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Sorties de la Semaine - Page 209

  • Grand écran: "Le Bois dont les rêves sont faits", terre d'asile, de mystères et de solitude

    boisclair.jpgClaire Simon nous emmène au Bois pour une plongée dans la nature, loin de la ville, de son béton, de ses bruits, de ses odeurs. On s’y promène avec la réalisatrice, qui nous révèle une terre d’asile, de secrets, de mystères et de solitude. Une forêt que chacun s’approprie.

    On y fait plein de rencontres. Des vieux, des jeunes, des homos, des hétéros qui draguent, des cyclistes, des Cambodgiens qui viennent fêter Nouvel-An, une prostituée, un voyeur, un fils de GI qui soulève des troncs pour garder la forme, un peintre abstrait qui peint ce qu’il ne voit pas, un ermite qui dort toute la journée. Et, encore plus étonnant, un éleveur de pigeons qui a subjugué la cinéaste. Il connaît le numéro de tous ses volatiles. Il en a des centaines…

    Claire Simon a grandi à la campagne et aime Vincennes depuis très longtemps. Mais son désir impérieux d’y filmer lui est venu pendant son documentaire Gare du Nord. Dans Le Bois dont les rêves sont faits, elle abolit à son habitude la frontière entre imaginaire et réalité. «Je suis très sensible à l’histoire que chacun s’invente pour vivre. J’aime l’idée qu’il y a un scénariste en chaque individu».

    aclairesi.jpgComment avez-vous rencontré ces gens, dont certains sont très extraordinaires. 

    Ce fut un long travail d’approche. J’ai tourné pendant un an pour respecter le cycle des saisons et j’ai passé 90 jours dans le bois. Au début, je me tenais assez loin, avec une assistante. Mais cela ne nous apportait rien. Alors nous nous sommes enhardies. Les choses tiennent parfois du hasard mais le résultat est surtout dû à mon obstination. Par exemple la prostituée, je l’ai cherchée longtemps. Il faut l’entendre. Pour elle, ce métier est une indépendance. Elle se sent plus libre que si elle était serveuse.

    Et en ce qui concerne les SDF. Enfin anciens SDF, si l’on peut dire…

    J’expliquais ce que je voulais. Cela marchait ou pas. J’ai donné un peu d’argent. Il y en a qui sont super organisés. Ils ont trouvé un système de survie ou ils reprennent la main. Il existe des bandes. Ils se rendent des services. Mais le danger existe. Surtout pour les femmes. Celle dont je parle dans le film ne vit pas seule.

    Vous avez l’air de beaucoup aimer les cyclistes

    J’ai effectivement de l’affection pour eux. Je sais ce que c’est que ce sport, parce que je le pratique moi-même, à mon petit niveau. Mon premier souvenir du Bois de Vincennes, c’est d’y être allé à vélo.

    On peut vous reprocher parfois une forme de complaisance. Je pense à la séquence avec le voyeur.

    Je ne suis pas d'accord. En tant que femme, ce genre de type c’est mon ennemi et je considère comme une victoire d’avoir pu le filmer. On a commencé à le suivre et on le lui a proposé. Je voulais connaître son expérience, mais il m’a remballée. Ensuite il n’a pas cessé de rappeler en disant qu’il était sur un coup. En l’occurrence, Il devient mateur d’un couple consentant, et s’exhibe. Cette scène qui n’a rien d’excitant sexuellement, c’est ma réponse à M6. La chaîne avait fait un documentaire sur le Bois. Du point de vue journalistique, c’était intéressant. Pour le reste c’était ce que j’appellerais un docu cul, nul.

    On s’attend à voir d’autres personnages. Des policiers par exemple.

    Oui c’est vrai et ce n’est pas faute d’avoir essayé. C’est simplement impossible. On n’a pas le droit de les filmer. Ou alors il faut avoir le bras très long pour obtenir une autorisation.

    Deux mots sur cet épisode étonnant de la faculté post soixante-huitarde de Vincennes, rasée en 1980. Un hommage à Gilles Deleuze, qui en fut le roi philosophe et dont la fille Emilie en cherche les traces.

    Le plus curieux, c’est qu’à part un forestier, personne ne savait où elle était. C’est lui qui m’a montré l’endroit. Elle a duré dix ans et était ouverte à tous ceux qui désiraient suivre un cours. Pour autant qu’il y ait de la place. Elle a été rasée parce qu’il s’agissait d’un foyer libertaire qui gênait. 

    Adepte du documentaire en raison d’une vitesse de tournage plus grande, Claire Simon ne s’intéresse pas moins à la fiction. Elle va réaliser un film fantastique pour les enfants sur le Bois de Vincennes.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 mai.

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  • Grand écran: "Los amantes de Caracas", une relation toxique

    amantes.jpgArmando est un Vénézuélien aisé d’une cinquantaine d’années. Prothésiste dentaire peu gâté par la nature, il vit en solitaire à Caracas. Quand il sort, il drague de jeunes garçons qu’il invite chez lui contre paiement. Mais cet homme désagréable sinon détestable, froid et indifférent, ne supporte pas le contact physique et ne les touche pas. Après leur avoir demandé de se déshabiller, il se contente de regarder leur corps nu en se masturbant.

    Un jour il tombe sur Elder, 17 ans, chef d’une bande de voyous des quartiers pauvres. Sauf que cette petite frappe se montre réfractaire aux jeux d’Armando et le lui fait savoir en le tabassant. Le quinquagénaire persiste pourtant à le suivre, protégeant en quelque sorte ce petit caïd brutal qui, motivé par l’argent, commence à lui rendre visite de plus en plus fréquemment. Ils finissent même par habiter ensemble. Contre toute attente, Elder se met à éprouver des sentiments, voire une passion pour Armando. Celui-ci a pourtant d’autres plans…

    Ce premier film au titre original Desde Allá, signifiant littéralement De là-bas est basé sur une histoire vraie du scénariste Guillermo Arriaga, notamment auteur de 21 grams. Il a valu à Lorenzo Vigas Castes le Lion d’or à la dernière Mostra de Venise. Le réalisateur y explore une relation impossible, un duel sur fond d’ébats tumultueux, complexes, entre un vieux pervers à la fois dépressif et distant et un adolescent aussi ingérable qu’agressif et fougueux.

    Un pays rongé par la crise économique

    Au départ cette liaison ne paraît pas très crédible. Mais on la comprend mieux dans la mesure où Lorenzo Vigas Castes place son récit dans un pays rongé par la crise économique où règne la lutte des classes, avec un écart phénoménal entre les salaires des riches et des pauvres.

    Aux abois, Elder cède logiquement au confort du monde d'Armando, avant que son appât du gain se transforme en besoin affectif. Mais surtout, l’auteur se passionne pour la thématique de la relation au père depuis son court-métrage Les Elephants n'oublient jamais, où il traitait du désir de vengeance d'un frère et une soeur contre leur père abusif. Il traite le sujet sous un autre angle, Armando et Elder souffrant pareillement d’une absence parentale.

    En dépit de sa prestigieuse distinction vénitienne, principalement due à son thème, tout n’est pas parfait dans ce film qui pèche un peu par son esthétique relative et une curieuse volonté de choquer. En revanche les deux acteurs principaux Alfredo Castro et Luis Silva se montrent très convaincants dans cette union toxique entre deux caractères que tout oppose, leurs aspirations, leur âge et leur condition sociale.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 mai

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  • Grand écran: "Green Room", thriller gore avec barbarie néo-nazie au menu

    agreen.jpgLe quatuor punk rock, The Ain’t Rights accepte, au terme d’une tournée calamiteuse, de donner un dernier concert à Portland, Oregon. Suite à leur passage sur scène, ils sont témoins du meurtre d’une jeune femme dans leur loge et se retrouvent prisonniers d’une bande de skinheads particulièrement violents.

    En compagmie d'une junkie blonde également coincée dans la chambre verte, ils comprennent vite que leur tour ne va pas tarder et qu’ils doivent se battre comme des forcenés pour échapper à leur destin tragique. Une illusion cruelle face à ces nazillons avides de faire couler le sang à flots et flanqués de leurs odieux pitbulls façonvoix de leurs affreux maîtres.

    Green Room, huis-clos barbare éprouvant, figurant en quelque sorte un monde sans avenir, est l’œuvre de l’Américain Jeremy Saulnier, réalisateur, scénariste et directeur de la photographie dont le talent n’est plus à prouver selon les connaisseurs.

    Après le succès de Blue Ruin, polar noir présenté l’an dernier à la Quinzaine cannoise des réalisateurs, il passe donc au thriller gore, se complaisant dans un cauchemardesque jeu de massacre et de tortures diverses. Il se veut par ailleurs dérangeant dans son portrait cru du néo-nazisme.

    Pour résumer, on s’ennuie plutôt au fil de son histoire qui se traîne, montrant des tueurs balourds et moches à pathétique prétention virilissime. Certes, son film a évidemment de quoi attirer plein de fans du genre, mais on conseille aux âmes sensibles de s’abstenir.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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