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Sorties de la Semaine - Page 177

  • Grand écran: "Cahier africain" raconte l'enfer vécu en République centrafricaine

    aaaacahier.jpgAu début il y a un cahier d‘écolier ordinaire. Sur les feuillets à petits carreaux des photos en forme de témoignages courageux de femmes, jeunes filles, garçons enfants de Centreafrique, dont les vies ont été brisées par la vague de meurtres et de viols commis par les 1500 hommes de la milice de Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération congolais entre octobre 2002 et mars 2003. Des traumatismes vécus par des familles entières.

    Ce cahier, devenu un vrai personnage du documentaire et que les victimes ont-elles-mêmes fabriqué a été découvert par hasard en 2008 par la réalisatrice Heidi Specogna. Elle s’est alors embarquée pour un voyage cinématographique de sept ans qui lui a valu trois nominations au Prix du cinéma suisse. 

    Au départ l’idée était de se focaliser sur un petit nombre de femmes violées essayant de se reconstruire. Toutefois elle a été rattrapée par la réalité en 2012, cinq ans après la guerre civile, quand les rebelles de la Séléka opposés au président François Bozizé ont repris les armes. Et que l’horreur recommençait nourrie par la rivalité entre chrétiens et musulmans. Un nouveau cauchemar pour les victimes d’atrocités, qui pensaient être enfin sorties de l’enfer.

    On retiendra à cet égard la remarque désespérée d’un chef de village. «C’est comme si le diable avait choisi notre pays… » Une malédiction que la réalisatrice nous laisse ressentir en évoquant un pays où tout se répète, rien ne s’arrête dans un cycle de violence constamment renouvelé.

    Hedi Specogna n’hésite pas à en montrer les terribles stigmates avec des images choc mais non voyeuristes dans son film divisé en trois chapitres. Il débute avec le procès de Bemba en 2011 (il a été condamné à 18 ans de prison par la Cour pénale internationale) et se termine en 2015, sur une petite note d’espoir. Il raconte un peuple meurtri, dont les souffrances passent par le récit, le regard triste, douloureux et digne des protagonistes dont les visages sont souvent filmés en gros plans.

    Un petit regret pourtant. Evoquant un pan de vie tragique, ce documentaire émouvant plein d'une humanité teintée de poésie, reste parfois difficile à suivre pour qui connaît mal ou pas du tout l'histoire des monstruosités commises et subies dans cette partie du monde.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 mars.

     

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  • Grand écran: " Sage-femme" réunit Deneuve et Frot, les deux grandes Catherine du cinéma français

    aaaafemme.jpgClaire, sage-femme au sens propre et figuré, a voué son existence aux autres. Alors que la fermeture proche de la maternité où elle travaille la préoccupe, son quotidien est de surcroît chamboulée par l’irruption, au bout de 40 ans, de Béatrice, ancienne maîtresse passionnée de son père qu’elle a poussé au suicide après l’avoir quitté sans explication.

    Dans Sage-femme, à la base un hommage à la sage-femme qui l’a sauvé à sa naissance en lui donnant son sang, Martin Provost met en scène des retrouvailles étonnantes entre deux femmes que tout sépare.

    D’un côté le personnage interprété par Catherine Frot, raide, buté, rigoureux, cultivant son petit jardin au bord de l’eau entre deux accouchements, menant une existence dédiée à son fils étudiant en médecine et à son métier au point d’oublier de vivre. De l’autre Catherine Deneuve, alias Béatrice, flambeuse fantasque, excentrique, menteuse, tricheuse, égoïste, qui a brûlé la chandelle par les deux bouts.  

    Sa réapparition brutale ravive les blessures du passé. Mais les rancoeurs, la désapprobation ou le mépris de l’une pour la vie de l’autre, s’effacent petit à petit entre celle qui a brûlé la chandelle par les deux bouts et son exact contraire pour laisser place à une relation quasi filiale. D’autant que Béatrice annonce à Claire qu’elle est atteinte d’une tumeur au cerveau  

    Fable rappelant celle de La cigale et la fourmi, comparaison qu’il assume totalement, ce film est à l’image de Martin Provost, à la fois joyeux et désespéré. Un film où il évoque la transmission tout en livrant une opposition constante entre la vie et la mort.

    Pourtant, après ses magnifiques portraits, Séraphine en 2008 et Violette en 2013, le réalisateur déçoit un peu avec Sage-femme, un opus certes touchant mais où, dans une mise en scène illustrative, il privilégie une opposition finalement assez banale de deux caractères à la folie de ses héroïnes précédentes.

    Et cela bien qu''il nous propose un duo inédit avec les deux grandes Catherine de la pellicule française. Un jeu de miroirs où Frot l’emporte sur Deneuve qui, manquant de naturel, se complaît trop dans ce rôle de dame indigne exubérante, aimant les hommes, l’alcool, et le tabac pour convaincre.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 mars.

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  • Grand écran:"Monsieur et Madame Adelman", une réussite pour Nicolas Bedos et Doria Tillier

    video-decouvrez-la-bande-annonce-de-mr-et-mme-adelman-le-film-de-nicolas-bedos-avec-doria-tillier (1).jpgEcrivain à succès, Victor Adelman vient de mourir. Lors de l’enterrement, sa veuve Sarah raconte à un journaliste 45 ans d’une vie commune, remplie d’amour, de passion, de trahisons, d’ambition, de chagrins et de secrets, depuis leur rencontre à l’occasion d’une soirée alcoolisée.

    Devenue sa muse, elle se plonge dans le travail de son homme et l’épouse. Mais comment ont-il fait pour se supporter aussi longtemps? Qui était vraiment Sarah, vivant dans l’ombre de Victor? Pour son premier film, coécrit avec sa compagne Doria Tillier, ex-sulfureuse Miss Météo sur Canal, Nicolas Bedos nous entraîne dans une folle épopée conjugale. Démarrant dans les années 70, elle est aussi prétexte à une chronique socio-historique de la France de la deuxième moitié du siècle dernier.

    "Le fils de..." est doué

    Vu la personnalité du chroniqueur télé people, narcissique et tête à claques, c’est un peu à reculons qu’on allait découvrir Monsieur et Madame Adelman. Mais force est de constater qu’en dépit de quelques réserves, c’est la bonne surprise. Le film démontre un indéniable talent chez "le fils de…", qui livre une comédie à tiroirs ambitieuse mais bien maîtrisée, à la fois romantique, humoristique, acide, vacharde, cynique.

    On aime le ton léger, désinvolte, les dialogues ciselés, les vannes, le jeu avec les codes des différentes époques les règlements de compte avec la famille, que servent par ailleurs d’excellents interprètes. Aussi bon comédien que réalisateur, Nicolas Bedos incarne parfaitement l’auteur en crise, égocentrique et à fleur de peau, aux côtés de personnages secondaires comme Denis Podalydès en psy désabusé ou de Pierre Arditi en vieux bourgeois réac odieux.

    aaaadria.jpgIrrésistible Doria Tillier

    Sans oublier l’irrésistible Doria Tillier, rencontrée à Genève. Formidable, c’est une vraie révélation dans son premier rôle au cinéma. Elle nous confie que Nicolas s’est montré très exigeant.

    "C’est fatigant, parfois déstabilisant. Quand on connaît bien quelqu’un, on décrypte tout de suite ses moindres déceptions. Il y a eu des tensions sur le plateau, mais on avait la même vision du film. C’était l’essentiel. Il ne m’a jamais demandé de faire quelque chose d’incohérent".

    Vous dites être plus à l’aise en Sarah âgée qu’en Sarah jeune.

    Agée, elle est plus loin de moi. Je préfère les rôles de composition. Ils m’amusent davantage. La notion de plaisir est importante. Quand j’étais Miss Météo sur Canal, j’adorais me déguiser, me travestir. Me cacher dans le fond.

    Il s’agit d’une fiction, mais en même temps le film parle aussi un peu de vous.

    Oui, il y a quelque chose de nous qui nous échappe. Nos proches pourraient remarquer que cela nous ressemble. Sans qu’on le cherche. Il y a juste des points communs avec nos personnages respectifs. A commencer par le physique évidemment...

    Vous surfez sur l’imposture tout au long de l'intrigue

    Aujourd’hui les gens s’attachent à l’image qu’ils renvoient. Sarah se moque de la gloire. L’important c’est ce qu’elle fait, ce qu’elle vit et, j'y reviens, le plaisir qu’elle prend. Lui est pétri d’angoisse à l’idée d’être mal aimé. Il a besoin de reconnaissance. C’est l’imposture au détriment de la posture.

    Parmi tous les thèmes que vous traitez, il y a celui, rare et très osé, de l’enfant qu’on n’aime pas.

    J’adore être sur un fil et ça me plaisait d’en rire. Mais si le sujet est difficile, la chose existe. On l’avait observé chez des gens. Beaucoup nous disent aussi que ça fait du bien de reconnaître qu’un môme parfois ça vous saoûle. Et puis il y avait l’envie de se moquer de ce couple qui a tout et projette un gamin prix Nobel Eh bien non, on ne peut pas toujours avoir de la chance jusqu’au bout!

    Nicolas Bedos avouait que pour lui, ce film était la fin de l’ego trip. Qu’en pensez-vous ?

    C’est une façon de se défendre après avoir beaucoup joué à la télévision avec un personnage narcissique, égoïste et mégalo.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 mars.

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