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  • Locarno: les Suisses Lionel Baier et Yves Yersin dopent le festival

    ROUSSEAU_201_Lionel_Baier[1].jpgC’est assez rare pour être signalé. Alors qu’il pédalait un peu mollement, le festival vient de passer à la vitesse supérieure grâce à deux cinéastes suisses. Avec une comédie jubilatoire, Les Grandes Ondes (à l’Ouest), Lionel Baier (photo) propose le meilleur film vu jusqu’ici sur la Piazza Grande, tandis qu’Yves Yersin, en lice pour le Léopard d’Or, nous touche au cœur avec Tableau noir, un documentaire sur une petite école neuchâteloise menacée de fermeture.

    En deux mots, Les Grandes Ondes (à l’Ouest) nous ramène à avril 1974, où Julie la féministe et Cauvin le reporter de guerre sont dépêchés au Portugal pour faire un reportage sur l’aide économique suisse. Ils sont accompagnés de Bob, un technicien proche de la retraite qui ne quitte pas sa camionnette Volkswagen. Sur place la tension monte et rien ne se passe comme prévu. Décidés à rentrer à Lausanne, ils se retrouvent en pleine révolution des Oeillets.

    Le talentueux Lionel Baier s’est appuyé des faits et des personnages  réels pour réaliser cette fiction à la mise en scène très maîtrisée, pleine d’humour, portée par d’excellents comédiens comme Valérie Donzelli, Michel Vuillermoz, Patrick Lapp. Fidèle à sa réputation, ce dernier n’a pas manqué d’amuser la galerie lors de la conférence de presse en décrivant un tournage infernal, dirigé par un mégalomane fou doublé d’un tyran. Ajoutant que s’il faisait un film sans lui, il crèverait les pneus de toutes ses vieilles voitures...

    L’intérêt de cette comédie enlevée, c’est aussi son ton. Cette liberté frondeuse que restitue le réalisateur à travers sa reconstitution des années 70, temps d’un soulèvement portugais qui s’est étendu à d’autres pays. D’où la dimension politique qui renvoie également à ce qui se passe aujourd’hui.

    "En 1992, le refus  de la Suisse d’entrer dans l’Europe a été un choc pour ma génération", remarque Lionel Baier, qui avait alors 17 ans. L’idée de l’Europe m’a construit. Ce qui se passe depuis trois ou quatre ans, la façon dont on traite les Portugais, les humiliations subies par les Grecs, les Italiens, les Espagnols, tout cela m’angoisse profondément. Je ne suis pas un cinéaste engagé, mais ce film est pour moi une piqûre de rappel".

    Du coup, on attend avec impatience voir le cinéaste vaudois poursuivre dans son idée de tétralogie qui, après Comme des voleurs (à l’Est) et Les Grandes Ondes (à l’Ouest), le conduira tout naturellement au Nord (Grand-Bretagne et Danemark) et au Sud, en Italie.

    "Tableau noir", une leçon de vie

    get[1].jpgOn change complètement de registre, mais on garde la qualité avec Tableau noir, qui marque le grand retour à l’écran d’Yves Yersin, le fameux auteur de "«Les petites fugues" en 1979. On pouvait craindre qu’il ait perdu la main. Il prouve le contraire avec cette remarquable chronique scolaire à Derrière-Pertuis, un hameau perché sur les crêtes du Jura, dans le Val-de-Ruz.

    Yves Yersin a filmé pendant un an une douzaine d’élèves de six à douze ans, partageant la même classe. On pense évidemment à Etre et avoir du Français Nicolas Philibert qui avait entrepris la même démarche en 2002. Mais Tableau noir n’a rien d’une copie. Il nous laisse découvrir un merveilleux instituteur et sa manière exemplaire, unique, d’enseigner. De l’orthographe au calcul en passant par l'apprentissage de l'allemand, la découverte de la nature, de la spiritualité, tout se transforme en un jeu passionnant doublé d’une véritable leçon de vie.

    Toujours justes, naturels, attachants, souvent irrésistibles, les enfants sont évidemment les premiers protagonistes de la grande réussite de l’œuvre qui vous fait passer deux heures de pur bonheur. Et d’émotion. On ne peut s’empêcher de verser une petite larme à la fin, quand l’école condamnée ferme et que le professeur licencié s’en va. C’est voulu, mais on marche. A fond.

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  • Festival de Locarno: débuts languissants d'un cru très prometteur...

    gare-du-nord-photo-51e947d777dbd[1].jpgAu premier tiers de ce cru 2013 très prometteur… sur le papier, le doute s’insinue. Du moins au niveau de la compétition et de la Piazza Grande. Côté course au Léopard d’Or, je ne l’ai en tout cas pas encore vu passer. On a beaucoup insisté sur le fait que dix-huit des vingt prétendants en lice sont des premières mondiales. Et pour cause, serais-je tentée de remarquer. Qui voudrait de certains des opus sélectionnés?

    Trois seulement me semblent véritablement émerger. Le très attendu E Agora? Lembra-me (en français Et maintenant? Souvenez-vous de moi) de Joaquim Pinto. Le réalisateur portugais, qui vit avec le sida et l’hépatite C depuis une vingtaine d’années, raconte une année d’études cliniques sous psychotiques et médicaments toxiques, dont la commercialisation n’a pas encore été approuvée. Tout l’intérêt du film réside dans sa façon particulière de parler de la maladie à travers une réflexion sur la survie, l’amour et l’amitié.

    Avec Gare du Nord, la Française Claire Simon nous balade dans l’immense station parisienne, véritable fourmilière où se croisent des milliers de gens venus de partout et où elle suit où plus particulièrement quatre personnages. Il y a Mathilde, une prof d’histoire atteinte d’un cancer (Nicole Garcia, photo) qui noue une relation amoureuse avec Ismaël, un étudiant réalisant sa thèse sur les lieux, Joan, une agente immobilière qui y passe son temps entre deux clients et Sacha, à la recherche  de sa fille fuguuse. Parfois bâtard, le film séduit quand même par sa façon originale de capter des tranches de vie.

    On n’oubliera pas Pays barbare, un étonnant et remarquable documentaire français où Yervent Gianikian et Angela Ricci Lucchi montrent des matériaux filmiques sur l’Ethiopie coloniale italienne, récemment découverts dans les archives de particuliers. De nombreuses séquences militaires illustrent notamment la violence des conquérants.

    En ce qui concerne la Piazza Grande, c’est carrément la déception pour l’instant. Dont  2 Guns, laborieux film d'action de l'Islandais Baltasar Kormakur avec Denzel Washington et Mark Wahlberg en roue libre, Wrong Cops de l’iconoclaste Quentin Dupieux qui donne de plus en plus dans le potache, Vijai and I, une sirupeuse et improbable romance belge  de Sam Garbarski. Ou encore We're The Millers, une comédie à l’humour extra-gras de Rawson Marshall Thurber emmenée par Jennifer Aniston, strip-teaseuse devenue mère bidon de deux ados et fausse épouse d’un minable trafiquant de shit…

    Cela dit, il reste heureusement une grosse semaine pour ne pas faire mentir l'annonce d'une édition de derrière les fagots. Alors haut les cœurs et on croise les doigts!

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  • Festival de Locarno: Faye Dunaway attire la foule pour évoquer ses succès

    Faye-Dunaway-new1[1].jpgFaye Dunaway a de la classe. Intelligente, dynamique, charmeuse et chaleureuse, la comédienne qui a reçu un Léopard d’or vendredi soir sur la Piazza Grande avait rameuté la foule quelques heures auparavant. Conquis, les journalistes et ses fans l’ont écoutée évoquer quelques films qui ont marqué sa carrière en compagnie de Carlo Chatrian, le nouveau directeur artistique du festival.

    Née dans le sud de la Floride en 1941, Faye Dunaway a commencé par rendre hommage à Elia Kazan qui lui a appris le métier et à Marlon Brando qui a inventé une nouvelle façon de jouer. "Kazan a eu une extraordinaire influence sur tous les acteurs avec son excellente analyse des personnages.  Pour moi c’est un maître et je lui suis très reconnaissante. Il a été suivi par toute une génération. Quant à Marlon, c’était un être adorable. J'ai trouvé divin de tourner avec lui tant il était vivant, émotionnellement parlant".

    Instinctive dans ses choix, Faye Dunaway insiste sur la chance qu’elle a eu de travailler avec les plus grands et sous la direction des meilleurs. Des acteurs et des réalisateurs gens au top de leur art et des rôles qui lui ont appris que les femmes doivent lutter pour leurs droits. Son préféré c’est Bonnie Parker dans le célèbre Bonnie and Clyde d’Arthur Penn. Et pas seulement parce qu’il a fait d’elle une star suite à son immense succès lors de sa sortie en 1967. Mais surtout parce que "Bonnie, c’est moi". 

    faye_4[1].jpg"Je me suis identifiée à cette jeune femme car elle est très proche de moi, de mes origines. J’ai été élevée à la campagne et je connaissais la même frustration qu’elle. En plus j’ai énormément apprécié de donner la réplique à Warren Beatty. Ce n’était pas qu’un beau gosse. Il avait quelque chose d’indéfinissable, Il essayait de trouver de nouvelles choses. Il était incroyablement crocheur. Pour lui, le premier à se fatiguer perdait la bataille. Lui ne renonçait jamais".

    Si Bonnie est son personnage favori, tous les autres l’ont touchée. Comme celui d’ Evelyn Mulwray dans Chinatown de Roman Polanski. Elle y engage un détective privé (Jack Nicholson) pour suivre son mari qu’elle soupçonne d’adultère. Elle a également aimé enfiler le costume de Diana Christensen dans Network de Sydney Lumet où elle incarne une productrice sans scrupule,  qui lui a valu en 1976 l’Oscar de la meilleure actrice. "Network est un film très noir, ultra rapide. On était tous comme sur des patins à roulettes… " Le film est une critique acerbe et cynique sur le pouvoir de la télévision. "Une vision prémonitoire", remarque-t-elle. 

    A l’instar de nombreux de ses pairs, Faye Dunaway, également scénariste et productrice a une passion pour la réalisation. Après le tournage d’un court-métrage en 2001, elle s’est lancée dans l’adaptation de la pièce Les leçons de Maria Callas de Terrence McNally qu’elle a jouée au théâtre et dont elle a acquis les droits. "Beaucoup de scènes ont été tournées et j’espère faire le reste bientôt". On lui souhaite de réussir dans cette vaste entreprise à laquelle elle travaille depuis plusieurs années.

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