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Sorties de la Semaine - Page 208

  • Grand écran: "Toni Erdmann", une comédie burlesque mêlant satire sociale et chronique familiale

    aaerd.jpgDès sa projection à Cannes en mai dernier, Toni Erdmann avait rallié tous les suffrages. Sauf, malheureusement pour sa réalisatrice l’Allemande Maren Ade, ceux du jury qui ne lui a pas réservé la moindre place au palmarès.

    Il y en avait pourtant pour cette comédie formidablement interprétée par Sandra Hüller et Peter Simonischek (photo), évoquant l’intrusion d’un père, le farceur Winfried, alias Toni Erdmann, dans l’existence très réglée de sa fille Inès. Femme d’affaires psychorigide de 37 ans, cadre supérieure dans une grande société allemande basée à Bucarest, sacrifiant tout à son boulot et à l’économie de marché, elle ne supporte pas le moindre désordre.

    Autant dire que la working girl toujours impeccable dans ses tailleurs stricts, n’apprécie pas du tout la visite de ce paternel sexagénaire encombrant, artiste idéaliste, adepte de coussins péteurs, prof de musique et clown dans des maisons de retraite. Son exact contraire qui, de surcroît,déboule dans son club de cols blancs affublé d’une horrible perruque et d’un dégoûtant dentier qu’il ne cesse d’enlever et de remettre. Elle en a honte, le courant passe mal et leurs relations, déjà tendues, ne s'arrangent pas. 

    A son grand soulagement, Toni prétend alors repartir pour l’Allemagne. Mais en réalité, toujours plus facétieux, il s’incruste et squatte des cocktails où se rend sa fille. Se prétendant consultant, à tu et à toi avec les grands de ce petit monde de l’argent, il donne la (dé)mesure de ses talents de guignol, en multipliant les blagues douteuses, lourdes et ringardes. Non seulement ça marche, mais il exerce une curieuse fascination sur ceux qu’il mystifie. 

    Une farce grinçante pimentée de scènes irrésistibles

    Maren Ade se sert de ce bouffon déchaîné pour proposer un long-métrage parfaitement tenu en forme de farce grinçante, farfelue, sensible et très originale. Surfant sur le conflit de générations, elle mêle à la satire sociale où elle se moque du pouvoir ultralibéral et de ses jeux, de loin plus vulgaires que les gamineries  de Toni, un émouvant rapport père-fille. Dans la reconquête de l’amour d’Inès, il fait tout pour l’aider à retrouver le bonheur et un sens à sa vie.

    La cinéaste pimente aussi son étude incongrue de l’intime et de l’univers capitaliste de scènes irrésistibles. Dont celle déjà culte d’un brunch censé ressouder l’équipe d'Inès et où les participants doivent arriver complètement nus… Un bémol toutefois. En dépit de toutes ses qualités faisant souffler un vent de renouveau sur le cinéma allemand, on reprochera à Maren Ade une tendance un rien fâcheuse à la répétition, allongeant ainsi inutilement la durée de son film.  

     A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 août.  

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  • Grand écran: Alain Guiraudie évoque ses thèmes chers et ses angoisses dans "Rester vertical". Interview

    avertical.jpgSe maintenir debout pour résister, vaincre la peur, pour que rien ne nous arrive, dit Alain Guiraudie dans son dernier film Rester vertical, situé dans les Causses, en Lozère.

    Sorte d’alter ego du cinéaste, Léo, (Damien Bonnard), la trentaine fauchée, doit un scénario à son producteur. Mais il ne cesse de remettre la chose et se promène dans la campagne à la recherche du loup. Il rencontre Marie (India Hair), fille d’un éleveur qui,garde ses moutons avec un fusil en cas d’attaque du prédateur.

    Sodomie et accouchement en direct

    Léo et Marie s’aiment et font un enfant Mais elle n’en veut pas. Resté seul avec son bébé, Léo croise régulièrement trois hommes plus ou moins gay: Yoan (Basile Meilleurat), un adolescent sauvage qui le repousse, Jean-Louis (Raphaël Thiéry), un paysan bourru d’âge mûr dont il refuse les avances et le vieux grincheux agonisant Marcel (Christiian Bouillette), fan des Pink Floyd qu’il va sodomiser, lui procurant une fin douce.

    En-dehors de cette scène choc, à l’image d’un accouchement en direct ou de gros plans de sexe féminin. Alain Guiraudie, livre, entre rêve et réalité, comédie et tragédie, plans drague foireux, un émouvant conte social, rural, existentiel, métaphorique. Rencontre avec l’auteur lors de son récent passage à Genève.

    aaguiraudie.jpg"C’est un film écrit en dilettante, même si je couchais chaque jour une ligne, deux phrases, un paragraphe sur le papier. Que je pouvais jeter le lendemain. Mais j’aimais m’imposer cette discipline quotidienne. A l’époque, entre 2013 et 2014, j’adorais voyager et j'ai commencé le scénario entre Melbourne et Dubaï. J’ai tourné autour de tous les débats qui avaient lieu en France, le mariage pour tous, l’homoparentalité, la théorie des genres, le suicide assisté"

    -Votre héros Léo, en perte de repères et en quête de sens, part à la recherche du loup, face auquel il ne faut pas courber l’échine. Pourquoi cet intérêt ?

    -C’est un animal mythique par excellence, un prédateur, une réalité sociale. Et puis il est de retour sur le sol français. J’ai rencontré des éleveurs très emmerdés par le loup. Cela m’a passionné au point que j’ai eu un projet de documentaire.

    -La grande question du loup rejoint celle du sexe féminin. Dont vous privilégiez les gros plans.

    -Il y a une relation dans le sens du primitif, de l’originel. Le loup fait peur. Le sexe de la femme fait peur. Parce que c’est l’autre, le grand trou noir. Pour les homos, mais également pour les hétéros. C’est l’inconnu, le mystère, l’objet de désir et de vie, l’origine du monde, D’où l’envie de le voir de plus près et donc les gros plans.

    -Venons-en à deux scènes choc. La façon de filmer un accouchement en direct, sans doute comme jamais au cinéma, et ensuite la sodomie d’un agonisant. De simples provocations?

    -C’est d’abord l’évocation des deux jalons, la naissance et la mort. L’accouchement est un moment très existentiel et je l’ai représenté de la manière la plus organique qui soit, sans mise en scène, juste en cadrant. Quant à la sodomie, c’est effectivement une provocation, mais surtout parce qu’il s’agit de suicide assisté, d’euthanasie, sujets très controversés en France. Après c’est une scène d’amour. Certes peu habituelle, mais belle. J’aimerais assez mourir en faisant l’amour. On pourrait appeler cela la jouissance absolue.

    -Vous aimez jouer avec la norme, renverser la vapeur. Par exemple une mère n’aime pas forcément son enfant.

    -Je trouve que l’instinct maternel n’existe pas forcément. J’ai signé une pétition pour soutenir les femmes qui craquent et n’ont pas spécialement envie d’élever leurs enfants,. En France, il y en a 3000 an qui décident de ne pas s’en occuper. Il y a aussi cette notion répandue de filles-mères qui veulent un bébé pour elles seules. Je ne vois pas pourquoi un homme n’aurait pas cette même envie d’un enfant pour lui tout seul.

    -Vous montrez aussi qu’un hétéro qui couche occasionnellement avec un mec n’est pas forcément gay.

    -Elle me plaît bien, cette idée. On est dans un monde où on est assigné à être quelque chose. Je ne sais pas comment on devient hétéro ou homo. Pour moi ce n’est certainement pas inné, cela dépend surtout des rencontres que l’’on fait. J’ajouterais qu’aujourd’hui cela ne reste facile nulle part d’être gay. Pas plus dans un milieu bourgeois qu’ouvrier, comme on veut le croire. 

    -Vous brassez des thèmes de société comme paternité, misère sexuelle et sociale, détresse paysanne, écologie. Cela vous tient à cœur ?

    -Ces thèmes me sont en effet très chers. C’est un peu ma banalité. J’y ajoute mes angoisses, le monde agricole qui disparaît, le sexe, la mort, la solitude. Et j’essaye de mixer ma petite histoire avec la grande autour du monde en m’inspirant du milieu je connais le mieux, la campagne où je suis né, chez des paysans.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 août.

     

     

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  • Grand écran: Diane chasseresse dans "Moka", Emmanuelle Devos traque Nathalle Baye

    aemadevos.jpgPour son deuxième thriller après Complices, Frédéric Mermoud met face à face Emmanuelle Devos et Nathalie Baye, réunies pour la première fois à l'écran. Emmanuelle joue Diane Kramer, une mère qui s’échappe d’une clinique lausannoise pour se rendre à Evian, munie de quelques affaires et d'un pistolet qu’un petit trafiquant lui a procuré.

    Car suite à un drame qui a bousillé sa vie, Diane, qui a fait appel à un détective privé, rumine sa vengeance. Obsédée, folle de douleur, elle veut absolument retrouver le conducteur ou plutôt la conductrice d’une Mercédès couleur moka, qui a pris la fuite après avoir renversé et tué son fils. 

    Trouvant que la police piétine, elle a décidé de mener sa propre enquête. Et va alors rencontrer, espionner et traquer Marlène (Nathalie Baye), patronne d'une parfumerie-salon de beauté, la soupçonnant d’avoir une responsabilité dans ce tragique accident. Mais les choses, on s'en doute, se révèlent plus sinueuses et compliquées qu’il n’y paraît...

    Librement adapté d’un roman de Tatiana de Rosnay, Moka est un drame banalement traité, avec de belles images entre lac et montagnes. Côté comédiens, vêtue d'une parka verte, indépendante, énergique, et quelque peu exaltée, Emmanuelle Devos qui est de tous les plans, se montre convaincante en ...Diane chasseresse. 

    Davantage que Nathalie Baye, quelconque en dame blondissime manucurée. Difficile de voir la créature attachante et mystérieuse imaginée par l'auteur, dans la compagne empruntée d'un homme de treize ans son cadet, maman par ailleurs d’une adolescente un rien trouble et rebelle, rêvant de monter à Paris.

    Moka n’en a pas moins trouvé des admirateurs. Lors du récent Festival de Locarno, il a décroché le Variety Piazza Grande Award, décerné par un jury de critiques du célèbre magazine américain.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 août.

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