leur condition sociale, leurs problèmes. Mais, pensionnaires de la villa Biondi, plus prosaïquement un asile de fous, ces deux femmes au destin brisé se rapprochent. Et, un après-midi, décident de s’enfuir pour trouver un peu de bonheur en-dehors d’une institution qui les infantilise et les maintient à l’écart du monde des gens dits sains.

    Portant parallèlement un regard ironique et critique sur la psychiatrie rappelant de loin Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman, l’Italien Paolo Virzi nous emmène ainsi dans Folles de joie (La pazza gioia), un road-movie en forme d’échappée belle thérapeutique en Toscane. Avec deux personnages en quête de liberté, d’affranchissement des conventions. On peut aussi y voir, notamment dans une scène de voiture rouge décapotable des années 60 qui fait l'affiche, un clin d’œil assumé à Thelma et Louise de Ridley Scott.

    Mais l’aventure de Béatrice et Donatella est plus joyeuse, plus farfelue, plus baroque, plus amusante.  Et cela par la grâce de la radieuse et irrésistible Valeria Bruni Tedeschi. De chaque plan, elle est formidable en Béatrice, grande bourgeoise mûre déchue, qui a conduit sa riche famille à la ruine en misant sur le mauvais type. Mais l’intarissable sans tabou ni complexe, se persuade qu’elle peut toujours mener sa confortable vie d’avant. 

    Mythomane, nymphomane, exaltée, extravertie, excessivement volubile, elle donne la réplique à Micaela Ramazzotti (Donatella), cherchant à révéler à elle-même cette adolescente attardée apathique,,tatouée, introvertie, fragile. Méfiante, sauvage et rebelle, elle souffre terriblement de s’être fait retirer la garde de son fils.

    Le tandem est aussi mal assorti qu’attachant. C’est ce qui séduit surtout dans cette folle équipée pleine de charme, d’émotion, d'énergie, de couleurs et de situations cocasses. Une jolie réussite.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 juin.

     

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  • Grand écran: "The Neon Demon" mise sur Elle Fanning pour combler le vide..

    aellefan.jpgAdolescente de 16 ans, la blondissime et timide Jesse a quitté sa province pour Los Angeles, où elle rêve d’une carrière de mannequin. L’ascension fulgurante de cette Lolita, véritable ange de pureté, mais moins vulnérable qu’elle en a l’air, provoque la jalousie et l’envie des tops refaits de partout, qui ne reculeront devant rien pour tenter de lui ressembler.

    Nicolas Winding Refn, qui avait décroché le prix de la mise en scène à Cannes en 2011 avec Drive opère une plongée au cœur de la mode californienne avec The Neon Demon. En compétition sur la Croisette en mai dernier, copieusement hué et moyennement applaudi, il n’a pas réussi à séduire le jury.

    L’opus se veut à la fois spectaculaire, satirique et critique d‘un univers glamour, aseptisé, froid et féroce, le réalisateur danois multipliant par ailleurs les performances visuelles dans une mise en scène esthétisante, stylisée et sophistiquée. 

    Du coup on se croirait dans un grand spot publicitaire, et le viide de l’objet finit malheureusement par le disputer à sa beauté. Car si ce pseudo thriller d’horreur utilisant les codes du genre se révèle plutôt convaincant en exerçant une petite fascination pendant une grosse heure, il sombre aux deux tiers dans une complaisance répugnante, avant de virer au gore grotesquement chic dans sa dernière partie.

    Reste l’étrange, troublante, talentueuse et adorable Elle Fanning dans le rôle de Jesse. Elle porte le film et lui donne, si l’on peut dire en l’occurrence, un peu de chair avant de connaître un destin tragique. Et ce ne sont pas ses rivales cannibales Ruby, Gigi et Sarah qui prétendront le contraire…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 juin. 
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  • Grand écran: "L'Etat contre Fritz Bauer", l'homme qui traquait les nazis

    afritzbau.jpgL’Etat contre Fritz Bauer retrace l’histoire vraie d'un procureur juif allemand qui a poursuivi les criminels nazis et favorisé la capture d’Adolf Eichmann. En 1957, Fritz Bauer apprend que ce dernier se cache à Buenos Aires. Les tribunaux allemands préfèrent tourner la page plutôt que le soutenir. Et pour cause. Même après la chute du troisième Reich, les hautes sphères du pouvoir et de l’économie sont encore gangrenées par la présence d’anciens fonctionnaires nazis.

    Soutenu dans sa difficile enquête par son fidèle lieutenant Karl Angermann, Fritz Bauer décide malgré tout de continuer son combat en faisant appel au Mossad, lui transmettant des renseignements dès 1957. Un acte qui aurait pu lui valoir la prison, mais qui a permis, en 1960, aux services secrets israéliens d’arrêter Eichmann, qui se faisait alors appeler Riccardo Klement.

    Le réalisateur, scénariste et producteur allemand Lars Kraume, 46 ans, revient sur la période captivante de la vie de ce quinquagénaire, héros de l’ombre formidablement interprété par Burghart Klaussner (photo), en évoquant parallèlement une homosexualité supposée qu’il n’a jamais vécue ouvertement. Une préférence partagée par son assistant qui, fréquentant des bars interlopes, sera victime de chantage. Il ne faut pas oublier la répression de la prostitution homosexuelle en Allemagne dans les années 50 et 60, alors que la législation nazie à l’encontre des gays n’a pas été abolie.

    Hommage à un être exceptionnel

    En se penchant sur cette chasse au nazi particulière, L’Etat contre Fritz Bauer rend surtout hommage à un être exceptionnel en quête de rédemption, animé d’un fort esprit de justice, obstinément décidé à lutter contre l’oubli quelles qu’en soient les conséquences. L’homme, qui se savait haï et en danger «dès que je sors du palais de justice je me retrouve en territoire ennemi» disait-il), a été retrouvé mort dans sa baignoire le 1er juillet 1968. Les circonstances de ce décès subit, jamais remises en question par la police ou le gouvernement sont encore controversées.

    Emouvant, humaniste, expliquant bien les événements, ne cachant aucune vérité, le film traite d’une page d’histoire que personne ne devrait ignorer. Le réalisateur privilégie une mise en scène classique dans cette traque en forme de dossier à l’ancienne, qui réussit à vous scotcher au fauteuil en dépit de son manque d’action. Le public ne s’y est pas trompé en lui décernant son prix lors du dernier Festival de Locarno. 

    A noter que ce film sort deux ans après Le labyrinthe du silence, où apparaissait déjà la figure de Fritz Bauer, à l’origine du premier procès contre des criminels nazis dans un pays qui ne voulait pas revenir sur la noirceur de son passé. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 juin.

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