Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cannes dans Chassé-Croisette - Page 24

  • Festival de Cannes: Les jeux sont faits, mais à qui la Palme d'Or? La bouteille à encre!

    imagesCA5H15G7.jpgC'en est terminé pour cette 67e compétition cannoise qui ne fut pas d’un cru exceptionnel. D’où la difficulté de parier avec une quasi certitude sur la Palme d’Or. Car même si Mommy de Xavier Dolan a électrisé la Croisette, le courant n’est pas aussi fort que celui qui avait irrésistiblement emporté La vie d’Adèle vers les sommets l’an passé.

    Quelques autres prétendants se détachent comme Deux jours, une nuit des frères belges Dardenne (photo) et Winter Sleep du Turc Nuri Bilge Ceylan qui séduisent encore davantage les critiques, ou encore Timbuktu du Mauritanien Abderrahmane Sissako, qui fait aussi bien. Bref, abondance de biens nuisant à  l'excellence, c'est la bouteille à encre.

    Et malheureusement les derniers films en lice n’ont pas permis de changer la donne. A l’image de l’ultime, Sils Maria signé Olivier Assayas et tourné, comme son titre l’indique, dans les Grisons. Il met en scène Juliette Binoche et Kristen Stewart. La première incarne une comédienne, Maria Enders, et la seconde son assistante Valentine, qui lui donne la réplique côté cour et côté jardin. Avec également Chloé Grace Moretz.

    La Croisette divisée

    A 18 ans, Maria Enders a connu un gros succès au théâtre en jouant, dans une pièce de Wilhelm Melchior, la jeune et ambitieuse Sigrid, qui pousse au suicide Helena, une femme mûre. Vingt ans plus tard Maria Enders se voit proposer de reprendre la chose, mais cette fois dans le rôle d’Helena.

    images[8].jpgA l’image d’autres opus en concours, Sils Maria, qui mêle références nietzschéennes, rapport au passé  et réflexion sur l’âge, divise fortement la Croisette. Ceux qui ont aimé et crient à la Palme d’Or évoquent un excellent scénario tandis que les détracteurs de l’opus avouent s’être ennuyés comme des rats morts. Comme souvent dans ces cas là, la vérité sse situe quelque part au milieu. .

    Leviathan montre une Russie minée par la corruption

    La veille, le Russe Andrey Zvyagintsev opérait son retour en compétition six ans après Le bannissement,  Dans Leviathan, il évoque une  Russie minée par la corruption et dont les habitants noient leur désespoir dans des litres de vodka. Dont le personnage principal, Kolia, un garagiste menant une vie tranquille entre sa femme et son fils d’un précédent mariage, mais dont l’existence est détruite par l’odieux maire de son village qui le dépouille de tout, son terrain, sa maison, son garage.

    Son combat illusoire pour récupérer ses biens révèle un quotidien où règnent en maîtres le chantage, les menaces et la violence physique contre les individus qui refusent de plier devant l’autorité. Mais après une première partie intense où le réalisateur se livre courageusement à une critique implacable du régime de Poutine, il s’embourbe malheureusement dans une histoire confuse d’adultère. En dépit d’une excellente mise en scène et d’une belle interprétation, cela finit par plomber l’ensemble.

    Ken Loach déçoit avec Jimmy’s Hall

    Pas trop convaincant non plus le dernier Ken Loach, Jimmy’s Hall, qui raconte l’histoire vraie de Jimmy Gralton, un leader communiste irlandais, symbole de la résistance, exilé aux Etats-Unis et qui revient chez lui en 1932, dix ans après la guerre civile.

    imagesCAX97732.jpgIl y trouve un pays certes indépendant mais où ceux qui croient en une révolution politico-sociale se heurtent à l’Eglise et aux pontes locaux. En dépit de la pruderie ambiante, Jimmy décide la réouverture d’un dancing à vocation éducative et culturelle qui déplaît fortement aux autorités précitées.

    Un film engagé, comme toujours chez Ken Loach, Palme d’Or en 2006 pour Le vent se lève, mais qui déçoit un peu, bien que certains estiment qu’il écrase la concurrence. A relever toutefois la présence de l’acteur principal Barry Ward (photo), charismatique et plutôt beau gosse.

    Le mélo tire-larmes de Michel Hazanavicius

    Mais voilà. Comme d’habitude le journaliste propose et le jury dispose. Il pourrait aussi  bien s’enthousiasmer pour The Search de Michel Hazanavicius, oscarisé il y a deux ans pour The Artist. Changeant complètement de registre, il s’est lancé dans un film de guerre dont l’action se situe pendant la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999.

    Ce remake très libre d’un long-métrage de Fred Zinneman sorti en 1948 Les anges marqués, montre en parallèle le destin un gosse tchétchène traumatisé par l’exécution de ses parents sous ses yeux, contraint à l'errance puis recueilli par une humanitaire, et celui d’un jeune Russe enrôlé dans l’armée qui en fait une bête sauvage.

    N’ayant pas les moyens de son ambitieux projet, Michel Hazanavicius nous fourgue un interminable drame à faire pleurer dans les chaumières, dégoulinant de bons sentiments. La presse a sifflé l’œuvre mais le public l’a ovationnée. Alors sait-on jamais? Surtout avec cinq femmes dans le jury, comme l’ont relevé quelques machos de service…

    Palmarès en direct samedi soir. Rendez-vous dès 18h55 sur Canal + 

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette
  • Festival de Cannes: Xavier Dolan plébiscité pour "Mommy". De la Palme d'Or dans l'air?

    n-MOMMY-DOLAN-large570[1].jpgL’an dernier, La vie d’Adèle avait bouleversé les pronostics dès la projection de presse. Apparemment Mommy, du Québécois Xavier Dolan, a lui aussi fait chavirer la Croisette. Ronronnante il est vrai jusque-là, avec du déjà vu et des valeurs sûres, à part Timbuktu, Deux jours, une nuit ou Saint-Lauent  

    Sans partager à fond l’enthousiasme critique délirant, je salue la  belle performance du prodige. Mais reste surtout à savoir si le jury de Jane Campion sera aussi sensible à ce coup de cœur que celui de Steven Spielberg, qui avait décerné une triple Palme d’Or historique à Abdellatif Kechiche, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos.

    Xavier Dolan avait été révélé à 20 ans à Cannes dans La Quinzaine des réalisateurs avec J’ai tué ma mère. Cinq ans plus tard, entré dans la cour des grands, il veut en quelque sorte la venger avec Mommy, même s’il lui balance souvent des horreurs. Pas de quoi effrayer maman, de taille à se défendre et du répondant à revendre.

    Le cinéaste nous plonge en effet dans une relation houleuse entre ces deux personnages. Adolescent, Steve souffre de troubles psychiatriques. Il devient ingérable au point que l’établissement où il a été scolarisé refuse de le garder. Sa mère Diane, une quadra bien roulée un rien vulgos à l’allure rock qui adore son gamin, refuse qu’il soit interné et décide de l’élever seule en dépit du danger qu’il représente.

    Un couple de fous furieux

    De violentes disputes ne tardent pas à rythmer leur cohabitation. Steve et Diane s’affrontent à grand renfort de hurlements hystériques dans un langage de charretier (en français du Québec incompréhensible sans sous-titres), pour se réconcilier dans de déchirantes protestations d’amour. Très vite une voisine, Kyla, enseignante timide et introvertie qui peine au contraire à sortir deux mots de suite, rejoint le couple et tend ainsi à agir comme un calmant sur ces deux fous furieux.

    Pour ce mélo où se mêlent le pathétique, la brutalité et l'humour, le créatif Dolan a choisi (avec une petite surprise qui a déclenché les applaudissements) un format carré, comme pour mieux y enfermer son trio, à commencer évidemment par Steve, dont la société ne sait que faire, sinon lui passer la camisole de force..

    Il est incarné par l’étonnant et talentueux Antoine-Olivier Pilon (photo). Pour la mère, l’auteur a fait appel à la géniale Anne Dorval et, pour la voisine Kyla, à la non moins formidable Suzanne Clément. Des fidèles. Vu leur prestation, il y a du Prix d’interprétation dans l’air. Et si Xavier Dolan raflait la Palme, il serait le plus jeune à la décrocher depuis Louis Malle, en 1956, avec Le monde du silence.

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette
  • Festival de Cannes: Godard et son "Adieu au langage", de la 3D décoiffante

    auldog[1].pngTrès fort Godard. Le seul qui réussisse à faire poireauter les gens dans une queue interminable pendant plus d’une heure et demie pour un film qui dure 70 minutes. A l‘occasion de son retour en compétition treize ans après L’éloge de l’amour, le réalisateur culte de 83 ans, qui n’a fait pas le voyage sur la Croisette, proposait Adieu au langage.

    Un opus farfelu, inclassable, sinon un objet cinématographique non identifié, où se succèdent dans une sorte de frénésie des scènes saugrenues, parfois brusquement coupées, et où se multiplient maximes ou citations .

    Dans une interview à France Inter, le cinéaste s’est expliqué sur la signification de son titre Adieu au langage, dont il est parti pour tourner son film. "En gros, c’est un adieu à ce que les gens appellent le langage qui ne l’est pas. On pourrait dire aujourd’hui de la conversation, du talk show, du dialogue personnel entre les gens. Le langage vient de plus loin, c’est une alliance entre la parole et l’image que l’enfant qui naît connaît un bref moment car il est à la fois ébloui et il crie. Puis vient la communication, qui n’a aucun rapport sérieux avec le langage…"

    Oui mais encore... On croit alors être aidé par le dossier de presse où Godard nous dit que le propos est simple. Une femme mariée et un homme libre se rencontrent ils s’aiment se disputent, les coups pleuvent un chien erre entre ville et campagne les saisons passent l’homme et la femme se retrouvent…

    A l’écran, on voit un couple nu philosopher, un bateau sillonner le "lac de Genève" (pour agacer les Vaudois et autres riverains?), des extraits de vieux films hollywoodiens en noir et blanc et souvent un chien qui fait le chien en battant de la queue. C’est Roxy, le toutou du maestro, qui vous aime plus qu’il ne s’aime lui-même et nous regarde de ses yeux noisette. Lui ne communique pas, il communie. 

    Tout et n'importe quoi. Ou pas...

    Tandis que s’inscrivent en alternance les chapitres 1 et 2 soit la nature et la métaphore, les aphorismes foisonnent en voix off. "Ceux qui manquent d’imagination se réfugient dans la réalité". "Bientôt on aura besoin d’un interprète pour comprendre les mots qui sortent de votre propre bouche". "Une femme ne peut pas faire de mal, elle peut gêner, elle peut tuer, c’est tout". "La société est-elle prête à accepter le meurtre pour limiter le chômage?"  "La pensée retrouve sa force dans le caca".

    Tout et n'importe quoi en somme. Ou pas... Le mieux est encore de regarder. Et là, on en a plein les yeux. On est littéralement scotché au fauteuil par l‘utilisation étonnante et géniale que le réalisateur fait de la 3D. Dans son entretien à France Inter, Jean-Luc Godard expliquait que la 3 D est juste quelque chose qui vous fait croire que vous pouvez voir une surface plate en relief. Mais quelle vision extraordinaire! 

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette