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Sorties de la Semaine - Page 207

  • Grand écran: "Maggie's Plan" revisite le triangle amoureux. Fantasque mais sans surprise

    amaggieplan.jpgIl ne suffit pas de parler de problèmes existentiels et de cultiver de petites névroses pour faire du Woody Allen. C’est pourtant ce que beaucoup pensent de la comédie de Rebecca Miller Maggie’s Plan (Maggie a un plan) avec Greta Gerwig, carrément qualifiée de pendant féminin du maestro.

    D’autres n’hésitent pas à tirer un parallèle avec Eric Rohmer pour cette comédie sentimentale fantasque où la réalisatrice revisite le triangle amoureux. Composé tout d'abord de Maggie. La trentaine, sérieuse dans son travail, mais immature dans sa vie privée, cette célibataire newyorkaise est décidée à faire un bébé toute seule. Enfin avec l'aide d'un donneur de sperme très versé dans la culture du cornichon.

    Elle renonce toutefois à son projet en rencontrant John (Ethan Hawke), dont elle tombe raide dingue. Professeur d’anthologie doublé d’un écrivain n’arrivant pas à mettre un terme à son roman, John est marié avec l'extravagante Georgette (Julianne Moore) qui, universitaire manipulatrice, ne pense qu’à sa carrière. Il la quitte pour Maggie, ils font un enfant, mais après quelques années, l’amour prend sa vitesse de croisière et Maggie a envie de se débarrasser de John. Elle concocte  un plan pour qu'il retombe dans les bras de Georgette. Pas franchement sorti de la cervelle d'Einstein, le plan...

    Bref. Le tout est assorti d’interrogations sur le sens de la vie, sur la passion qui s’éteint, avec dialogues intellos entre bobos à la clé. Du déjà vu, en moins passionnant. Certes, il y a une liberté ton très mode, un style, du rythme, un certain humour, les comédiens s'amusent et le trio formé par Greta Gerwig, Ethan Hawke et Julianne Moore séduit. Mais Rebecca Miiller ne sort pas vraiment des clous et le plaisir ne dure pas. Au bout d’une heure le scénario commence à patiner, tandis que les protagonistes semblent se moquer de ce qui leur arrive. Du coup, c‘est logique, le spectateur aussi.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er juin.

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  • Grand écran: "Rosalie Blum", un conte social singulier avec des comédiens attachants

    anoemie.jpgEntre son salon de coiffure, sa mère insupportablement envahissante, son cousin ringard qui cherche à le caser et son chat, Vincent Machot mène une vie aussi réglée que terne dans sa petite ville de province.

    Et puis un jour, le hasard de l‘existence met ce fils à maman face à Rosalie Blum, l’épicière du coin. Bizarrement, il croit l’avoir déjà vue, sans se souvenir ni d’où ni de quand, mais il ne peut se défaire de cette curieuse impression qui devient une véritable obsession.

    Comme il tient absolument à en savoir plus, il décide de suivre cette femme solitaire qu’il trouve incroyablement mystérieuse. Une filature au parfum d’aventure qui pimente son quotidien médiocre au point de le changer. .

    Premier long-métrage de Julien Rappeneau, Rosalie Blum est adapté du roman graphique éponyme de Camille Jourdy. L’auteur livre une sorte de conte doux-amer, plus social que féerique, à rebondissements bizarroïdes, peuplé de personnages farfelus, cachant leurs secrets, leurs fêlures, leur tristesse. Dont la jolie Aude, un peu paumée, flanquée de ses deux amies fofolles.

    L'opus évoque avec légèrete et humour la complexité des rapports humains. Même si ce n’est pas toujours réussi, il y a incontestablement de l’idée, de l’originalité dans cette comédie plutôt singulière, qui par ailleurs séduit par son casting,

    Noémie Lvovsky, attachante et surprenante de douceur, donne la réplique à Kyan Khojandi, découvert dans la série BREF de Canal +. Pour son premier grand rôle au cinéma,  il se révèle parfait en garçon maladroit, soumis et timide qui finit par s'émanciper de la tutelle maternelle. A leurs côtés on trouve la craquante Alice Isaaz et Anémone, pour le coup un rien en roue libre en acariâtre castratrice.

    alamy.jpgRetour chez ma mère

    S’il y a du charme dans Rosalie Blum ce n’est en revanche pas le cas pas le cas dans Retour chez ma mère. Stéphanie, quadra divorcée qui a perdu son cabinet d’architecte, est contrainte de rentrer au bercail en attendant de pouvoir remettre du beurre dans les épinards.

    Non seulement la cohabitation avec Jacqueline, veuve depuis peu, n’est pas facile, mais Stéphanie entretient également des relations tendues avec sa sœur et son frère, la jalousie de la première le disputant à l‘égoïsme du second.

    Selon le réalisateur, c’est du vécu. Hélas cela ne sauve pas le film, pêchant par des dialogues d’une rare banalité, ainsi que par un scénario laborieux, vide et erratique. Alors qu’il est en principe centré sur les liens mère-fille, il ne repose en réalité que sur la grande nouvelle que Jacqueline veut annoncer aux siens: son désir de refaire sa vie avec le voisin du dessus. D'où quelques quiproquos plus inutiles et ennuyeux que drôles.

    Reste le duo Josiane Balasko/Alexandra Lamy. Difficile pourtant d’enlever le morceau entre les agaçantes manies maternelles, les parties de scrabble, les histoires d’héritage autour d’une tarte ou la pathétique création d’une boîte mail qui, on le sent, se veut irrésistible…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er juin.

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  • Grand écran: "Black" revisite Roméo et Juliette sur fond d'extrême violence de gangs urbains

    ablack.jpgSur fond de redoutables bandes urbaines, Black, signé d'Adil El Arbi et Bilall Fallah, adapté des livres Black et Back de l’écrivain belge Dirk Bracke, raconte l’histoire d’amour impossible entre deux ados, Mavela et Marwan. Une passion née lors de leur rencontre fortuite dans un commissariat.

    Elle est Africaine et vient de rejoindre le Black Bronx, lui est Marocain et un leader charismatique du gang rival des 1080. Déchirés entre le devoir de loyauté et leur attirance mutuelle, ils décident tout de même de se revoir en dépit du danger à braver les interdits. Autant dire que c’est mal parti.

    Entre West Side Story et Roméo et Juliette pour la trame, Black s’inscrit dans une spirale de violence infernale. Les cinéastes nous offrent une plongée cauchemardesque dans les deux clans qui se haïssent, mais se rejoignent dans leur volonté à inspirer la terreur et à semer la mort. Pour échapper à ces adeptes du crime et au chaos de leur existence, la seule solution pour les amoureux, c’est la fuite. 

    Intensité et radicalité extrêmes

    On les suit ainsi à travers Bruxelles, des fast food aux stations de métro pour les retrouver dans une église abandonnée où ils peuvent s’isoler et vivre dans un semblant de paix. Une parenthèse de courte durée pour les désormais pestiférés.

    Adil El Arbi et Bilall Fallah proposent un film choc, intense, d’une radicalité extrême pour lequel ils ont fait appel à des amateurs. Ils ne nous épargnent rien, entre règlements de comptes sanglants, combats de rue d’une rare brutalité, agressions et viols en réunion. Des scènes provoquant le malaise, frisant le voyeurisme et la complaisance quand elles ne les dépassent pas, même si elles sont là pour rendre compte d’une horrible réalité.

    "Le phénomène existe dans la plupart des grandes villes, mais nous l’avons ancré dans un environnement que nous connaissons", expliquent les deux réalisateurs. "Nous avons rencontré des policiers, des jeunes qui font partie de ces bandes, discuté avec leurs parents… "

    Offrant une sorte de fresque sur un pan de la jeunesse bruxelloise parlant arabe français ou lingala (langue de la République démocratique du Congo), mais surtout pas flamand (c’est hyper ringard), Black a notamment été primé à Toronto et a connu un beau succès en Belgique. 

    Les auteurs font oeuvre de morale

    On peut par ailleurs remarquer que les auteurs font en quelque sorte oeuvre de morale en dépeignant la violence des gangs pour mieux la dénoncer tout en tentant d’expliquer les raisons pour lesquelles les jeunes se retrouvent pris dans un tel univers.

    Il n'en est pas moins sévèrement critiqué par certains, notamment par une sociologue dénonçant "des stéréotypes sociaux, le racisme post-colonial qu’il véhicule, menaçant un lien social déjà fragile". Elle ajoute que "l’opus nous fait reculer de 20 ans dans le domaine des représentations sociales". 

    Pour rappel, des incidents avaient émaillé la première journée d’exploitation en Belgique le 11 novembre dernier. En outre, interdit aux moins de 16 ans, il n’a pas été programmé dans les salles en France. Bien que ne traitant ni des dérives de l’Islam ni de la place des immigrés dans les sociétés occidentales, il a provoqué la polémique et ne devait être visible qu’en e-cinéma.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 mai.

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