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  • Festival de Cannes: une quinqua dodue prise au piège du tourisme sexuel

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaparamour.jpgCougars occidentales défraîchies et flasques, elles tentent d’oublier leurs rides et leurs bourrelets dans les bras musclés d’éphèbes kényans. Mais l’illusion du bonheur se paie au prix fort.

    Le provoquant cinéaste autrichien Ulrich Seidl ne s’embarrasse pas de circonvolutions politiquement correctes pour souligner le triste état de nos sociétés. Adepte de la radicalité, il s’attaque frontalement aux sujets les plus scabreux.

    Après Dog Days montré à la Semaine de la critique en 2002 et Import/Export présenté en concours en 2007, l’auteur s’aligne à nouveau en compétition avec Amour, le premier volet d’une trilogie cyniquement intitulée Paradis, dans laquelle trois personnages féminins de tous âges tentent vainement de s’extraire de leur condition.

    L'opus initial voit des Autrichiennes vieillissantes sans scrupule, avides de "renifler la peau d’un nègre et admirant leurs belles dents", se transformer en sugar mamas qui entretiennent des beachboys kényans pour leur plaisir. Ulrich Seidl suit plus particulièrement Teresa (photo), une quinquagénaire aux chairs tombantes.

    L'exotisme ravageur du lieu la poussant à imaginer un prince charmant jeune et costaud, elle se laisse prendre au piège du tourisme sexuel. Plus naïve qu’une adolescente amoureuse, elle finit par croire aux déclarations enflammées de Gabriel beau comme un Dieu, qui n’en veut évidemment qu’à son argent, comme tous ses congénères. Avant de partir à l’assaut d’une nouvelle proie facile.

    En quête d’esclave sexuel, l’exploiteuse devient l’exploitée. Le paradis se mue en enfer et l’illusion de bonheur des premiers jours se transforme en une rage et une souffrance à la hauteur de l’humiliation subie.

    Entre documentaire et fiction, Ulrich Seidel ne recule devant rien, traitant sans concession de la misère sexuelle et affective. Dans une mise en scène froide excluant toute émotion, il balaye les tabous, qu’il s’agisse de la libido marchande du Noir pauvre et lubrique, ou celle de la Blanche sur le retour dont il met impitoyablement le corps lourd et gras à nu.

    A l'image de celui de la comédienne Margarethe Tiesel, qui se livre elle aussi sans limite, avec un naturel confondant, à la caméra crue et dérangeante du réalisateur. A noter que les protagonistes masculins sont de vrais beachboys. A commencer par Gabriel, le bourreau des cœurs du coin qui se vante, paraît-il, d’avoir tombé trois sugar mamas.

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  • Festival de Cannes: Jacques Audiard ampute Marion Cotillard...

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaacotillard.jpgTrois ans après Un prophète, qui lui avait valu le Grand Prix du jury, Jacques Audiard revient sur la Croisette avec De rouille et d’os. Une histoire puisée dans un recueil de nouvelles du Canadien Craid Davidson où on croise deux cabossés de la vie, dont Marion Cotillard, en infirme bluffante.   

    Très casse-gueule, le sujet. Imaginez la rencontre improbable, dans une boîte de nuit  du sud de la France, entre Stéphanie, belle jeune femme dresseuse d’orques et Ali, boxeur de rue déjeté, sans le sou,  engagé comme videur. Il la tire d’une bagarre et la raccompagne. Mais elle le prend de haut.  

    Un peu plus tard, elle le rappelle. Les choses ont changé. Elle est amputée des deux jambes à la suite d’un accident dans un parc aquatique. Quant à lui, handicapé du langage, pourvu d’un môme de cinq ans, il se fait massacrer dans des combats clandestins pour gagner quelques sous. Et ces deux cabossés de la vie, tentant chacun de s’extraire de leur condition difficile, vont tenter de renaître à travers une histoire d’amour.

    On imagine du coup la romance pleine de bons sentiments à faire sangloter dans les chaumières. Mais Jacques Audiard, sans atteindre l’excellence du Prophète,  même si  la presse hexagonale en fait déjà à l’un des sérieux prétendants à la Palme d’Or, en profite pour revisiter brutalement le genre. Et propose un mélo eliptique, à la fois trash, noir et cru sur fond de drame social actuel plus esquissé qu'approfondi.

    Sa réussite tient surtout à l’interprétation des deux protagonistes principaux. Beauté ravagée et spectaculairement  estropiée par les effets spéciaux,  Marion Cotillard se montre particulièrement convaincante dans son fauteuil roulant.

    A l’entendre à la conférence de presse, ce n’était cependant pas gagné. "En lisant le scénario, j’étais à la fois bouleversée et excitée. Sauf que quand je découvre une histoire qui va me toucher, j’ai une compréhension immédiate du personnage que je vais interpréter.  En revanche, avec Stéphanie , je suis arrivée à la fin et je ne savais pas du tout qui elle était. J’ai craint de ne pas être à la hauteur. J’en ai alors parlé avec Jacques qui m’a rassurée, ne me disant qu’il ne savait pas non plus… »

    Matthias Schoenaerts en armoire à glace fascinante de puissance physique se révèle lui aussi très crédible. Le jeune comédien flamand, belle gueule à la Ryan Gosling mais en plus costaud, a été découvert il y a quelques mois dans le film de gangster  coup de poing Bullhead.  Sa carrière s’annonce brillante. Avec pourquoi pas des propositions du côté de Hollywood…

    Le film est dès aujourd’hui à l’affiche dans les salles romandes

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  • Festival de Cannes: grande foule mais accueil mitigé pour Wes Anderson

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaamoonrise.jpgPremière conférence de presse et premiers pilonnages d’orteils. Logique vu la concentration de vedettes en l'occurrence. Outre le réalisateur Wes Anderson et ses deux jeunes héros de 12 ans, Jared Gilman et Kara Hayward (photo), pratiquement tous les personnages principaux de Moonrise Kingdom avaient fait le déplacement sur la Croisette.

    Entre Bruce Willis, Tilda Swinton, Edward Norton et Bill Murray, il y avait de quoi provoquer une queue jusque devant l’entrée du Palais. En constatant la chose, certains malheureux doivent se dire qu'avec un Brad Pitt à l'horizon, il vaudra mieux resté couché. Bref, inutile de préciser que seuls les "happy few" munis du bon badge avaient pu dénicher un siège.

    A grande foule pourtant, petits applaudissements. Ce qui n’a rien de très étonnant pour ce conte en forme de livre pour enfants, censé vous transporter dans un univers de rêves, mais qui ne fait pas franchement une mégaouverture de festival.

    Au centre de l’histoire, qui se déroule en été 1965 sur une île de La Nouvelle Angleterre, Sam, jeune scout orphelin mal-aimé par ses camarades et Suzy, une ado rebelle et dépressive. Amoureux, ils décident de fuir le monde des adultes, mobilisant toute une région pour les retrouver. Notamment lancés à leur poursuite, on trouve un improbable chef scout genre grand dadais (Edward Norton), un flic tout aussi hypothétique (Bruce Willis à contre- emploi) et une responsable des services sociaux un brin hystérique (Tilda Swinton), pour qui la vraie place des enfants se trouve dans un pensionnat.

    Pendant une heure, on est séduit par la performance des acteurs, protagonistes marginaux et farfelus, la mise en scène surréaliste, le visuel de BD, la musique. Ensuite l’aventure se poursuit en mode mineur, tandis que se délite  le traitement par l’absurde de la famille qui dysfonctionne. Un milieu cher à l’auteur pour qui chaque film est une sorte de réunion de groupe et qui  tente de créer un monde magique dans lequel chacun a envie d’entrer. C’était en tout cas le désir avoué des acteurs, moins celui des spectateurs.

    Nanni Moretti et ses jurés veulent se laisser emporter

    Pas sûr non plus que cela emmène très loin  le président Nanni Moretti  et  ses huit complices. Quatre femmes, Diane Kruger Emmanuelle  Devos, Hiam Abbas, Andrea Arnold  et quatre hommes, Jean-Paul Gaultier, Ewan Mc Gregor, Alexander Payne et  Raoul Peck , qui ont tous envie de s’abandonner follement au charme des films proposés et à leurs émotions.

    Ils se sont évidemment déclarés enchantés et honorés  d’être là, d’avoir été choisis pour cette tâche extraordinaire et de participer ainsi au plus près  à la célébration du cinéma. Conscients de leur responsabilité à l’idée de juger tous ces grands noms de la pellicule, ils se réjouissent, à l’image de leur  coach italien de marque, de confronter leurs différentes sensibilités, sans préjugés, avec l’esprit le plus ouvert possible et en mettant la qualité des œuvres au-dessus de leurs préférences personnelles.

    Très sollicité, Jean-Paul Gaultier, qui avait posé la marinière et opté pour une coupe iroquois pas des plus seyantes, a humblement confié qu’il porterait le regard d’un spectateur normal heureux de découvrir toutes ces œuvres."Je réagirai plus au feeling que sur le plan technique, mais je vais surtout beaucoup apprendre".

    Le film est sorti simultanément dans les salles romandes.

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