Festival de Cannes: narco-thriller et inceste au menu compétition (19/05/2015)

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Intrigues, corruption, drogue, criminalité en hausse. Le lot d’une population terrifiée vivant dans la zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique, devenue un territoire de non droit. Où se situe Sicario (en français tueur à gage), l’histoire d’une opération des services secrets américains, qui balaie les lois pour abattre ceux qui ne les respectent pas. Et c'est parti pour des affrontements meurtriers.

En compétition, Denis Villeneuve s’attaque ainsi au film de genre en nous plongeant dans l’univers violent des cartels, un thème classique souvent traité au cinéma, mais où on retrouve la patte du cinéaste québécois dans une mise en scène plutôt brillante. On n’en dira pas autant du scénario, compliqué et tortueux.

En haut de l'affiche Josh Brolin, agent faussement décontracté du gouvernement, dirige le groupe d’intervention chargé de la lutte contre le trafic de drogue. Un combat mené par Benicio del Toro, consultant doublé d’un tueur avide de vengeance, mais doté d’une certaine sensibilité, Notamment à l’égard de Kate, jeune recrue idéaliste du FBI qui, enrôlée dans cette mission clandestine à haut risque, sera obligée de revoir ses convictions pour survivre. Interprété par Emily Blunt, c’est le personnage le plus intéressant du film.

Si on lui préfère l’excellent Prisoners, pour son auteur qui dénonce la manipulation dans les médias ou les mensonges des politiques, Sicario est une œuvre très moderne sur la société actuelle, la manière qu’a l’Occident, plus précisément l’Amérique en l’occurrence, de gérer ses problèmes. Il s’agit aussi à son avis de son film le plus ambitieux en terme de portée, et le plus accessible de sa carrière.

Il n’en redoute pas moins le verdict du jury. Les présidents Coen ainsi que les jurés Xavier Dolan et Jake Gyllenhaal sont des amis et le réalisateur estime que "ce n’est pas très bon pour lui… "

maxresdefault[1].jpgMarguerite et Julien, l'inceste façon Valérie Donzelli

Autre film en concours peu enthousiasmant mais dans un tout autre genre, Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Histoire vraie d’un inceste, inspirée d’un scénario que Jean Gruault (Jules et Jim, l’Histoire d’Adèle H) écrivit pour François Truffaut et qu’il n’a pas tourné, elle se déroule au début du 17e siècle.

Fils et fille du seigneur de Tourlaville, Marguerite et Julien de Ravalet s’aiment depuis eur naissance. Séparés à l'adolescence ils se retrouvent quelques années plus tard et leurs baisers enfantins évoluent vers une passion irrépressible. Rien ne pourra mettre un terme à cette fusion de deux âmes-sœurs. Sauf la hache du bourreau. Ils seront décapités le 2 décembre 1603.

Inutile de dire que le sujet a divisé les critiques. Parfois violemment. Ce qui ne doit pas forcément déplaire à son auteur. Evitant le piège de l’immoralité à outrance ou de son contraire. elle a choisi les codes du contes de fée pour aborder cet amour tabou. Cela lui permet tout, notamment de jongler avec les anachronismes dans sa mise en scène. On navigue ainsi entre l’hélicoptère et la calèche, en passant par la voiture, le cheval, le poste de radio et le tourne-disques.

Un mélange visuel de passé et de présent manifestement destiné à donner au film un côté intemporel. Sauf que l’inceste n’est pas vraiment traité, Valérie Donzelli se contentant de surfer sur ce sujet en l’illustrant par une petite romance interdite, où ses deux héros se livrent à quelques jeux érotiques. A la fois naïve et tragique, Anaïs Demoustier s’y montre plus convaincante que Jérémie Elkaïm, curieusement coincé dans son rôle d’amoureux fou…

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