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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 19

  • Festival de Cannes: "Dheepan" électrise les fans de Jacques Audiard

    2048x1536-fit_dheepan-jacques-audiard[2].jpgA quelques bémols près, critiques enthousiastes et ovation publique pour Jacques Audiard, en compétition avec Dheepan, un sujet dans l’air du temps sur l'immigration mais qui "n’est pas une déclaration politique", selon son auteur. Un ancien soldat tamoul, une jeune femme et une fillette  de 9 ans qui ne se connaissent pas récupèrent les passeports de morts pour fuir la guerre civile au Sri Lanka et se font passer pour une famille dans l’espoir de gagner l’Europe.

    Ils se retrouvent dans une cité sensible de la banlieue parisienne, au quotidien miné par le trafic de drogue. Ils tentent de se construire un foyer et Dheepan décroche un boulot de gardien. Mais il ne va pas tarder à connaître un autre conflit en se heurtant  violemment aux dealers dans cette zone de non droit où, laissant les gens s’entretuer, pas un seul flic ne met les pieds.

    Pour interpréter son film, Jacques Audiard, à deux exceptions près, a convoqué des non professionnels pour les rôles principaux, Jesuthassan Anthonythasan, un ancien émigré tamoul en France, Kalieaswari Srinivasan et Claudine Vinasithamby. Les trois se révèlent excellents.

    De quoi prétendre sérieusement à la Palme d’Or selon certains. Mais on ne criera pas avec les fans. Si ce drame oscillant entre histoire d'amour, chronique sociale et polar tient bien la route, ce n’est pas du tout grand Audiard. Il lui manque cette puissance, cette ampleur qui avaient tant séduit dans Un prophète. En cause notamment un dernier tiers ou Dheepan décide de rendre la justice lui-même et un épilogue à la fois fleur bleue et attendu.

    Cannes-2015-Depardieu-et-Huppert-dans-la-premiere-bande-annonce-de-Valley-of-Love[1].jpgIsabelle Huppert et Gérard Depardieu dans "Valley Of Love"

    Dheepan reste malgré ces réserves très au-dessus de  Valley Of Love, d’un autre Français en lice, Guillaume  Nicloux. Trente-cinq ans après Loulou de Maurice Pialat, il réunit Isabelle Huppert et l’énorme Gérard Depardieu pour un rendez-vous des plus bizarre. Un euphémisme... 
    Autrefois mariés, ils sont aujourd’hui séparés. Mais ils vont réaliser le dernier voeu de leur fils Michael, qui s’est suicidé six mois auparavant. Dans une lettre il leur demande  d’être présents ensemble dans la Vallée de la Mort un jour précis, leur promettant qu’ils se reverront.

    Le désert, la vie, le deuil impossible, un cancer, le tout sur fond de mysticisme, un sacré fatras. Même si le réalisateur nous appâte avec quelques beaux paysages, par ailleurs inratables, ce film n’a juste rien à faire en compétition. A l’image de The Sea Of Trees de Gus Van Sant, sélectionné pour la montée des marches de Naomi Watts et Matthew McConaughey, Valley Of Love permet d’avoir deux stars de plus, bien que pas au top, sur tapis rouge. Tout ça pour que Gégé nous raconte qu’il aime beaucoup Poutine…


    Avec "The Assassin", Hou Hsiao-Hsien signe le plus beau film du festival

    _17MD015_[1].jpgPour les images sublimes, on se tournera résolument vers The Assassin du Chinois Hou Hsiao-Hsien, auteur majeur  qui revient après huit ans d’absence. Visuellement, ce film d’arts martiaux pas comme les autres est indiscutablement le plus beau du concours.

    Il se déroule dans la Chine du IXe siècle. Eduquée par une nonne et devenue une redoutable justicière dont la mission est d’éliminer les tyrans, Nie Yinniang (la superbe Shu Qi) est torturée entre le devoir d’éliminer son cousin, gouverneur dissident de la province militaire de Weibo et les sentiments qu’elle au eus pour lui. HHH nourrit cette trame principale de plusieurs intrigues secondaires peuplées de personnages fomentant d’énigmatiques complots auxquelles on ne comprend pas grand-chose sinon rien.

    Mais peu importe. L’essentiel est de se laisser bercer par cet opus contemplatif, qui vous emporte ailleurs avec sa grâce, son élégance et sa splendeur.  

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  • Festival de Cannes: Gaspar Noé veut choquer, mais rate son coup avec son porno sentimental

     

    Cannes-2015-Les-affiches-classees-X-de-Gaspar-Noe-font-scandale[2].jpgL’an dernier c’était Welcome To New York qui devait bousculer la Croisette, cette année ce fut Love, annoncé comme l’événement sulfureux de ce cru 2015. Affiche libertine voire plus, pour ce film labellisé hot signé Gapar Noé, cinéaste dérangeant, déterminé à choquer. Il n’en fallait pas davantage pour créer l’excitation. Et rameuter le client en masse.

    Résultat attendu avec cohue, longue file d’attente, spectateurs furieux refoulés lors de la projection de minuit à Lumière. Et resucée le lendemain à Bazin, petite salle de quelque 400 places. Sauf que cela n’a rien de très extraordinaire, la même chose se reproduisant inexorablement tous les jours pour les malheureux aux badges de la mauvaise couleur.

    Pour résumer l’affaire, le pauvre Murphy au trente-sixième dessous se retrouve seul dans son appartement et se souvient douloureusement de la folle passion réciproque vécue avec Electra. Qui a mystérieusement disparu. Et nous voici partis pour une love story en 3D dégoulinante avec sperme et larmes, destinée donc à faire bander les mecs et pleurer les filles. Le moins qu’on puisse dire c’est que Gaspar Noé a raté son coup, vu les sifflets, sinon l’indifférence totale que la chose a suscités jeudi matin.

    Et pour cause. Car ce qui dérange, ce n’est pas la profusion ennuyeuse de scènes de cul non simulées, mais esthétisantes façon porno de luxe. Au-delà de la forme, il y a hélas le fond, navrant. Par exemple le discours d'une rare banalité de Gaspar Noé et sa manière d’aligner sans complexes des platitudes comme " la vie c’est ce que tu en fais, elle n’est pas facile. en naissant on sait qu’on va mourir, je n’ai pas peur de mourir je ne veux pas souffrir…et autres lieux communs du genre.

    Sans oublier surtout Murrphy, alias Karl Glusman, le héros de l’histoire. Un Américain plutôt belle gueule  mais fruste et bas de plafond, dont le vocabulaire se résume à "fucking" et "you are a piece of shit". Ce qui serait un moindre mal s’il n’était pas par ailleurs beaufissime, macho et homophobe…

     

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  • Festival de Cannes: "Mountains May Depart", une pépite chinoise à l'assaut de la Palme

    Pourquoi-Mountains-May-Depart-aura-la-Palme-d-or_article_landscape_pm_v8[1].jpg1999, c’est le Nouvel-An. Sur une entrainante musique électro, des jeunes s’éclatent dans une chorégraphie très enlevée. L’avenir est à eux à l’aube du 21e siècle. Au premier rang on découvre une pétillante jeune fille, Tao, qui adore chanter. On la retrouve ensuite entourée de deux garçons. Des amis d’enfance amoureux d’elle.

    D’un côté Jinsheng (Zhang Yi) un garçon ambitieux en pleine ascension, de l’autre le souriant mineur Liangzi (Liang Jingdong). Les deux facettes de la Chine en somme. Pressée de choisir, Tao (Zhao Tao, la muse du réalisateur) opte pour l’entrepreneur tellement décidé à faire fortune qu’il n’hésitera pas à appeler son fils Dollar…. Soudain ravagé par cet abandon, Liangzi décide de partir pour ne plus revenir. La misère et la maladie en décideront autrement.

    Avec Mountains May Depart, le Chinois Jia Zhang-ke, auteur de Still Life ou Touch Of Sin, propose un bouleversant et magnifique mélodrame dans une Chine traversée par les changements économiques, allant jusqu’à conduire pour une partie du pays, vivant à l’heure anglaise et où les nouveaux riches brassent des affaires à Shanghai, à l’oubli de ses racines.

    Tout en racontant l’histoire du trio, se concentrant plus particulièrement sur Tao en la montrant à trois âges de sa vie, le film, s’étalant sur 26 ans est ainsi composé de trois parties, passé présent, futur, pour se terminer en Australie en 2015.

    Une fine observation du comportement des gens, une subtile analyse de leurs sentiments, une mise en scène simple et efficace, des acteurs formidables, le tout assorti d’un regard critique font de Mountains May Depart une véritable pépite. Autrement dit et à notre avis, un concurrent des plus sérieux, tout comme Carol de Todd Haynes, pour la Palme d’Or.


    Pourquoi-Youth-aura-la-Palme-d-or[1].jpg"Youth", l’hymne à la…vieillesse de Paolo Sorrentino
     
    Deux ans après La Grande Bellezza, le réalisateur italien revient pour la sixième fois à Cannes avec Youth,  un hymne à la vieillesse à la fois applaudi et un peu hué lors de la projection de presse. Fred, un compositeur et chef d’orchestre célèbre à la retraite (Michael Caine) et Mick, un cinéaste qui s’obstine en vain à travailler sur son dernier film (Harvey Keitel), sont amis depuis des âges.

    Octogénaires ils évoquent le temps qui passe et celui qui leur reste dans un hôtel chic des Alpes suisses. Avec thalasso luxueuse. On y croise Miss Univers ou un Maradona énorme sous oxygène. Très préoccupés de l’état de leur prostate, nos deux compères observent ce petit monde en se livrant à un bilan nostalgique nourri de quelques réflexions se voulant drôles et cyniques.

    Michael Caine et Harvey Keitel partagent l’affiche avec Rachel Weisz et Paul Dano. Vers la fin de l’opus, Jane Fonda perruquée et furax vient faire son numéro, jetant Mick et son oeuvre pour un juteux contrat à la télévision. Parce que c’est l’avenir… Tout cela est assez laborieux, peu plaisant, mais pas franchement détestable. Sorrentino a même ses fans, avides de le retrouver tout en haut du palmarès... On ne veut pas y croire.   

     

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