Grand écran: "Le fils de Jean" à la recherche du père. Emouvant petit polar familial (04/09/2016)
Cadre commercial parisien divorcé de 33 ans, Mathieu reçoit un matin un coup de fil inattendu du Canada l'informant de la mort de son père, médecin à Montréal dont il ne savait rien. L’appel vient d'un nommé Pierre, le meilleur ami du défunt, qui lui apprend qu’il s’appelait Jean, qu’il était patron d’une clinique de chirurgie esthétique et qu’il a laissé deux grands fils.
L’enterrement devant avoir lieu quelques jours plus tard, Mathieu, lui-même père d’un petit garçon, est poussé par le besoin de découvrir ses racines. Il décide aussitôt de se rendre au Québec pour rencontrer Sam et Ben, ses demi-frères qui, de leur côté, ignorent tout de lui. Il va apprendre à mieux les connaître au bord d’un lac au cours d’un week-end où, également en compagnie de Pierre, ils sont partis à la recherche du corps de Jean. Apparemment celui-ci s‘est noyé, victime d’un infarctus…
Le huitième long-métrage de Philippe Lioret est très librement inspiré du roman de Jean-Paul Dubois Si ce livre pouvait me rapprocher de toi. A travers la quête d’identité de Mathieu, ce fils sans père qui s’en cherche un, l’auteur livre un récit intimiste dans un beau film simple, sensible et émouvant, en travaillant ses thèmes chers.
Drame modeste mais impeccablement tenu, il joue sur le secret en empruntant les codes du polar. Il y a le souvenir d’un lointain amour parisien entre la mère de Mathieu et le dénommé jean. Un coup d’un soir lui avait-elle dit, sans vouloir en révéler davantage. Il y a aussi la disparition mystérieuse de cet homme, menant à une enquête au sein de la famille.
Sans oublier l’interdiction étrange faite par Pierre à Mathieu. Il lui enjoint de dissimuler qui il est, sous prétexte que la présence d’un fils illégitime ne peut que perturber davantage la famille en deuil. Mais si le réalisateur se sert de cette trame policière, c’est pour nous emmener ailleurs. Misant sur les dits et non-dits, les émotions contradictoires, il organise subtilement le rapprochement entre les personnages, plus particulièrement entre Mathieu et Pierre.
Caractères centraux, ils sont interprétés par d’excellents acteurs. Pierre Deladonchamps (photo), César du meilleur espoir masculin pour L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie est parfait dans le rôle de Mathieu se rêvant une famille et impatient d'en faire partie. Comme Gabriel Arcand dans celui de Pierre, oncle ombrageux, à fleur de peau, ours mal léché et taiseux dissimulant une mystérieuse souffrance.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 3 août.
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