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Grand écran: "Toni Erdmann", une comédie burlesque mêlant satire sociale et chronique familiale

aaerd.jpgDès sa projection à Cannes en mai dernier, Toni Erdmann avait rallié tous les suffrages. Sauf, malheureusement pour sa réalisatrice l’Allemande Maren Ade, ceux du jury qui ne lui a pas réservé la moindre place au palmarès.

Il y en avait pourtant pour cette comédie formidablement interprétée par Sandra Hüller et Peter Simonischek (photo), évoquant l’intrusion d’un père, le farceur Winfried, alias Toni Erdmann, dans l’existence très réglée de sa fille Inès. Femme d’affaires psychorigide de 37 ans, cadre supérieure dans une grande société allemande basée à Bucarest, sacrifiant tout à son boulot et à l’économie de marché, elle ne supporte pas le moindre désordre.

Autant dire que la working girl toujours impeccable dans ses tailleurs stricts, n’apprécie pas du tout la visite de ce paternel sexagénaire encombrant, artiste idéaliste, adepte de coussins péteurs, prof de musique et clown dans des maisons de retraite. Son exact contraire qui, de surcroît,déboule dans son club de cols blancs affublé d’une horrible perruque et d’un dégoûtant dentier qu’il ne cesse d’enlever et de remettre. Elle en a honte, le courant passe mal et leurs relations, déjà tendues, ne s'arrangent pas. 

A son grand soulagement, Toni prétend alors repartir pour l’Allemagne. Mais en réalité, toujours plus facétieux, il s’incruste et squatte des cocktails où se rend sa fille. Se prétendant consultant, à tu et à toi avec les grands de ce petit monde de l’argent, il donne la (dé)mesure de ses talents de guignol, en multipliant les blagues douteuses, lourdes et ringardes. Non seulement ça marche, mais il exerce une curieuse fascination sur ceux qu’il mystifie. 

Une farce grinçante pimentée de scènes irrésistibles

Maren Ade se sert de ce bouffon déchaîné pour proposer un long-métrage parfaitement tenu en forme de farce grinçante, farfelue, sensible et très originale. Surfant sur le conflit de générations, elle mêle à la satire sociale où elle se moque du pouvoir ultralibéral et de ses jeux, de loin plus vulgaires que les gamineries  de Toni, un émouvant rapport père-fille. Dans la reconquête de l’amour d’Inès, il fait tout pour l’aider à retrouver le bonheur et un sens à sa vie.

La cinéaste pimente aussi son étude incongrue de l’intime et de l’univers capitaliste de scènes irrésistibles. Dont celle déjà culte d’un brunch censé ressouder l’équipe d'Inès et où les participants doivent arriver complètement nus… Un bémol toutefois. En dépit de toutes ses qualités faisant souffler un vent de renouveau sur le cinéma allemand, on reprochera à Maren Ade une tendance un rien fâcheuse à la répétition, allongeant ainsi inutilement la durée de son film.  

 A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 août.  

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