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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 26

  • Festival de Cannes: pour en finir avec DSK et "Welcome To New York"

    7771240803_gerard-depardieu-et-jacqueline-bisset-dans-welcome-to-new-york-d-abel-ferrara[1].jpgOn en a heureusement terminé, du moins on l’espère, avec Welcome To New York d’Abel Ferrara, largement inspiré de l’affaire DSK, survenue le 14 mai 2011 et qui avait parasité le festival pendant des jours. Rebelote dans le genre sur la Croisette après un suspense de plusieurs mois entretenu par l’auteur, le producteur Vincent Maraval et Gérard Depardieu.

    Le voile a donc été levé samedi soir suite aux projections en marge du festival. Elles se sont déroulées au marché et sous tente pour la presse, sur la plage Nikki Beach en face du Carlton. Comme annoncé la chose ne sera donc pas visible en salle, mais bénéficie dorénavant d’une sorte mondiale en VOD. 

    Inutile de le préciser, ce fut beaucoup de bruit pour rien pour cette "bombe" en forme de pétard mouillé sur fond de partouze avec chantilly et champagne à la clé, où commence par s’exhiber Depardieu, alias DSK rebaptisé Deverreau. Puis les choses s’enchaînent avec la grande scène du viol de la femme de chambre du Sofitel, l’arrestation à l’aéroport, l’incarcération, les premières audiences judiciaires, l’arrivée de Simone, la riche épouse qui loue un somptueux appartement…

    En d’autres termes, circulez car il y avait bien autre chose à faire ce soir-là à Cannes que de courir tels des dératés et se poser dans une queue interminable dans l’espoir de voir ce long-métrage ennuyeux de deux heures, le plus souvent qualifié de navet, de nul, d’abominable, de grotesque, sinon de porno soft douteux et d’une rare indigence. Où un Gégé obèse et peu ragoûtant (difficile de l’imaginer en dirigeant du FMI ou en futur président de la République) donne la réplique à la classieuse Jacqueline Bisset dans le rôle d’Anne Sinclair, la femme bafouée.

    Lors de la conférence de presse retransmise en direct par la chaîne de télévision française BFM qui a obtenu l’exclusivité, le comédien, tout en citant Shakespeare et Handke, a avoué avoir pris beaucoup de plaisir à tourner ce film évoquant un fait divers qui a intéressé le monde entier et réjoui les médias. "Je n’ai jamais pensé à DSK, mais il était là sans arrêt… C’est une aventure unique… Comme un happening des années 60… Je n’ai pas cherché à donner tort ou raison au personnage…" De son côté Jacqueline Bisset, qui a "vécu avec des hommes difficiles" a eu l’impression de "rejouer sa propre vie".

    Dimanche, Anne Sinclair a exprimé son dégoût, mais a déclaré qu’elle ne se pourvoirait pas en justice, ne voulant pas faire ce plaisir à Abel Ferrara et à Vincent Maraval. «Je n’attaque pas la saleté je la vomis», a-t-elle ajouté sur le site français du Huffington Post qu’elle dirige.

     

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  • Festival de Cannes: "Saint Laurent" de Bonello montre YSL en proie à ses démons

    Très attendu en compétition, Saint Lstlaurent[1].jpgaurent de Bertrand Bonello, sorti quelques mois après celui de Jalil Lespert, tient ses promesses. Mais comparaison n'est pas raison d'autant qu'une constatation s'impose: si celui de Lespert était un film d’acteurs (les excellents Pierre Niney et Guillaume Galienne), celui de Bonello est un film de réalisateur à la mise en scène sophistiquée faite de contrastes, d’allers et retours dans le temps, de montage en split-screen.

    A gauche de l’écran par exemple se succèdent des images d’actualité, Mai 68, guerre du Vietnam, de Gaulle, tandis qu’à droite les mannequins descendent les marches de la maison de couture avec les dates des collections qui s‘inscrivent.

    En outre, alors que Lespert se concentrait sur l’histoire d’amour entre YSL et Pierre Bergé, son compagnon pendant plus de cinquante ans, l’auteur de L’Apollonide, s’est plus particulièrement penché, avec la complicité de Gaspard Ulliel et de Jérémie Renier, sur la période 1965-1976. La décennie la plus riche en terme de mode et de vie du héros de l’histoire.

    Grandeur et décadence
     
    Elle montre YSL professionnellement au sommet de son génie et de sa gloire, qui vient de sortir la collection  Mondrian, va créer le fameux smoking pour femmes et un parfum. Mais, en proie à ses tourments existentiels et aux démons qui le rongent, il tombe sur le plan personnel.
     
    Le film ouvre en 1974. On voit de dos une silhouette descendre dans un hôtel. Yves Saint Laurent prend une chambre sous le nom de Swann, téléphone à un journaliste et lui raconte sa dépression pendant son service militaire, sa cure d’électrochocs et sa dépendance aux drogues.
     
    la-production-de-saint-laurent-de-bertrand-bonello-repoussee,M108198[1].jpgOn pense alors se diriger droit vers le biopic avec fllash back à l'appui. Sauf que ce n’est pas du tout cela. Il ne s'agit pas non plus à proprement parler d'un processus de création même si on voit relativement fréquemment Saint Laurent dessiner. Parfois fiévreusement. Il est également, outre quelques défilés spectaculaires, assez peu question de mode. En fait, qui ne connaît pas le grand couturier, n’en saura pas vraiment davantage au bout de 2h30. Une longueur qui se fait parfois un peu sentir.

    Entre aventures, shoot et partouzes homos
     
    Il existe par ailleurs un aspect côté documentaire dans cet opus montrant les couturières et les petites mains au travail, la rigueur hiérarchique qui règne dans l’atelier, tandis qu’Yves Saint Laurent s’étourdit dans le monde de la nuit. Ce qui permet à Bonello d’insister sur ses aventures sexuelles et notamment sa relation sulfureuse avec le dandy Jacques de Bascher.

    En pleine autodestruction, YSL erre avec son amant du moment en quête d’aventures, se shootant aux médicaments ou se perdant dans des partouzes homos, laissé inconscient et blessé sur un chantier où vient le récupérer Pierre Bergé au petit matin. 
     
    Gaspard Ulliel est formidable
     
    C’est un Louis Garrel plutôt torride qui se glisse dans la peau de Jacques de Basher. Quant à Gaspard Ulliel, il est formidable. Un candidat sérieux au prix d’interprétation. Evitant le mimétisme et l’imitation, il ne cherche pas à être Saint Laurent mais se révèle juste et vrai dans la voix, la démarche, la gestuelle, On n’en dira pas autant de Jérémie Renier, qui se révèle moins bon que Guillaume Gallienne chez Jalil Lespert. Assez logiquement dans la mesure où il est réduit, à quelques exceptions près, au rôle ingrat de businessman froid que lui a assigné Bertrand Bonello.
     
    On connaît la polémique entourant les deux opus. Celui de Lespert est adoubé par Pierre Bergé qui détient un droit moral sur l’œuvre d’YSL. En revanche il n’a pas donné son approbation à l’adaptation de Bertrand Bonello. Une question évidemment posée au cinéaste lors de la conférence de presse. «Je n’ai pas vu l’autre film, dont le projet était postérieur. Je me suis concentré sur le mien et pris la liberté de faire ce dont j’avais envie », a-t-il déclaré en substance, son producteur ajoutant que «le film de Lespert nous a libéré du biopic traditionnel ».

     

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  • Festival de Cannes. "Timbuktu", une ville prisonnière des djihadistes. Le choc

    imagesCANPSPVW.jpgAprès l’insipide, sinon affligeant Grace de Monaco, descendu par la critique, on est passé aux choses sérieuses. Et subi un choc avec le premier film en compétition Timbuktu du Mauritanien  Abderrahmane Sissako qui lui, au contraire, semble faire l’unanimité sur la Croisette.

    Il a planté sa caméra à Tombouctou pour raconter le quotidien infernal de cette ville tombée aux mains des djihadistes. A travers les yeux de Kidane, menant jusqu'ici une vie simple et heureuse sous sa tente en compagnie de sa femme et de sa fille, il nous laisse éprouver la terreur que font régner des extrémistes religieux parcourant les rues armés de kalachnikov. D’une redoutable bêtise, ils représentent les nouveaux visages de l’obscurantisme.

    Les interdictions pleuvent. Pas de musique, pas de cigarettes, pas de rires, pas de football, pas de flânerie.  Les hommes sont forcés de retrousser leurs pantalons, les femmes contraintes de porter non seulement le voile, mais des gants et des chaussettes.

    Tout manquement signifie mort ou torture décrétée par de ridicules juges siégeant dans des tribunaux improvisés au terme de simulacres de procès. D’où des images insoutenables d’un couple lapidé ou d’une jeune femme ayant commis l’’imprudence de chanter condamnée à quarante coups de fouets. Et qui hurle de douleur au milieu du désert.

    Dans ce film dénonçant les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme, l’auteur de Bamako, son précédent long-métrage, réussit à éviter le piège du manichéisme et du pathos, allant jusqu’à se permettre quelques notes d’humour. A la violence des hommes et des situations, il mêle des moments de douceur, de poésie, de somptuosité des paysages. Ou encore de grâce bafouée, comme cette gazelle traquée, galopant dans les dunes en ne sachant comment échapper aux bourreaux.  

    Timbuktu  figure parmi les outsiders. Mais de cette fable en forme de pamphlet, on ressort bouleversé par un propos d’une brûlante et cruelle actualité.

    Un Mike Leigh peu enthousiasmant en dépit de sa beauté

    images[3].jpgGrand cinéaste britannique, Palme d’Or en 1996 pour Secrets et mensonges, Mike Leigh revient pour la cinquième fois en compétition avec Mr Turner, précurseur des impressionnistes. Evoquant les 25 dernières années de celui qui fut surnommé le peintre de la lumière, il capte ses deux visages. Celui d’un artiste visionnaire et celui de l’homme « très mortel » personnage complexe et tourmenté, dévoré par son art et par ses blessures.

    Ce personnage hors normes, autodidacte instinctif à la fois rustre et doté de grandes capacités intellectuelles était victime, en dépit de sa célébrité, de sarcasmes et de  railleries venant à la fois du public et de l’establishment. Il avait notamment de grosses difficultés à s’exprimer. Au lieu de parler il grognait, déclarait en conférence de presse l’acteur Timothy Spall (photo) qui a enfilé le costume de l’artiste et qui se trouve déjà parmi les favoris dans la course au prix d’interprétation. Il s’est amusé à se comparer à Turner en se qualifiant également de drôle de gros petit bonhomme.

    Malgré son talent, les qualités formelles et visuelles de cette œuvre ambitieuse, on peine toutefois à s’enthousiasmer véritablement. Mike Leigh a tendance à ronronner dans ce portrait classique et un peu trop calibré cannois pour surprendre.

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