1999, c’est le Nouvel-An. Sur une entrainante musique électro, des jeunes s’éclatent dans une chorégraphie très enlevée. L’avenir est à eux à l’aube du 21e siècle. Au premier rang on découvre une pétillante jeune fille, Tao, qui adore chanter. On la retrouve ensuite entourée de deux garçons. Des amis d’enfance amoureux d’elle.
D’un côté Jinsheng (Zhang Yi) un garçon ambitieux en pleine ascension, de l’autre le souriant mineur Liangzi (Liang Jingdong). Les deux facettes de la Chine en somme. Pressée de choisir, Tao (Zhao Tao, la muse du réalisateur) opte pour l’entrepreneur tellement décidé à faire fortune qu’il n’hésitera pas à appeler son fils Dollar…. Soudain ravagé par cet abandon, Liangzi décide de partir pour ne plus revenir. La misère et la maladie en décideront autrement.
Avec Mountains May Depart, le Chinois Jia Zhang-ke, auteur de Still Life ou Touch Of Sin, propose un bouleversant et magnifique mélodrame dans une Chine traversée par les changements économiques, allant jusqu’à conduire pour une partie du pays, vivant à l’heure anglaise et où les nouveaux riches brassent des affaires à Shanghai, à l’oubli de ses racines.
Tout en racontant l’histoire du trio, se concentrant plus particulièrement sur Tao en la montrant à trois âges de sa vie, le film, s’étalant sur 26 ans est ainsi composé de trois parties, passé présent, futur, pour se terminer en Australie en 2015.
Une fine observation du comportement des gens, une subtile analyse de leurs sentiments, une mise en scène simple et efficace, des acteurs formidables, le tout assorti d’un regard critique font de Mountains May Depart une véritable pépite. Autrement dit et à notre avis, un concurrent des plus sérieux, tout comme Carol de Todd Haynes, pour la Palme d’Or.
"Youth", l’hymne à la…vieillesse de Paolo Sorrentino
Deux ans après La Grande Bellezza, le réalisateur italien revient pour la sixième fois à Cannes avec Youth, un hymne à la vieillesse à la fois applaudi et un peu hué lors de la projection de presse. Fred, un compositeur et chef d’orchestre célèbre à la retraite (Michael Caine) et Mick, un cinéaste qui s’obstine en vain à travailler sur son dernier film (Harvey Keitel), sont amis depuis des âges.
Octogénaires ils évoquent le temps qui passe et celui qui leur reste dans un hôtel chic des Alpes suisses. Avec thalasso luxueuse. On y croise Miss Univers ou un Maradona énorme sous oxygène. Très préoccupés de l’état de leur prostate, nos deux compères observent ce petit monde en se livrant à un bilan nostalgique nourri de quelques réflexions se voulant drôles et cyniques.
Michael Caine et Harvey Keitel partagent l’affiche avec Rachel Weisz et Paul Dano. Vers la fin de l’opus, Jane Fonda perruquée et furax vient faire son numéro, jetant Mick et son oeuvre pour un juteux contrat à la télévision. Parce que c’est l’avenir… Tout cela est assez laborieux, peu plaisant, mais pas franchement détestable. Sorrentino a même ses fans, avides de le retrouver tout en haut du palmarès... On ne veut pas y croire.