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Festival de Cannes. "Timbuktu", une ville prisonnière des djihadistes. Le choc

imagesCANPSPVW.jpgAprès l’insipide, sinon affligeant Grace de Monaco, descendu par la critique, on est passé aux choses sérieuses. Et subi un choc avec le premier film en compétition Timbuktu du Mauritanien  Abderrahmane Sissako qui lui, au contraire, semble faire l’unanimité sur la Croisette.

Il a planté sa caméra à Tombouctou pour raconter le quotidien infernal de cette ville tombée aux mains des djihadistes. A travers les yeux de Kidane, menant jusqu'ici une vie simple et heureuse sous sa tente en compagnie de sa femme et de sa fille, il nous laisse éprouver la terreur que font régner des extrémistes religieux parcourant les rues armés de kalachnikov. D’une redoutable bêtise, ils représentent les nouveaux visages de l’obscurantisme.

Les interdictions pleuvent. Pas de musique, pas de cigarettes, pas de rires, pas de football, pas de flânerie.  Les hommes sont forcés de retrousser leurs pantalons, les femmes contraintes de porter non seulement le voile, mais des gants et des chaussettes.

Tout manquement signifie mort ou torture décrétée par de ridicules juges siégeant dans des tribunaux improvisés au terme de simulacres de procès. D’où des images insoutenables d’un couple lapidé ou d’une jeune femme ayant commis l’’imprudence de chanter condamnée à quarante coups de fouets. Et qui hurle de douleur au milieu du désert.

Dans ce film dénonçant les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme, l’auteur de Bamako, son précédent long-métrage, réussit à éviter le piège du manichéisme et du pathos, allant jusqu’à se permettre quelques notes d’humour. A la violence des hommes et des situations, il mêle des moments de douceur, de poésie, de somptuosité des paysages. Ou encore de grâce bafouée, comme cette gazelle traquée, galopant dans les dunes en ne sachant comment échapper aux bourreaux.  

Timbuktu  figure parmi les outsiders. Mais de cette fable en forme de pamphlet, on ressort bouleversé par un propos d’une brûlante et cruelle actualité.

Un Mike Leigh peu enthousiasmant en dépit de sa beauté

images[3].jpgGrand cinéaste britannique, Palme d’Or en 1996 pour Secrets et mensonges, Mike Leigh revient pour la cinquième fois en compétition avec Mr Turner, précurseur des impressionnistes. Evoquant les 25 dernières années de celui qui fut surnommé le peintre de la lumière, il capte ses deux visages. Celui d’un artiste visionnaire et celui de l’homme « très mortel » personnage complexe et tourmenté, dévoré par son art et par ses blessures.

Ce personnage hors normes, autodidacte instinctif à la fois rustre et doté de grandes capacités intellectuelles était victime, en dépit de sa célébrité, de sarcasmes et de  railleries venant à la fois du public et de l’establishment. Il avait notamment de grosses difficultés à s’exprimer. Au lieu de parler il grognait, déclarait en conférence de presse l’acteur Timothy Spall (photo) qui a enfilé le costume de l’artiste et qui se trouve déjà parmi les favoris dans la course au prix d’interprétation. Il s’est amusé à se comparer à Turner en se qualifiant également de drôle de gros petit bonhomme.

Malgré son talent, les qualités formelles et visuelles de cette œuvre ambitieuse, on peine toutefois à s’enthousiasmer véritablement. Mike Leigh a tendance à ronronner dans ce portrait classique et un peu trop calibré cannois pour surprendre.

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