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Sorties de la Semaine - Page 181

  • Grand écran: avec "L'Empereur" Luc Jacquet raconte le voyage d'un jeune manchot vers l'océan

    aaaaempereur.jpgUn mois de voyage, quarante-cinq jours de tournage, six mois de montage. Résultat, de superbes images d’étendues glacées immaculées, de grands oiseaux attendrissants et une formidable prouesse technique pour une touchante histoire bien racontée par Lambert Wilson. Douze ans après le triomphe de La Marche de l’Empereur couronné d’un Oscar, qui évoquait le rude parcours des manchots empereurs sur la banquise, Luc Jacquet récidive.

    Il nous immerge à nouveau dans le quotidien de ces étonnantes créatures en frac, à la fois majestueuses et rigolotes avec leur drôle de démarche à la Chaplin. Mais tout en montrant leur lutte perpétuelle pour tenter de se reproduire dans des conditions extrêmes, comme en témoigne la scène poignante de la résistance collective au blizzard pour protéger les œufs, son nouvel opus est centré sur l’aventure d’un manchot, de sa naissance à son premier grand voyage.

    On s’attache à ce poussin qui, répondant au mystérieux appel qui l’incite à rejoindre l’océan, va traverser de dures épreuves pour accomplir son destin, assurer sa survie et celle de son espèce. Luc Jacquet voulait aborder au plus près la vie de l’animal. Un défi de taille mais un objectif atteint grâce à 6000 sosies qui faisaient la même chose en même temps.

    Une première mondiale grâce aux frères Gentil

    Le commentaire, très explicatif, contribue à lever une partie du voile entourant ses héros qui nous donnent une leçon de vie. On regrettera toutefois d’incessants allers et retours dans ce récit initiatique qui font un peu perdre le fil. En revanche, Luc Jacquet nous bluffe avec de sublimes images sous-marines, grâce à l’extraordinaire travail des frères Gentil, explorateurs modernes chaux-de-fonniers. Une première mondiale.

    La frustration de Luc Jacquet de ne pas avoir pu le faire il y a douze ans, était d’ailleurs l’une de ses raisons de remettre le couvert, comme il nous le confiait lors d’un récent passage à Genève. Mais il y a aussi évidemment cette volonté de témoigner ce qu’il doit à ce continent. "Je ne peux le laisser sans empereurs à mes enfants».
    Ecologue de formation, ce passionné de la nature natif de Bourg-en-Bresse qui voulait être paysan, a subi pour la première fois la morsure de l’Arctique en 1991. Il avait 23 ans.

    "Depuis j’y suis retourné régulièrement. J’aime la confrontation avec les éléments déchaînés, l’esthétique absolue des paysages, le retrait du monde, le retour à un rythme plus authentique et bien sûr la proximité avec les manchots. Ce ne sont pas des animaux domestiqués, mais ils sont curieux, familiers. Ils n’ont pas peur. Ils essayent même de tirer vos vêtements! Il n'y a pas d’espèce qui se prête à ce point à la caméra».

    Ce qui continue toutefois à beaucoup troubler l’auteur, c’est le mystère. "Il y a tant de choses qu’on ne comprend pas, leur connaissance innée mais impressionnante de la transmission, la manière qu’ils ont de se repérer. J’ai le sentiment que tout cela est sous-tendu par le rapport au temps.»

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 février.

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  • Grand écran: dans "Rock'n Roll", Guillaume Canet s'amuse à casser son image

    aaaarock.jpgValeur sûre du cinéma français, bien dans son existence, son métier, sa famille, Guillaume Canet, 43 ans, a tout pour être heureux. Jusqu’au jour où, sur un tournage, c’est le choc. Evoquant son âge, une jolie comédienne de 20 ans lui apprend non seulement qu’il n’est pas très "rock", ce qu’il n’a d’ailleurs jamais vraiment été, mais qu’il a beaucoup chuté dans la liste des acteurs qu’on aimerait se taper…

    Sa vie avec Marion, son fils, sa maison de campagne, ses chevaux, ne livrent donc pas de lui un portrait des plus sexy. Paniqué, Guillaume sent qu’il y a urgence à changer. Et il va aller loin, jusqu’à l’impensable, sous le regard impuissant de son entourage médusé…

    C'est après une interview avec une journaliste qui le décrit en termes peu avantageux dans lesquels il ne se reconnait pas, lui assurant qu’il renvoie l’image d’un acteur ringard et rangé, que l'idée de Rock'n Roll a germé dans la tête de Canet. Du coup, tout en mettant en scène son propre couple, il a eu envie de s’amuser à casser son look de gendre idéal. D’où son cinquième long-métrage où il se livre à un exercice désopilant d’autodérision, se moquant à la fois de sa personne et de son parcours. Il pose ainsi un regard satirique sur la sacro-sainte star qui, après avoir arpenté le tapis rouge, se comporte en somme comme tout le monde. Ou presque…

    Parallèlement à ce savoureux jeu d’autodestruction, y allant à fond sur le nombrilisme et le narcissisme des acteurs enfermés dans une bulle et ne sachant pas distinguer le vrai du faux, il évoque la crise de la quarantaine qui effraie autant les hommes que les femmes, poursuivant pathétiquement à coup de botox une jeunesse qui les fuit. A cet égard, on regrette un peu que l’auteur ait tendance à se perdre dans une métaphore un rien lourdingue sur le jeunisme, surfant sur l’angoisse de vieillir et l'implacable dictature de l’apparence. Le twist final se révèle en revanche carrément dingue.

    Un vrai talent comique

    Malgré quelques petites réserves, ce métrage caustique et très divertissant entre réalité, fiction et mise en abyme offre des passages aussi inattendus que jubilatoires. A l’instar de celui où une Marion Cotillard irrésistible, cultivant son potager au milieu du salon, travaille par ailleurs consciencieusement un accent québécois pour son rôle dans le prochain fllm de Xavier Dolan. Le prodige aurait lui-même élaboré les dialogues pour des scènes particulièrement humoristiques. Sans oublier la découverte d'un impayable Johnny Hallyday qui s’autoparodie avec une indéniable délectatio

    Mais on soulignera surtout  la performance de Guillaume Canet, dévoilant un talent comique qu’on ne lui connaissait pas vraiment et qu’on lui souhaite d’exploiter. En ce qui concerne les personnages secondaires,le réalisateur a choisi de s’entourer à nouveau de sa famille de cinéma: Alain Attal, Gilles Lellouche, ou encore Philippe Lefèvbre avec qui il a coécrit Mon idole et Ne le dis à personne

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 février.

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  • Grand écran: "Dans la forêt", le thriller fantastico-anxiogène de Gilles Marchand

    aaaaforet.jpegNotamment inspiré de l'enfance de l'auteur, ce huis-clos familial en pleine nature met en scène Tom et Benjamin, deux garçons de 8 et 11 ans, qui rejoignent leur père vivant à Stockholm, pour passer les vacances d'été avec lui.

    Ils l’ont à peine vu depuis qu’il a divorcé de leur mère, plus particulièrement Tom, qui ne connaît pratiquement pas cet homme à la fois bizarre, mystérieux, solitaire et autoritaire, qui semble ne jamais avoir besoin de dormir. C’est en tout cas ce qu’il lui affirme. Il est en plus convaincu que le gamin voit des choses invisibles pour les autres. A la suite d’incidents étranges, il décide brusquement d’aller dans le nord du pays et de séjourner dans une cabane au milieu d’une immense forêt.

    Les deux gamins trouvent l’idée excitante, mais déchantent assez rapidement en découvrant un endroit certes magnifique, mais beaucoup plus isolé qu’ils l’avaient imaginé, privé d’électricité de surcroît, ce qui les empêche de recharger leur portable. Le malaise s’installe au fil des jours et leur inquiétude s’accroît quand ils comprennent que leur père, heureux d’être coupé du monde avec ses fils, envisage de moins en moins un retour à la civilisation. Sans compter qu'il manifeste à leur égard un comportement de plus en plus étrange et menaçant, qui accentue leurs angoisses et leurs peurs.

    Un côté maléfique rappelant un peu Shining

    Egalement connu pour ses scénarios dont Ressources humaines de Laurent Cantet, Un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll, ou encore Main dans la main de Valérie Donzelli, Gilles Marchand est adepte du thriller aux accents fantastiques depuis ses premiers longs-métrages. Dans Qui a tué Bambi (2003), il évoquait les obsessions d’une jeune infirmière se débattant entre rêve et cauchemar. Dans L’Autre monde (2010), il utilisait le phénomène des jeux vidéo en ligne pour développer des relations troubles et malsaines entre des personnages à la dérive.

    aaaforet.jpgDans la forêt, le côté diabolique du père se retournant contre sa progéniture, rappelant un peu la folie de Jack Nicholson dans Shining, l’emporte. Cet opus anxiogène le serait d'ailleurs davantage si son réalisateur n’avait pas décidé de distiller l’angoisse dès les premières images.

    Du coup, on n’est jamais véritablement surpris par les agissements alarmants du père. Ni saisi par les visions de monstrueuses créatures démoniaques du petit Tom, véritable héros de l'histoire. Doué de télépathie, il révélait en effet d’entrée à une pédopsychiatre qu’il avait un mauvais pressentiment à l’idée d’aller retrouver l’auteur de ses jours en Suède.

    Cela n'enlève toutefois rien à la prestation des comédiens. Jérémie Elkaïm dans le rôle sombre et maléfique du père, Timothé Vom Dorp (photo) et Théo Van de Voorde dans celui des enfants à l'imaginaire foisonnant, se montrent tous les trois excellents.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 février.

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