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Sorties de la Semaine - Page 205

  • Grand écran: la guerre des sexes dans "L'économie du couple". Lafossse tape juste!

    akahnbejo.jpgIl y a des films qui vous attrapent dès la première image. Comme L’économie du couple, Il suffit de voir Marie rentrer à la maison et y découvrir, très contrariée, Boris qui ne devait pas s’y trouver ce jour-là, pour savoir que le réalisateur belge Joachim Lafosse ne nous lâchera plus. Tant il a tapé juste tout au long de son étude de comportement aussi intelligente que subtile.

    Après 15 ans de vie commune, c’est le désamour. Marie et Boris ont décidé de se séparer. Problème, c’est elle qui a payé la maison et lui qui l’a rénovée. Dans l’impossibilité de se loger ailleurs faute de moyens financiers, Boris est obligé de cohabiter avec son ex-compagne et leurs jumelles. Mais Marie ne le supporte plus et veut qu’il parte. Elle déteste tout chez lui et se demande comment elle a pu l’aimer.

    Sous les yeux des deux fillettes qui évidemment en souffrent, c’est alors l’heure des reproches acrimonieux, des engueulades monstres et des règlements de compte impitoyables. Tout tourne autour de l’argent, de qui a amené quoi, payé quoi.
    Pour Joachim Lafosse, reconnaissant le côté autobiographique de l’œuvre où il parle aussi de sa génération, celle des quadras, l’argent dans un couple c’est souvent plus un symptôme qu’une cause permettant et justifiant la dispute. Un symptôme qui cache aussi des choses émouvantes, tristes, la manière dont on est reconnu ou pas pour ce qu’on a fait ou pas.

    L’économie du couple  est une vraie réussite à laquelle les acteurs, étonnants de sobriété et de réalisme contribuent largement. Dans cette guerre des sexes où Lafosse joue à la fois au psy et à l’ethnologue, Cédric Kahn, généralement plus connu comme cinéaste et scénariste, se révèle formidable. A l‘image de la lumineuse Bérénice Bejo (photo).

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 septembre.

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  • Grand écran: Xavier Dolan bouleverse, fascine et exaspère dans "Juste la fin du monde"

    axavierd.jpgPour son septième film, qui a décroché le Grand Prix du jury en mai dernier à Cannes, le réalisateur québecois a choisi d’adapter une pièce de Jean-Luc Lagarce, dont il apprécie la beauté du texte et de la langue. Jeune auteur à succès, homosexuel intello plein de douceur, Louis n’a pas revu sa mère, sa sœur et son frère depuis 12 ans. Gravement malade, il revient chez les siens pour leur annoncer sa mort prochaine. Et ne cessera de chercher le bon moment pour le faire. Mais très sensible à l’extrême tension que sa visite provoque, il recule à chaque fois face à ces gens qui le noient sous les reproches, l’accablent de leur amertume et de leur rancœur. De leur amour aussi.

    Juste la fin du monde est un huis-clos théâtral familial asphyxiant, à la fois bouleversant et exaspérant, où tout le monde a envie de déballer ce qu’il a sur le cœur, mais où chacun crie, pleure, s’engueule, balance des vannes, ment, pour éviter, dans une fuite en avant logorrhéique, de parler de l’essentiel. A savoir de la raison du retour de Louis qui les tourmente.

    Xavier Dolan propose une mise en scène virtuose privilégiant les gros plans pour se rapprocher des visages de manière à en saisir les expressions les plus révélatrices. L’histoire passe en effet aussi par les silences, les regards, le moindre mouvement d’une bouche exprimant les non-dits. Les comédiens sont ainsi placés sous une sorte de microscope, la caméra jouant avec eux dans une tentative de capter le moindre souffle.

    Gaspard Ulliel se révèle excellent dans le rôle de Louis. L’opus est porté par quatre autres stars françaises aux prestations en revanche inégales. Nathalie Baye (la mère Martine), perruque noire et maquillage outrancier et Vincent Cassel (son frère Antoine) en font des tonnes dans une hystérie galopante. Lea Seydoux (sa sœur Suzanne qu’il n’a pas vu grandir) n’est pas moins irritante.

    En revanche, à l'image d'Ulliel, Marion Cotillard (sa belle-sœur Catherine que Louis ne connaissait pas) séduit. Dans ses hésitations, son bégaiement, sa gentillesse et sa compassion à l’égard de Louis dont elle a tout de suite compris le secret, on l’a rarement vue aussi bonne et aussi différente.

    "C'est mon meilleur film"

    A l’issue de la projection cannoise pour les journalistes, Xavier Dolan s’était montré un peu blessé par les critiques négatives, mais disait son bonheur d'être sur la Croisette. "je suis fier de mon film. J’estime que c’est mon meilleur", avouait-t-il à la conférence de presse. De leur côté, ses comédiens ne tarissaient pas d’éloges sur leur réalisateur, s’accordant à évoquer une rencontre passionnante avec un homme hors norme, proche d’eux, les mettant sous un microscope, jouant avec eux, donnant tout, essayant de capter le moindre souffle.

    Xavier Dolan aime la prolixité des personnages qui parlent de tout sauf de ce qu’ils savent. "Louis réagit à la nervosité, à l’ambiance. On s’évade à travers lui, grâce aux regards échangés avec Catherine. Il est en escapade perpétuelle dans une maison où sa famille le noie sous les reproches. Le plus attrayant, c’est son côté désagréable. Dans la vie on pleure, on explose, on ment. Je suis content d’avoir pu travailler avec des acteurs que j’admire pour exprimer cette imperfection humaine".

    Le réalisateur s’explique aussi sur l’utilisation des gros plan quasi constants. "Pour moi, c’était une nécessité de me rapprocher des visages qui reflètent la tension. L’histoire passe par les silences, les regards, le moindre mouvement d’une bouche exprimant les non-dits".

    A 'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 septembre.

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  • Grand écran: "Clash" évoque l'Egypte à travers un huis-clos étouffant en forme de thriller

    aclash.jpgAu lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, deux ans après l’échec de la révolution égyptienne, de violentes émeutes éclatent au Caire. Un journaliste égypto-américain et son photographe, considérés comme des traîtres sont embarqués dans un fourgon de police.

    Ils sont aussitôt suivis par des dizaines de manifestants aux convictions politiques et religieuses diverses. Des sympathisants des Frères musulmans, des modérés, un chrétien, des femmes sont ainsi forcés de cohabiter dans cet espace restreint et forcés de surmonter leurs divisions pour tenter de survivre. A la fin le fourgon est pris dans une grande manifestation chaotique, où il est difficile de définir le camp des protestataires.

    Du coup, alors qu’ils luttent depuis le début pour sortir du fourgon se déplaçant dans une ville à feu et à sang, les prisonniers du panier à salade se rapprochent et veulent rester à l’intérieur, face à la folie meurtrière qui se déroule à l’extérieur. On ne sait pas dès lors ce qui va leur arriver. Tout en se doutant que l’issue ne devrait pas être des plus favorables.

    Clash est signé du réalisateur Mohamed Diab, dont le travail pointe les problèmes de la société égyptienne et dont le premier long-métrage Les femmes du bus 678 évoquait le combat de trois femmes cairotes contre le machisme et le harcèlement sexuel. Il avait fortement déplu à la censure égyptienne. Cela n'a pas empêché son auteur de faire l’ouverture de la section cannoise Un certain regard, sans que son oeuvre ait été préalablement montrée à la dite censure.

    Symbolique et centré sur l'humain

    Durant l’entier de cet opus centré sur l’humain, on ne quitte pas la fourgonnette et ses occupants. Ce huis-clos dantesque mélangeant plusieurs visages, reflet des colères, des peurs, des angoisses, des incertitudes, des espoirs d’un peuple, est symbolique d’un pays sous la botte des militaires et s’enfonçant dans la répression de toute opposition islamiste et laïque.  

    Eprouvant, étouffant, ce thriller parabolique se veut haletant, percutant, efficace. Mais au-delà d’une réussite technique, de quelques scènes impressionnantes, on retiendra surtout le courage politique de l’auteur, son honnêteté, sa volonté d‘impartialité et d’absence de manichéisme.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 septembre.

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