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Sorties de la Semaine - Page 181

  • Grand écran: avec "120 battements par minute", Robin Campillo signe un flm choc, rare et captivant

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabattements.jpg«Melton Pharm assassins», scandent les militants d’Act Up en arrosant les bureaux du groupe pharmaceutique de faux sang… Nous sommes au début des années 90. Alors que le sida tue depuis une dizaine d’années, les activistes de l’association parisienne créée en 1989, deux ans après sa sœur américaine, multiplient les méthodes coup de poing et les mises en scènes ébouriffantes, pour lutter contre l'indifférence générale à la maladie. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean qui consume ses dernières forces dans l’intensité de la lutte. Au cœur de l’action, les deux amants vont mener leur propre combat.

    Plébiscité sur la Croisette en mai dernier, le film a décroché le Grand Prix du jury. Fort, bouleversant, captivant, Il méritait la Palme d’or. Le jury présidé par Pedro Almodovar a pourtant raté la cible en n’offrant à son auteur Robin Campillo «que» le Grand Prix. Œuvre rare, s’adressant autant au coeur qu’à l’intelligence, 120 battements par minute rend justice à ces femmes et à ces hommes qui n’hésitaient pas à payer de leur personne quand il s’agissait de monter des opérations choc. (Voire ci-dessous)

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarobincam.jpg«J’avais peur de me confronter à mes souvenirs»

    Robin Campillo, 55 ans, a mis longtemps à s’attaquer au sujet. «En 1990 déjà, j’ai eu envie de faire un film sur le sida mais je ne trouvais pas de biais », expliquait-t-il lors de la conférence de presse cannoise, où lui et ses comédiens aussi remarquables qu’engagés, dont Adèle Haenel, Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, ont été follement applaudis » Chaque fois je reculais parce que j’avais peur de me confronter à mes souvenirs, de ne pas être à la hauteur ». Lui-même entré à Act Up, il a vécu, comme dans le film, des drames qu’on vous laisse découvrir.

    Finalement il s’est lancé. «Mais j’ai essayé d’aller dans le côté froid qui laisse mieux ressortir l’émotion J’avais envie de choses très naïves au premier degré, contrebalancées par la difficulté de vivre une histoire d’amour avec quelqu’un atteint du sida. Une histoire qu’il raconte formidablement, à l’image de tout son long métrage. A la fois trivial et pudique, mêlant l’intime et le politique, il réussit à éviter tout pathos en évoquant la mort qui ne cesse de rôder autour de ces jeunes gens animés d'une soif de vivre, mais sacrifiés pour avoir trop aimé.

    Libération de la parole

    120 battements par minute est le troisième long métrage de Robin Campillo après Les revenants (2004) qui a inspiré la série homonyme sur Canal + et Eastern Boys en 2013. Un grand film sur la nécessité non seulement d’alerter mais de bousculer, qui propose une mise en scène très maîtrisée où alternent les séquences d’intimité, d’action et de débats. On voit par exemple souvent le collectif rassemblé en assemblée générale discuter longuement et passionnément de ses nouvelles opérations et formes de communication.  

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaactions.jpgLe réalisateur insiste sur la libération de la parole à cette époque. Un flot de paroles après dix ans d’épidémie tragique ignorée, que traduisent les nombreuses et passionnantes discussions entre les militants. Et ça, il sait faire, Campillo, ainsi qu'il l’avait démontré dans «Entre les murs» de Laurent Cantet, Palme d’or en 2008, dont il est le coscénariste et le monteur. «Il existait une communauté sida et des gens qui ne s’en rendaient pas compte. Il fallait arrêter ce silence».

    Campillo revient également sur la difficulté de créer un mouvement politique. «Les choses prennent quand ça devient une lutte. Act Up était très petite mais il y avait des réunions chaque semaine. J’ai réalisé le film pour rappeler ce qu’était ce rassemblement de personnes qui ont forgé ensemble un vrai discours et une action forte. J’ai voulu montrer ce groupe comme un cerveau qui imaginait des choses. Le collectif, c’était une façon de rester debout. Il y avait aussi quelque chose d’assez joyeux chez Act Up. Pour ne plus subir l’épidémie, sortir du cercle mortifère». En témoignent de bienvenues pointes d’humour.

    Bien que l’action se déroule il y a 27 ans, il ne s’agit pas d’un film d’époque. « Je m’en méfie. J’ai toujours le sentiment qu’il faut trouver le bon vêtement. J’ai juste retiré des expressions trop actuelles. En même temps, il fallait que le spectateur soit projeté dans un présent. Je voulais qu’on soit dans un univers parallèle. C’est le côté un peu fantastique du cinéma».

    Les « zaps » les plus célèbres d’Act Up

    Silence=mort. C’était l’un des slogans des militants d’Act Up qui se sont démenés à coups de «zaps», défendant toutes les populations touchées par l’épidémie. Ils se sont ainsi affrontés aux lenteurs à visée commerciale des grands laboratoires pharmaceutiques, pour que les services publics se saisissent enfin de la gravité de la situation.

    L’une de leur plus grande réussite médiatique reste le fameux encapotage de l’obélisque de la Concorde le 1er décembre 1993 avec la pose d’un préservatif géant rose financé par Benetton pour faire passer ce message : *sida que cesse cette hécatombe ».

    Il y eut également leurs nombreux «die in», où ils s’allongeaient sur la voie publique pour symboliser les morts du HIV. Comme le 1er décembre 1994 au milieu des Champs-Elysées, ou devant la cathédrale Notre-Dame de Paris en 2009 pour protester contre les propos du pape Benoît XVI sur le préservatif.

    Plus récemment, en 2013, les militants déversaient du faux sang sur la façade de la Fondation
    Jérôme-Lejeune à Paris, dont la directrice de communication Ludovine de la Rochère, est également présidente de la Manif pour tous.

    A l‘affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 août.

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  • Grand écran: Fanny Ardant en "Lola Pater", une évidence pour le réalisateur Nadir Moknèche

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaafanettew.jpgFils d’immigrés algériens, Zino a grandi persuadé que Farid, son père, les a abandonnés, sa mère et lui. A la mort de cette dernière, il apprend que Farid n’est pas retourné en Algérie, mais qu’il vit en Camargue. Zino part alors à sa recherche dans le sud de la France et rencontre Lola, professeure de danse orientale. Elle finit par lui avouer qu’elle est Farid. Zino a de la peine à l’accepter. Toujours prête à tout, Fanny Ardant n’a pas hésité à se couler dans le rôle de Lola, donnant la réplique à Tewfik Jallab (photo

    Nadir Moknèche s'est attaqué à un thème délicat qu'il traite avec subtilité et sensibilité, évitant la caricature et le cliché. "L’idée du film vient de loin. Dans les années 80, j‘habitais Pigalle et j’avais deux voisines transsexuelles qui se prostituaient en bas de chez moi. Le 11 mai 1987, alors qu’Antenne 2 retransmettait l’ouverture du procès de Klaus Barbie l’une d’elles m’a demandé si elle pouvait venir voir la télévision chez moi. J’ai d’abord pris un air condescendant du haut de mes 22 ans. Ensuite nous avons sympathisé Avec le temps, je suis entré dans ce monde et j’ai découvert une autre vie".

    Pourquoi avoir choisi Fanny Ardant.

    Je l’avais vue dans Vivement dimanche et j’avais cru alors qu’elle était italienne. Je suis dingue des actrices italiennes. Et puis, lors d’un déjeuner chez ma mère, on parlait du scénario, du personnage. Tout à coup, elle m’a dit comme un oracle  "Ne cherche pas, il y a une seule actrice qui peut jouer ce rôle. Fanny Ardant". On s’est rencontré et tout s’est enchaîné.

    On pourrait vous reprocher de ne pas avoir choisi une vraie transsexuelle, comme l’a fait par exemple Sebastian Lelio pour "Una mujer fantastica".

    Le cinéma est un métier et j’aime travailler avec les acteurs. Actuellement il n’y a pas de comédienne transsexuelle. Peut-être sera-ce le cas dans vingt ans. mais j’espère qu’elles ne seront pas cantonnées à ce genre de rôle. Le choix de Fanny Ardant s’est imposé de lui-même. Elle et moi nous sommes investis corps et âme dans ce personnage de Lola. (C’est aussi l’avis de l’intéressée. Voir notre interview de Fanny Ardant du 4 août dernier).

    Si vous vous mettez dans la situation du fils, comment auriez-vous réagi ?

    J’aurais également été dans le rejet a priori. Et puis j’aurais essayé de comprendre pourquoi c’est si douloureux d’être dans le mauvais corps. Personnellement je n’ai pas connu mon père. Il est mort alors que j’avais trois ans. Plus tard je me suis demandé comment je me serais entendu avec lui. Et je me suis aussi dit, si le cas s’était présenté, qu’il était préférable d’avoir un père vivant, en femme ,qu’un père mort, en homme.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 août.

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  • Grand écran: "Una mujer fantastica", le combat dune transgenre face à l'hostilité sociale et familiale

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaamujer.jpgAprès le triomphe de « Gloria », une divorcée de 58 ans déterminée à braver l’âge et la solitude, le Chilien Sebastian Lelio s’est lancé, avec « Una mujer fantastica » (Une femme fantastique) , dans le délicat sujet du transgendérisme. Cette femme, c’est Marina. Loin des regards, elle vit avec Orlando, son aîné de vingt ans. Ils s’aiment, malgré tout ce qui les sépare, les années et la différence de Marina.

    Toujours désireux de lui plaire, Il décide de l’emmener aux célèbres chutes d’Iguazu, situées entre le Brésil et l’Argentine. Mais le voyage ne se fera pas. Terrassé par un malaise, Orlando meurt quelques heures plus tard. Privée de son amour, de sa bienveillance, de sa protection, Marina se retrouve en butte à l’hostilité de la société et de ses proches, rejetant tout ce que représente cette personne à «l’identité douteuse».

    Marina lutte pour conquérir son droit au respect

    Tandis que la police la soupçonne de meurtre et que l’inspectrice des moeurs la soumet à une humiliante visite médicale, la famille d’Orlando, mêlant la cruauté ordinaire à la mesquinerie crasse, veut chasser ce «monstre», cette «prostituée vénale» de l’appartement d’Orlando et va jusqu’à l’interdire d’obsèques. Seule face à la violence, la colère, la défiance et l’animosité de tous, Marina ne baisse pas les bras. Dotée d’une force et d’une énergie à tout crin, elle va au contraire se battre pour conquérir son droit au respect et à la dignité.

    Entre retenue et tension, passant du mélodrame à une forme de thriller, Sebastian Lelio évite le militantisme, le pathos, pour développer son intrigue avec subtilité, intelligence et délicatesse, le «cas» de Marina devenant alors surtout un sujet pour les autres protagonistes. Une réussite à laquelle contribue son héroïne interprétée avec passion par la talentueuse et charismatique Daniela Vega (photo), une vraie femme transgenre. Comme le souhaitait le réalisateur qui, de Berlin où il habite désormais, nous en dit plus sur le point de départ de son cinquième long métrage.

    «Je voulais explorer de nouveaux territoires»

    « Gloria représentait à la fois une fin et un commencement. Suite à son succès, j’ai eu envie d’explorer de nouveaux territoires, de trouver une histoire qui me forcerait à avancer. C’est ce qui m’excite dans mon métier. Alors que j’étais en train d’écrire avec mon coscénariste Gonzalo Maza, je me suis demandé ce qui se passe pour celui ou celle qui reste quand quelqu’un meurt dans ses bras. Après avoir imaginé plusieurs possibilités, j’ai eu l’idée d’une femme transgenre. Mais je n’en connaissais pas et je sentais que j’avais la tête farcie de clichés ».

    -C’est alors que vous avez décidé d‘en rencontrer ?

    - Effectivement. Nous en avons vu plusieurs à Santiago, que j’ai trouvées très inspirantes. Mais sans que je les imagine en comédiennes. Jusqu’à ce qu’on me recommande Daniela Vega». J’ai alors réalisé qu’il me fallait une actrice transgenre. Pour moi c’était impératif. Sinon, je n’aurais pas fait le film.

    - «Una mujer fantastica» n’est pas militant dans la mesure où vous ne traitez pas spécifiquement du problème de la transition, de la difficulté à s’assumer, mais avant tout de la façon dont Marina est considérée et traitée pour ce qu’elle représente.

    -Je crois que le cinéma a vocation à être plus complexe qu’exposer ou défendre certaines causes. Un moyen de les surmonter, de les transcender. La présence de Marina nous emporte ailleurs. On est à la fois dans un musical, une fantaisie, un documentaire. En dépit d’un certain aspect réaliste, le film n’est pas réaliste en soi.

    - Vous posez plus de questions que vous ne donnez de réponses. Notamment à propos de votre héroïne.

    -C’est vrai. Révélateur, reflet, miroir, pierre angulaire, elle est plus ou moins énigmatique. On ne sait pas exactement qui elle est. Elle demeure un mystère. Je suis comme elle. Si je ne nie pas avoir une fascination pour le féminin, Je refuse d’être catalogué.

    -Votre film a une dimension politique. Est-il une représentation du Chili aujourd’hui?

    -C’est inévitable, puisqu’il en émerge. Il est révélateur d’un aspect d’une société chilienne très conservatrice dans un pays à démocratie limitée où continue à régner l’injustice sociale.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 juillet.

     

     

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