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Grand écran: "Téhéran Tabou"dénonce les interdits dans une société schizophrène

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaataboo.jpgAvec ce film ouvertement militant comme l’indique son titre, Téheran Tabou, Ali Soozandeh, Iranien réfugié en Allemagne, nous immerge au sein d’une société schizophrène, dans laquelle le sexe la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux, juridiques, traditionnels. Il met en scène, dans la capitale de son pays natal, trois femmes, une prostituée une fiancée, une jeune épouse, ainsi qu’un musicien. Tous les quatre tentent de s'affranchir en brisant les tabous minant le quotidien des hommes, et plus encore des femmes.

Une oeuvre audacieuse tournée en rotoscopie, procédé datant du début du siècle. De nombreux films y ont eu recours, l’un des chefs d’oeuvre du genre étant sans doute le documentaire de l’Israélien Ari Folman Valse avec Bachir (2008). La technique consiste à filmer des comédiens en prises de vue réelles sur fond vert et les retravailler image par image en animation, reproduisant ainsi avec réalisme la dynamique de mouvement des sujets.

Ali Soozandeh s’y est essayé avec succès dans cet opus à la fois poétique, politique et intime qui, s’il met en scène des personnages aux traits et aux gestes réalistes, permet une distance bienvenue, un décalage avec le réel. Il n’en a pas moins une portée documentaire et une valeur de témoignage avec sa peinture sociale, dérangeante, provocante, choquante. Sinon obscène avec la tendance un rien outrancière du réalisateur à multiplier les scènes de sexe et de drogue.

Mais le plus important dans ce film choral démonstratif où la noirceur du propos tranche avec un univers bariolé, reste son combat pour l'émancipation, son plaisir gourmand de la dénonciation insolente d’une théocratie hypocrite adepte du «faites ce que je dis, pas ce que je fais». Une maxime illustrée par des représentants corrompus et débauchés de l’élite, peu enclins à s’appliquer la rigueur impitoyable d’une morale qu’ils exigent pour autrui.

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 novembre.

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