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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 21

  • Festival de Cannes: "Carol", un bijou de mélo lesbien signé Todd Haynes

    images[5].jpgSi Gus Van Sant a énormément déçu avec son laborieux Sea of Trees d’un sentimentalisme larmoyant, son compatriote Todd Haynes, l’autre Américain en lice pour la Palme d’Or,  nous emporte avec l’un des meilleurs films vus jusqu’ici en compétition. Sinon le plus beau.

    Adapté de The Price of Salt, roman que Patricia Highsmith publia en 1952 sous le pseudonyme de Claire Morgan, Todd Haynes raconte, dans Carol, l’histoire d’un coup de foudre interdit dans l’Amérique puritaine des fifties.

    Ouverture sur une scène montrant deux femmes discutant autour d’un verre dans un bar chic de Big Apple. Un homme vient interrompre leur conversation intime… Petit retour en arrière et on se retrouve à la veille des fêtes de Noël sur la Cinquième Avenue. Cherchant un cadeau pour sa fille, Carol (Cate Blanchett) une riche  bourgeoise newyorkaise mariée en manteau de fourrure, rencontre Thérèse (Rooney Mara) une jeune et charmante vendeuse qui emballe les paquets au comptoir d’un magasin de jouets.

    Des regards et quelques mots suffisent

    En pleine crise d’identité, timide et solitaire bien qu’elle ait un petit ami prêt à bâtir un avenir avec elle, Thérèse est subjuguée par la beauté, la liberté, la classe folle de cette femme plus âgée. Des regards, quelques mots et c’est l’étincelle. Une paire de gants oubliée leur servira de prétexte pour se revoir chez Carol, qui a toujours assumé ses relations lesbiennes, ce qui était alors loin d’être facile. Refusant le carcan familial frustrant, elle est sur le point de se séparer de son mari Harge, un banquier d’affaires dont elle a eu une petite fille.

    Harge tente de la retenir mais se rend compte qu’il ne peut pas lutter contre l’attirance puissante que les deux éprouvent l’une pour l’autre. Pour punir celle qui détruit son univers, il utilisera ses préférences sexuelles pour obtenir seul la garde de l’enfant. 

    Les menaces de Harge effraient Carol qui adore sa fille. Mais se retrouvant seule le soir de Noël et en attendant la bataille judiciaire qui se prépare, elle propose tout de même à Thérèse une virée en voiture vers l’Ouest. Elles tombent follement amoureuses.

    Mise en scène brillante et comédiennes formidables

    Avec la complicité de son chef opérateur Ed Lachman, à ses côtés pour Loin du paradis (2002) , évoquant déjà l’homosexualté et le racisme dans l’ambiance oppressante  des années 50, Todd Haynes signe là un bijou de mélo à la Douglas Sirk. Bousculant les normes d’une société corsetée, surfant sur les différences sociales et sexuelles, il propose une mise en scène brillante pour un film à l’esthétique raffinée et à la reconstitution de l’époque soignée aux petits oignons. 

    Il est en plus servi par une superbe Cate Blanchett dans la lignée des sublimes Lana Turner, Joan Crawford, Barbara Stanwyck ou Rita Hayworth. Face à elle Rooney Mara achève de nous séduire avec son allure et son look délicats rappelant irrésistiblement la fragilité d’une Audrey Hepburn.

    Mon roi de Maïwenn plébiscité par Manuel Valls...

    Pourquoi-Mon-Roi-aura-la-Palme-d-or_article_landscape_pm_v8[1].jpgAux antipodes de Todd Haynes, Maïwenn, lauréate du prix du jury en 2011 pour Polisse, revient avec Mon roi. Un titre assez ridicule qui n’annonçait rien de bon. Ce fut le cas dans cette histoire d’amour se voulant passionnelle et tumulteuse, s’étalant sur une dizaine d’années, où un homme et une femme se complaisent à se déchirer et à se détruire.

    Têtes d'affiche Emmanuelle Berot, auteur du film d'ouverture La tête haute dans le rôle de Tony l'amoureuse éperdue et Vincent Cassel dans celui du narcissique Giorgio, mari flambeur, macho, et coureur de jupons, mais qui ne peut vivre sans elle. Cette relation chaotique qui se prétend toxique est reconstituée à coups de souvenirs de Tony, qui se remet d’un grave accident de ski dans un centre de rééducation.

    Un film fabriqué, artificiel où se multiplient des scènes plus ou moins hystériques avec excès de cris, de larmes, de rires. Et deux héros bobos particulièrement agaçants, entourés de personnages secondaires sans intérêt. On est presque triste pour Louis Garrel, réduit par la réalisatrice à un faire-valoir tentant vainement de passer pour un comique malgré lui.

    Enfin, heureusement qu’il y avait le premier ministre Manuel Valls pour apprécier. "Difficile de ne pas sortir bouleversé après ce magnifique moment plein d’émotions que nous ont offert Vincent Cassel et Emmanuel Bercot", a -t-il déclaré. Maïwenn a dû être toute également toute retournée par la critique flatteuse d'un  aussi fin connaisseur du septième art...

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  • Festival de Cannes: Lanthimos décoiffe avec "The Lobster", Moretti émeut et Gus Van Sant déçoit

    the-lobster-photo-552faff39e28a[1].jpgAu quatrième jour de la compétition cannoise, un petit tour d’horizon s’impose. Avec quelques titres qui se dégagent déjà. Outre Le fils de Saul du Hongrois Lazslo Nemes, The Lobster appartient à cette catégorie de films qui font vivement réagir. 

    Et pour cause en l’occurrence. Son auteur Yorgos Lanthimos, féru de l’étrange, primé en 2009 ans Un Certain Regard pour Canine, nous emmène à nouveau dans un monde bizarroïde, dystopique et décalé.

    Dans un futur proche, tout célibataire est arrêté, transféré dans un hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme sœur. Ce qui n’est pas simple, car il faut se ressembler, par exemple être tous les deux  myopes, boiter ou saigner du nez  pour avoir le droit de s’aimer. Passé ce délai, le célibataire sera transformé en l’animal de son choix. La plupart de ceux qui n’ont pas trouvé chaussure à leur pied optent pour le chien. Interrogé sur ses préférences par la réceptionniste, l’un des résidents se décide en faveur du homard.

    Cet homme c’est David, que l'on va suivre pendant son séjour et qui, pour échapper à ce destin cruel suite à une douloureuse et infructueuse expérience, réussit à s’échapper. Il rejoint dans les bois un groupe de rebelles les Solitaires, chez il est interdit de tomber amoureux, sous peine de devoir creuser sa propre tombe. .

    Avec cet ovni en forme de comédie noire bien barge sur fond de drame intimiste, le cinéaste grec se livre à la critique féroce d’une société deshumanisée, engoncée dans le conformisme et le puritanisme, bannissant la différence et en gros les marginaux. Un monde aveugle, illustré par une scène symbolique qui se déroule heureusement hors champ. 

    Colin Farrell contribue largement à la réussite de ce film aussi original que grinçant et incongru. Moustachu à lunettes maladroit, introverti, peu à son avantage avec sa petite brioche, il livre l’une de ses meilleures performances. A ses côtés, on trouve notamment Léa Seydoux en chef de guerre.

    Nanni Moretti très applaudi

    2048x1536-fit_mia-madre-nanni-moretti[1].jpgAutre film qui a recueilli des applaudissements nourris à l’issue de la projection de presse, Mia Madre de Nanni Moretti, palme d’Or en 2001 pour La chambre du fils et sélectionné en concours pour la dixième fois.

    Evitant tout pathos, jouant sur la sobriété et la simplicité, il a ému la Croisette en déclarant son amour à sa mère et au cinéma. Il brosse le portrait d’une réalisatrice pleine de doutes, qui tourne un film avec une star venue des Etats-Unis, tout en rendant visite à sa mère hospitalisée sur le point de mourir.

    La cinéaste en proie à ses questionnements existentiels et artistiques n’est autre que l’alter ego de Moretti, qui joue ici le frère de son héroïne remarquablement incarnée par Margherita Buy. On est un peu moins fan de John Turturro qui certes détend l’atmosphère, mais en fait des tonnes dans le rôle de la vedette américaine mégalomane et survitaminée. Certains ne parlent pas moins déjà de récompense suprême.

    Gus Van Sant copieusement hué

    Grosse déception en revanche avec le dernier Gus Van Sant The Sea Of Trees L'un des deux seuls Américains en lice pour la Palme a raté son coup, avec l’histoire d’un homme venu se suicider comme tant d’autres avant lui dans la vaste forêt japonaise Aokighara,au pied du Mont Fuji.

    Loin d’être à la hauteur de ses ambitions, Gus Van Sant livre curieusement une niaiserie sentimentale et tire-larmes au scénario laborieux, qui lui a valu de copieux sifflets. On a même rarement vu un film aussi mal reçu par la critique. Matthew McConaughey et Naomi Watts en prennent aussi pour leur grade.

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  • Festival de Cannes: Woody Allen séduit avec "L'homme irrationnel"

    l_homme_irrationnel_6732.jpeg_north_780x_white[1].jpgAvec Woody Allen dans les parages, c’est le pilonnage d’orteils garanti. Règle respectée. La foule des grands jours se pressait pour assister à la conférence de presse du cinéaste culte, venu présenter hors compétition L’homme irrationnel en compagnie d’Emma Stone, mais sans Joaquin Phoenix, l’autre tête d’affiche.

    A l’occasion du show bien rôdé du quasi octogénaire, on a ainsi appris que cet opus pourrait être le dernier. Sans doute une blague. Il a également déclaré que s’il pouvait refaire ses films il les referait tous, que son projet de série était beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait, espérant du coup qu’il ne lui vaudra pas une honte cosmique. Enfin il avouait que jeune, il était péniblement ennuyeux. Rien de très nouveau sous le soleil, donc.

    Aussi revenons-en plutôt à son dernier métrage, qui a séduit la Croisette. Et moi aussi. Abe Lucas, prof de philo moralement et physiquement à la ramasse, débarque sur le campus universitaire d’une petite ville américaine. Cet alcoolique désabusé et bedonnant entame une liaison avec une collègue en manque de sexe, Puis avec une brillante étudiante, irrésistiblement attirée par cet homme torturé qui a perdu foi en l’existence.

    Joie de vivre retrouvée dans le crime

    On a un peu de mal à y croire, lui aussi et d’ailleurs il ne nage pas pour autant dans le bonheur. Mais miracle, au hasard d’une conversation entendue dans un café mettant en cause un juge odieux, Abe retrouvera une raison et une joie de vivre dans le meurtre de ce vilain personnage. Histoire de ramener un rien de justice dans un monde corrompu.

    On n’ira pas jusqu’à prétendre qu’il s’agit du meilleur film du maestro new-yorkais, mais on aime cette petite comédie qui vire au polar, divertissante, sans prétention, où il traite avec légèreté, spiritualité, ironie et un poil de cynisme du sens de la vie. En soulevant des questions existentielles et métaphysiques avec Kant, Hegel ou Sartre pour lui prêter main forte. Les comédiens font le reste. Emma Stone est charmante et Joaquin Phoenix, nouveau dans l’univers allénien, assume avec décontraction son imposant tour de taille et son penchant pour la bouteille.  

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