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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 23

  • Cinéma: avec "Eden", on n'est pas vraiment au paradis...

    eden_51[1].jpgAprès Tout est pardonné, Le père de mes enfants, Un amour de jeunesse, la cinéaste Mia Hansen-Love tente de faire revivre l’euphorie musicale des années 90 dans son quatrième long-métrage.

    Elle raconte l’histoire de son frère Sven, DJ de la French Touch -l’électro française qui allait conquérir le monde- , resté finalement et malheureusement pour lui dans l’ombre des mythiques Daft Punk. On les voit de loin en loin, interprétés par Vincent Lacoste et Arnaud Azoulay.

    Le récit, qui veut évoquer la fête sous toutes ses formes, se déroule sur quinze ans et se fait l’écho du parcours de Sven, organisateur de soirées, co-scénariste et alias Paul dans le film, qui crée avec son meilleur ami le duo Cheers. Ces passionnés jouent dans les plus grands clubs parisiens et connaissent une ascension aussi fulgurante qu’éphémère entre musique, potes, drogues. Et amours bien sûr.

    Parallèlement, la réalisatrice évoque en effet la vie sentimentale particulièrement agitée du jeune homme qui accumule les aventures. On a droit à une véritable succession de filles (Greta Gerwig, Golshifteh Faharani, Pauline Etienne, Laura Smet) rejoignant sous les draps pour en ressortir aussitôt, le héros, ou plutôt l’anti-héros qui ne les tombe pas moins aussi sec. Un type doué mais trop dilettante pour réussir vraiment ce qu’il entreprend, retourné dans l’ombre après être à peine entré dans la lumière.

    Nostalgique, assez déprimant, d’un intérêt dramaturgique et romanesque quelconque, Eden, évocation d’un moment, d’une époque, propose le portrait intimiste et plat d’une jeunesse à travers des personnages trop creux et trop fades pour qu’on s’y attache et qu’ils nous fassent vibrer. Par ailleurs le manque de rythme  rend la durée, plus de deux heures, pesante. Passé le milieu de l'opus, on n’est pas loin d’en éprouver chaque minute…

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 décembre.

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  • Festival de Cannes: la Palme d'Or à "Winter Sleep" du Turc Nuri Bilge Ceylan

    647508-000_dv1740013[1].jpgGilles Jacob ovationné, le prodige de 25 ans Xavier Dolan en larmes, Jean-Luc Godard primé pour la première fois, Timbuktu tristement ignoré, tout comme Marion Cotillard négligée pour la troisième fois et les frères Dardenne repartis les mains vides, une première pour eux qui visaient une troisième Palme d’Or avec Deux jours, une nuit

    Mais Jane Campion et ses huit complices en ont décidé autrement au cours d’une cérémonie animée par le pétulant Lambert Wilson. Ils ont décerné la médaille suprême à un habitué de la Croisette, le Turc Nuri Bilge Ceylan, déjà lauréat de deux Grand Prix, pour Winter Sleep. Film le plus long de la compétition avec ses 3h16, ce huis-clos psychologique se déroule en hiver dans l’hôtel quasiment désert d’un petit village d’Anatolie centrale.

    Aydin, un ancien acteur médiocre mais arrogant d’une soixantaine d’années, y habite avec sa jeune femme et sa sœur divorcée, qui vont peu à peu briser l’image d’intellectuel dont il se targue. L’auteur a aussitôt dédié sa Palme à la jeunesse turque, « à celles et à ceux qui ont perdu la vie au cours de l’année ». 

    Si la Palme d’Or, coïncidant avec les 100 ans du cinéma turc, distingue logiquement un maître du septième art, figurant de surcroît parmi les favoris des critiques, la grosse surprise est venue de la cinéaste italienne de 32 ans Alice Rohrwacher, qui rafle le Grand Prix du jury pour Les merveilles. Plus que fraîchement accueilli lors de sa projection, l’opus raconte comment l’irruption d’un jeune délinquant et d’un show télévisé bouleverse l’existence d’un couple d’apiculteurs en quête de pureté et vivant avec ses quatre filles en marge de la société.

    Juliane Moore et Timothy Spall sacrés

    Pour le Prix d’interprétation on pensait plutôMaps-To-The-Stars-131107-01[1].jpgt à Marion Cotillard ou Anne Dorval, à notre avis mieux inspirées. Mais Juliane Moore s’est imposée. Elle avait également la cote en starlette sur le déclin, hystérique et névrosée dans Maps To The Stars du Canadien David Cronenberg.

    Pareil chez les hommes où, face à nos préférés Gaspard Ulliel ou la révélation Antoine-Olivier Pilon, le Britannique Timothy Spall l’a emporté pour son rôle dans Mr Turner de Mike Leigh. Le comédien aux anges s’est alors permis un discours aussi interminable qu’ennuyeux en hommage à son réalisateur.

    L’émotion de Xavier Dolan

    Il avait provoqué le buzz et tout le monde le voyait cousu d’or pour Mommy, où une mère veuve décide de se charger de son fils Steve, un ado ingérable et violent. Il n’a récolté « qu’un » Prix du jury. Ce qui n’a pas empêché le petit génie québécois, éperdu de gratitude, de manifester une intense émotion, finissant en larmes. «Tout est possible à qui ose, travaille et n’abandonne jamais. Puisse ce prix en être la preuve la plus rayonnante… »

    Benjamin de la compétition, Dolan partage son prix avec le vétéran Jean-Luc Godard,  83 ans, récompensé pour la première fois à Cannes avec Adieu au langage, une véritable curiosité en 3D. Le choix du jury paraît bizarre. Un euphémisme. Pour la légende de la Nouvelle Vague, c’était Palme d’Or ou rien. On ne sait pas trop comment le réalisateur franco-suisse accueillera la chose. Sans doute avec indifférence.

    Restent le Prix de la mise en scène et du scénario. Foxcatcher de l’Américain Bennett Miller, inspiré de l’histoire vraie de deux lutteurs médaillés d’or aux JO de Los Angeles, a décroché le premier. Le Russe Andrey Zvyagintsev, qui se livre à une critique implacable du régime, a gagné le second pour Leviathan. S’y prenant à trois reprises, Jane Campion n’a jamais réussi à prononcer le nom du cinéaste…

    Un mot encore sur la Caméra d’Or, qui couronne le meilleur premier film toutes sections confondues. Le trio Marie Amachukeli, Claire Burger et Samuel Theis l’a emporté avec Party Girl, mettant un  peu de baume sur l'honneur un rien meurtri de l’Hexagone. Ce prix a été créé par Gilles Jacob à qui la salle a réservé une standing ovation pour son départ après 38 ans de direction et de présidence du festival. «Remettre ce prix est la meilleure façon de passer la main » a-t-il déclaré en tirant sa révérence avec élégance. Pierre Lescure dirigera désormais les opérations.


     

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  • Festival de Cannes: nos favoris, filles et garçons, pour le Prix d'interprétation

    Il n’y a pas que la Palme d’Or attendue avec fébrilité par les réalisateurs. Les comédiens sont aussi impatients de savoir lequel et laquelle décrocheront les Prix d’interprétation. En attendant de connaître la décision de Jane Campion et ses co-jurés, ce soir sur Canal +, voici nos favoris, filles et garçons.


    images[6].jpgMarion Cotillard. La Française est bouleversante dans Deux jours, une nuit des frères Dardenne. Métamorphosée en ouvrière dépressive dans une petite usine belge, elle passe un week-end épuisant, avec l’aide de son mari, pour tenter de convaincre ses collègues de ne pas céder au chantage du patron. Prenant son courage à deux mains elle leur demande de renoncer à leur prime de 1000 euros pour lui éviter d’être licenciée.

    Anne Dorval. La Québécoise est tout simplement bluffante en mère quadra bien roulée, un rien vulgos à l’allure rock, Dans Mommy, du prodige de 25 ans Xavier Dolan, dont la projection a provoqué un tsunami sur la Croisette, elle entretient une relation houleuse avec son fils, un adolescent ingérable et violent souffrant de graves troubles psychiatriques.

    Juliette Binoche. Déjà sacrée en 2010 pour Copie conforme d’Abbas Kiarostami, la comédienne enfile avec talent le costume d’une actrice dans Sils Maria d'Olivier Assayas, tourné aux Grisons et proposant une réflexion sur l’âge. Femme mûre, l’alias de Binoche, Maria Enders, est acculée au suicide par une jeune fille ambitieuse au charme trouble interprétée par Chloé Grace Moretz. Kristen Stewart est également de la partie.

    Hilary Swank. L’Américaine se révèle géniale dans The Homesman, le western féministe et noir signé Tommy Lee Jones et qui se déroule en 1854. Elle incarne une pionnière trentenaire à la fois frustrée et au caractère bien trempé, qui doit transporter trois malheureuses folles du Nebraska en Iowa. En quête désespérée d’un mari, Hilary Swank se voit cruellement rejetée par les hommes qui la trouvent trop autoritaire.

    Juliane Moore. Autre Américaine, elle séduit dans Maps To The Star. En actrice comme Juliette Binoche mais complètement barge, elle rêve de jouer le rôle principal dans un remake qui avait fait de sa mère une vedette. Le film est réalisé par le Canadien David Cronenberg qui, poursuivant son exploration de l’être humain, de ses névroses et de ses phobies, en profite pour décrire avec férocité, cynisme et humour les dessous de l’industrie hollywoodienne.
     
    n-MOMMY-DOLAN-large570[1].jpgAntoine-Olivier Pilon. Donnant la réplique à Anne Dorval dans Mommy de Xavier Dolan, il est à 16 ans la grande révélation masculine du festival. Extraordinaire dans le rôle de Steve (voir ci-dessus), il campait l’an dernier l’ado torturé de College Boy, le clip d’Indochine réalisé par le cinéaste québecois.

    Steve Carrell. Très loin de ses comédies habituelles il apparaît méconnaissable avec ses cheveux grisonnants et son menton déformé. Remarquable, il incarne John Du Pont un coach sportif milliardaire excentrique,  redoutable et terrifiant dans Foxcatcher de Bennett Miller inspiré d’une histoire vraie. A ses côtés, Channing Tatum se montre lui aussi convaincant en lutteur médaillé d’or aux JO de Los Angeles en 1984, et qui retente sa chance pour ceux de Seoul.

    Gaspard Ulliel. Il est formidable dans Saint Laurent de Bertrand Bonello. Certains diront mieux que Pierre Niney chez Jalil Lespert, d'autres non. Mais peu importe. Ulliel livre sa composition, décoiffante, du célèbre couturier. Evitant le mimétisme, il ne cherche pas à être Yves Saint Laurent. Il est juste et vrai dans la voix, nasale et flutée, dans la démarche, la gestuelle et la retenue. 

    Timothy Spall. Dans Mr Turner de Mike Leigh, le comédien britannique se révèle excellent en peintre  presque autiste. Il se glisse avec une rare aisance dans la peau de cet artiste visionnaire complexe et tourmenté, dévoré par son art et par ses blessures. Autodidacte instinctif et rustre, il avait notamment de grosses difficultés à s’exprimer et qui, au lieu de parler, grognait.

    Haluk Bilginer. Son nom ne dira sans doute rien à beaucoup, mais il est très populaire en Turquie. Dans Winter Sleep de son compatriote Nuri Bilge Ceylan, l’opus le plus long de la compétition avec ses 3h16,  le comédien joue à merveille un ancien acteur médiocre qui tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa femme et sa sœur. Arrogant, sûr de son pouvoir et usant de la parrole comme d’une arme, il perd peu à peu de son orgueil et de sa superbe.
     
     

     

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