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Grand écran: "L'Odyssée" évoque la légende Cousteau, star narcissique et militant écolo

aodyssee.jpgEn ces temps difficiles, la France a besoin de héros. Le cinéma lui en offre un sur mesure avec le commandant Jacques-Yves Cousteau, iconique aventurier au bonnet rouge, du moins pour les plus de vingt-trente ans, à qui Jerôme Salle rend hommage dans L’Odyssée. Un biopic incarné par Lambert Wilson, Pierre Niney et Audrey Tautou, porté aux nues par la quasi-totalité de la presse hexagonale.

 Vivant au sud de la France dans une maison surplombant la Méditerranée avec sa femme Simone, ses deux fils Jean-Michel et Philippe "JYC" ne rêve que d’aventures. En 1949, il invente un scaphandre autonome et découvre un nouveau monde dont il n’a alors de cesse de sonder les profondeurs à bord de la Calypso, fameux navire et futur symbole de son œuvre.

Grand admirateur du lauréat d'une discutable Palme d’or cannoise en 1954 pour Le monde du silence, Jerôme Salle se penche sur sa personnalité complexe et contradictoire. Un portrait qui se veut sans fard, dévoilant les zones d’ombre d'un homme sec, dur et autoritaire, n'hésitant pas, à ses débuts d'explorateur, à capturer des otaries pour les étudier ou à jeter sans scrupule des tas d’ordures à la mer. Et qui surtout, touchant à la célébrité, se transforme en star narcissique, âpre au gain et impénitent coureur de jupons,

Parallèlement à cette course effrénée à la reconnaissance et aux contrats, le réalisateur construit sa dramaturgie à travers les relations conflictuelles que ce père dominateur entretenait avec son second fils Philippe, casse-cou avide de son amour et de son admiration, mort dans un accident d’hydravion en 1979. C’est d’ailleurs avec cette tragédie que le film commence.

Jerôme Salle évoque également les rapports acrimonieux avec sa femme Simone, épouse trompée et délaissée, rongée par les infidélités de son mari et noyant sa jalousie dans l’alcool à bord de la Calypso, dont elle avait fait sa maison après l’avoir payée en vendant des bijoux hérités de sa mère.

Mais, comme débarrassé de l’hagiographie en stigmatisant l’égoïsme du séducteur dévoré d’ambition dans sa
première partie, le film s’emploie à son rachat tout au long de la seconde. En insistant longuement sur la conversion de l’infidèle paternel écrasant à l’égo surdimensionné en ardent défenseur des océans, grâce à Philippe qui lui avait opportunément ouvert les yeux sur l’importance de la chose.

C’est ainsi qu’en dépit de bons acteurs, à commencer par Lambert Wilson (photo) en Cousteau plutôt bluffant et souvent plus vrai que nature, de superbes images de fonds marins, de spectaculaires ballets de requins et de baleine, ce biopic reste finalement ce qu’il prétend ne pas être: un film essentiellement à la gloire du commandant, précurseur sur le tard pourtant de l’écologie moderne.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 octobre.

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