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Sorties de la Semaine - Page 178

  • Grand écran: Oscar du meilleur fim, "Moonlight" est une bouleversante quête d'identité

    aaaamoonlight.jpg«Mon héros est pauvre, noir, gay… C’est ma vie», relève dans divers interviews Barry Jenkins, 37 ans, le réalisateur de Moonlight. Enfant noir de Liberty City, un quartier défavorisé de Miami, orphelin de père, vivant avec sa mère toxico, harcelé par ses camarades, le jeune Chiron n’a pas d’ami à part Juan, un caïd de la drogue qui le protège et devient un père de substitution. De surcroît, il devra assumer son homosexualité dans un environnement hostile. 

    En découvrant ce scénario, on pouvait craindre le pire. C’est le contraire absolu. Marqué par la grâce avec des scènes qui vous touchent au cœur par leur bouleversante simplicité, dont celle symbolisée par la photo ci-dessus, Moonlight est un film rare, à contre-courant, privilégiant une approche poétique, empathique, sensuelle.

    Sans se laisser aller à la dramatisation hollywoodienne, son auteur propose une mise en scène dépouillée, stylisée, explorant avec finesse les rapports humains et les préférences sexuelles. Ces qualités lui ont d’abord valu le Globe du meilleur film, puis trois Oscars: meilleur film, meilleur second rôle attribué à Mahershala Ali (l'homme sur l'image) et meilleure adaptation.

    Trois périodes-clés avec d'excellents comédiens

    Le film est tiré de la pièce de Tarell Alvin McCraney In Moonlight, Black Boys Look Blue. Le dramaturge a aussi grandi dans le ghetto de Miami, au moment où l’arrivée du crack faisait des ravages dans les années 80. Egalement fondé sur la propre histoire difficile de Barry Jenkins, cet opus sous haute tension se divise en trois chapitres.

    Ils évoquent trois périodes-clés de l’existence d’un être déchiré qui cherche sa place dans le monde, en commençant par se battre contre la dureté de sa mère et sa sexualité naissante. Une douloureuse quête d’identité faite de rejets, brimades et insultes qui finiront par le mener à l’acceptation de soi.

    fotorcreated (1).jpgChiron, c’est d’abord Little, un enfant mutique au visage triste qui se cache pour échapper aux copains qui le pourchassent. Puis un adolescent replié sur lui-même qui récupère son prénom, Chiron, persécuté pour sa différence.

    Et enfin un adulte, Black, devenu dealer à son tour, ultra viril avec ses muscles sa chaîne et ses dents en or. Mais toujours livré à ses démons et demeuré ce petit garçon demandant, tout en craignant de le savoir, ce que signifie «faggot». Une troisième partie que les non-dits rendent encore plus émouvante.

    Outre par Mahershala Ali cité plus haut, Moonlight est porté par trois excellents comédiens, Alex R. Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rhodes (photo), chacun exprimant à sa façon les contradictions, l’introversion, les fêlures et les souffrances aux trois âges de de Chiron.

    A noter que le casting est entièrement noir. Barry Jenkins n’y voit aucun problème, car il n’a pas connu de blancs avant d’entrer à l’université! «S’il avait fallu en créer pour une question de représentation, cela n’aurait eu aucun sens. Ce n’était pas une intention mais le respect du monde de mon personnage».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 mars.

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  • Grand écran: Jessica Chastain, lobbyiste de choc dans "Miss Sloane"

    aaaasloane.jpegPlongée dans les arcanes de Washington avec Miss Sloane, belle, brillante et sans scrupules. Lobbyiste professionnelle dans la capitale américaine, grassement payée par de puissants groupes de pression, cette talentueuse et fascinante stratège n’hésite pas à user de n’importe quel moyen pour influencer les élus à voter pour ou contre des lois, selon les intérêts de ses clients.

    Une mission de tous les instants à laquelle Elizabeth Sloane se consacre entièrement. Insomniaque, sous-alimentée, au taquet seize heures par jour, avalant pilule sur pilule pour tenir, elle  sacrifie volontairement sa vie privée. Et se paie des escort boys pour satisfaire ses besoins sexuels et s’en débarrasser ensuite.

    Cynique, amorale, sûre d’elle, rationnelle, avide de défis et de victoires, elle n’a pas besoin de croire à une cause pour la défendre. C’est ainsi qu’elle fera campagne auprès du lobby des armes pour ensuite s’allier à un homme de principe pour faire adopter une loi limitant leur circulation. Tout cela à grands coups de manigances et de manipulations qui pourraient lui coûter cher dans ce milieu d'hommes aussi impitoyable qu'obscur. 

    Le Britannique John Madden notamment auteur de Shakespeare in love et des deux Best Exotic Marigold Hotel livre un thriller psychologico-politique plutôt efficace, porté de bout en bout par Jessica Chastain. En tailleur impeccable, perchée sur ses hauts talons, elle se révèle parfaite dans le rôle. Autant préciser que c‘est l’atout majeur du film dont le scénario complexe confine parfois à l’incohérence.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mars.

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  • Grand écran: "Les figures de l'ombre", hommage à trois scientifiques afro-américaines de génie

    aaaafigures.jpgElles étaient exceptionnellement douées et on ne le savait pas. Du moins en ce qui me concerne. J'ignorais en effet tout de Katherine Johnson, Dorothy Vaughn et Mary Jackson, ces trois incroyables scientifiques afro-américaines travaillant dur pour la Nasa, aspirant à l’égalité des chances et à un salaire décent. Mais victimes de préjugés racistes, elles ont dû se battre pied à pied pour faire reconnaître leur talent

    Nous sommes dans les années 60. Les Etats-Unis doivent absolument rattraper leur gros retard sur l’URSS, qui a envoyé le premier homme dans l’espace Youri Gagarine en 1961. C’est notamment grâce à ces trois femmes qu’ils y parviendront avec la mise en orbite, l'année suivante, de l’astronaute John Glenn, mort le 8 décembre dernier.  

    Et pourtant que de bâtons on leur a mis dans les roues. Ne serait-ce que le fait de devoir, comme la mathématicienne Katherine Johnson, parcourir quotidiennement et à plusieurs reprises un bon kilomètre pour se rendre... aux toilettes réservées aux personnes de couleur. Une humiliation scandaleuse qui lui fait non seulement perdre un temps fou dans son job mais la ramène constamment à sa condition inférieure.

    Traiter de la conquête spatiale par le biais de la discrimination, de l’intolérance, du sexisme et du machisme est la bonne idée de ce film hommage réalisé par Theodore Melfi, bien qu’il soit desservi par une mise en scène peu inspirée et un scénario trop prévisible.

    Un excellent trio d'actrices

    Mais outre des équations qui devraient faire saliver quelques matheux, l’histoire de ces trois génies armées de leurs seules cellules grises pour faire avancer la cause des Noirs et des femmes, est suffisamment extraordinaire pour nous faire oublier quelques maladresses 

    D’autant qu’elles sont incarnées par un excellent trio: Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monae (photo). Rayonnantes, débordantes de vitalité, d’humour, elles se coulent avec aisance et naturel dans la peau de ces figures de l’ombre qui finiront par apparaître en pleine lumière.

    La NASA a baptisé un bâtiment en l’honneur de Katherine Johnson qui a de plus reçu la médaille présidentielle de la liberté (plus haute distinction civile aux États-Unis) de la part de Barack Obama en 2015. Aujourd’hui âgée de 99 ans, elle vient d’être honorée lors de la cérémonie des Oscars.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mars.

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