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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 20

  • Festival de Cannes: narco-thriller et inceste au menu compétition

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    Intrigues, corruption, drogue, criminalité en hausse. Le lot d’une population terrifiée vivant dans la zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique, devenue un territoire de non droit. Où se situe Sicario (en français tueur à gage), l’histoire d’une opération des services secrets américains, qui balaie les lois pour abattre ceux qui ne les respectent pas. Et c'est parti pour des affrontements meurtriers.

    En compétition, Denis Villeneuve s’attaque ainsi au film de genre en nous plongeant dans l’univers violent des cartels, un thème classique souvent traité au cinéma, mais où on retrouve la patte du cinéaste québécois dans une mise en scène plutôt brillante. On n’en dira pas autant du scénario, compliqué et tortueux.

    En haut de l'affiche Josh Brolin, agent faussement décontracté du gouvernement, dirige le groupe d’intervention chargé de la lutte contre le trafic de drogue. Un combat mené par Benicio del Toro, consultant doublé d’un tueur avide de vengeance, mais doté d’une certaine sensibilité, Notamment à l’égard de Kate, jeune recrue idéaliste du FBI qui, enrôlée dans cette mission clandestine à haut risque, sera obligée de revoir ses convictions pour survivre. Interprété par Emily Blunt, c’est le personnage le plus intéressant du film.

    Si on lui préfère l’excellent Prisoners, pour son auteur qui dénonce la manipulation dans les médias ou les mensonges des politiques, Sicario est une œuvre très moderne sur la société actuelle, la manière qu’a l’Occident, plus précisément l’Amérique en l’occurrence, de gérer ses problèmes. Il s’agit aussi à son avis de son film le plus ambitieux en terme de portée, et le plus accessible de sa carrière.

    Il n’en redoute pas moins le verdict du jury. Les présidents Coen ainsi que les jurés Xavier Dolan et Jake Gyllenhaal sont des amis et le réalisateur estime que "ce n’est pas très bon pour lui… "

    maxresdefault[1].jpgMarguerite et Julien, l'inceste façon Valérie Donzelli

    Autre film en concours peu enthousiasmant mais dans un tout autre genre, Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Histoire vraie d’un inceste, inspirée d’un scénario que Jean Gruault (Jules et Jim, l’Histoire d’Adèle H) écrivit pour François Truffaut et qu’il n’a pas tourné, elle se déroule au début du 17e siècle.

    Fils et fille du seigneur de Tourlaville, Marguerite et Julien de Ravalet s’aiment depuis eur naissance. Séparés à l'adolescence ils se retrouvent quelques années plus tard et leurs baisers enfantins évoluent vers une passion irrépressible. Rien ne pourra mettre un terme à cette fusion de deux âmes-sœurs. Sauf la hache du bourreau. Ils seront décapités le 2 décembre 1603.

    Inutile de dire que le sujet a divisé les critiques. Parfois violemment. Ce qui ne doit pas forcément déplaire à son auteur. Evitant le piège de l’immoralité à outrance ou de son contraire. elle a choisi les codes du contes de fée pour aborder cet amour tabou. Cela lui permet tout, notamment de jongler avec les anachronismes dans sa mise en scène. On navigue ainsi entre l’hélicoptère et la calèche, en passant par la voiture, le cheval, le poste de radio et le tourne-disques.

    Un mélange visuel de passé et de présent manifestement destiné à donner au film un côté intemporel. Sauf que l’inceste n’est pas vraiment traité, Valérie Donzelli se contentant de surfer sur ce sujet en l’illustrant par une petite romance interdite, où ses deux héros se livrent à quelques jeux érotiques. A la fois naïve et tragique, Anaïs Demoustier s’y montre plus convaincante que Jérémie Elkaïm, curieusement coincé dans son rôle d’amoureux fou…

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  • Festival de Cannes: "Plus fort que les bombes", complexe et troublant

    2048x1536-fit_isabelle-huppert-plus-fort-bombes-joachim-trier[1].jpgEn 2011, sélectionné dans Un Certain regard, Joachim Trier bluffait son monde avec Oslo, 31 août et sa remarquable évocation d’une errance existentielle. Quatre ans après, il débarque en compétition avec Plus fort que les bombes, qui se déroule trois ans après la mort inattendue d’une célèbre reporter de guerre (Isabelle Huppert) dans un accident de voiture.

    Elle a ainsi plongé dans l’affliction un mari (Gabriel Byrne) et deux garçons, un jeune adulte qui vient d’être papa (Jesse Eisenberg) et un ado à fleur de peau de 14 ans féru de jeux vidéo violents (Devin Druid). A peine remis de leur chagrin, il est ravivé par la préparation d’une exposition à New York sur le travail de leur épouse et mère. Doublé d’un bouleversement avec la révélation d’un douloureux secret. Les trois se réunissent dans la maison familiale et Trier propose leurs différents points de vue sur le drame.

    Rien de sentimental pourtant dans cette histoire racontant à la fois les nouvelles amours du père, la crise d’adolescence de son jeune fils et la paternité de l’aîné pas trop bien dans sa peau. Le plus intéressant, c’est la construction d’un récit à la fois hypnotique et troublant, morcelé entre rêves, flash-backs et regards différents reflétant la complexité de l’existence. Du coup on ne comprend pas tout, mais peu importe. 

    Parfaitement interprété, Pus fort que les bombes est le premier opus en anglais de Joachim Trier, qui représente aussi pour la première fois la Norvège dans le prestigieux concours cannois. Il reste à lui souhaiter de souffler le jury…

     

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  • Festival de Cannes: la cruelle loi du marché selon Stéphane Brizé. Avec un grand Vincent Lindon

    la-loi-du-marche-stephane-brize-le-lindon-de-la-force,M222694[1].jpgChômage, précarité, violence sociale, humiliations. On est loin des paillettes de la Croisette avec La loi du marché, ouvrant sur une longue séquence à Pôle Emploi où un homme, oscillant entre l’exaspération et  la désespérance, pousse un coup de gueule contre une bureaucratie inepte. Du Vincent Lindon pur sucre. Le ton est donné pour cette troisième collaboration, après Mademoiselle Chambon et Quelques heures de printemps, entre le comédien et le réalisateur Stéphane Brizé. 

    En lice pour la Palme d’Or, le cinéaste se fait le témoin des difficultés dans lesquelles se débattent nombre de ses contemporains. Thierry, quinqua sans emploi, marié et père d’un enfant handicapé, galère depuis vingt mois. Il finit par retrouver un travail dans un supermarché. D’abord comme vigile puis comme auxiliaire de sécurité, chargé d’espionner les clients chapardeurs potentiels de bricoles et ses malheureux collègues mal payés éventuellement tentés d’en faire autant.

    Une façon de les licencier en toute bonne conscience, la confiance étant rompue… Thierry tente de jouer le jeu. Mais trop c’est trop et ce job le met rapidement face à un dilemme moral. Jusqu’où peut-il aller pour conserver son poste, même décroché grâce à un vrai parcours du combattant?

    Dans cette fiction sociale au froid réalisme documentaire et au filmage particulier qui laisse par exemple une assez large place aux caméras de surveillance de l’établissement, Stéphane Brizé raconte l’histoire de la défaite programmée des exclus. En évoquant la brutalité du marché pour les pauvres qui deviennent toujours plus pauvres, face à l’indécence des gros qui ne cessent de s’engraisser sur leur dos.

    Plongée dans un quotidien âpre

    Opérant une plongée dans ce quotidien âpre. Il dissèque, entre rendez-vous stériles, entretiens d’embauche peu prometteurs voire inutiles, ou séances de formation plus ou moins dégradantes,  les dérives d’une société dépourvue de solidarité, où l’absence d’état d’âme et l’inhumanité le disputent à la mesquinerie et à la cruauté ordinaire de petits chefs avides de plaire au patron. 

    Un rôle sur mesure, l’un des meilleurs, pour Vincent Lindon immédiatement accro à cette histoire simple, représentant quasiment un acte politique. Seul comédien professionnel ou presque face à des amateurs exerçant en principe leur propre métier, il se montre particulièrement convaincant en navigant dans leur univers avec une rare aisance.

    Le film sortira dans les salles de Suisse romande le 27 mai.

     

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