On en a heureusement terminé, du moins on l’espère, avec Welcome To New York d’Abel Ferrara, largement inspiré de l’affaire DSK, survenue le 14 mai 2011 et qui avait parasité le festival pendant des jours. Rebelote dans le genre sur la Croisette après un suspense de plusieurs mois entretenu par l’auteur, le producteur Vincent Maraval et Gérard Depardieu.
Le voile a donc été levé samedi soir suite aux projections en marge du festival. Elles se sont déroulées au marché et sous tente pour la presse, sur la plage Nikki Beach en face du Carlton. Comme annoncé la chose ne sera donc pas visible en salle, mais bénéficie dorénavant d’une sorte mondiale en VOD.
Inutile de le préciser, ce fut beaucoup de bruit pour rien pour cette "bombe" en forme de pétard mouillé sur fond de partouze avec chantilly et champagne à la clé, où commence par s’exhiber Depardieu, alias DSK rebaptisé Deverreau. Puis les choses s’enchaînent avec la grande scène du viol de la femme de chambre du Sofitel, l’arrestation à l’aéroport, l’incarcération, les premières audiences judiciaires, l’arrivée de Simone, la riche épouse qui loue un somptueux appartement…
En d’autres termes, circulez car il y avait bien autre chose à faire ce soir-là à Cannes que de courir tels des dératés et se poser dans une queue interminable dans l’espoir de voir ce long-métrage ennuyeux de deux heures, le plus souvent qualifié de navet, de nul, d’abominable, de grotesque, sinon de porno soft douteux et d’une rare indigence. Où un Gégé obèse et peu ragoûtant (difficile de l’imaginer en dirigeant du FMI ou en futur président de la République) donne la réplique à la classieuse Jacqueline Bisset dans le rôle d’Anne Sinclair, la femme bafouée.
Lors de la conférence de presse retransmise en direct par la chaîne de télévision française BFM qui a obtenu l’exclusivité, le comédien, tout en citant Shakespeare et Handke, a avoué avoir pris beaucoup de plaisir à tourner ce film évoquant un fait divers qui a intéressé le monde entier et réjoui les médias. "Je n’ai jamais pensé à DSK, mais il était là sans arrêt… C’est une aventure unique… Comme un happening des années 60… Je n’ai pas cherché à donner tort ou raison au personnage…" De son côté Jacqueline Bisset, qui a "vécu avec des hommes difficiles" a eu l’impression de "rejouer sa propre vie".
Dimanche, Anne Sinclair a exprimé son dégoût, mais a déclaré qu’elle ne se pourvoirait pas en justice, ne voulant pas faire ce plaisir à Abel Ferrara et à Vincent Maraval. «Je n’attaque pas la saleté je la vomis», a-t-elle ajouté sur le site français du Huffington Post qu’elle dirige.
aurent de Bertrand Bonello, sorti quelques mois après celui de Jalil Lespert, tient ses promesses. Mais comparaison n'est pas raison d'autant qu'une constatation s'impose: si celui de Lespert était un film d’acteurs (les excellents Pierre Niney et Guillaume Galienne), celui de Bonello est un film de réalisateur à la mise en scène sophistiquée faite de contrastes, d’allers et retours dans le temps, de montage en split-screen.
On pense alors se diriger droit vers le biopic avec fllash back à l'appui. Sauf que ce n’est pas du tout cela. Il ne s'agit pas non plus à proprement parler d'un processus de création même si on voit relativement fréquemment Saint Laurent dessiner. Parfois fiévreusement. Il est également, outre quelques défilés spectaculaires, assez peu question de mode. En fait, qui ne connaît pas le grand couturier, n’en saura pas vraiment davantage au bout de 2h30. Une longueur qui se fait parfois un peu sentir.
Après l’insipide, sinon affligeant Grace de Monaco, descendu par la critique, on est passé aux choses sérieuses. Et subi un choc avec le premier film en compétition Timbuktu du Mauritanien Abderrahmane Sissako qui lui, au contraire, semble faire l’unanimité sur la Croisette.
Grand cinéaste britannique, Palme d’Or en 1996 pour Secrets et mensonges, Mike Leigh revient pour la cinquième fois en compétition avec Mr Turner, précurseur des impressionnistes. Evoquant les 25 dernières années de celui qui fut surnommé le peintre de la lumière, il capte ses deux visages. Celui d’un artiste visionnaire et celui de l’homme « très mortel » personnage complexe et tourmenté, dévoré par son art et par ses blessures.