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  • Festival de Cannes: Alain Resnais divise la Croisette

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaresmnais.jpgA 90 ans, le doyen revient avec Vous n’avez encore rien vu, son septième film en compétition officielle. Il n’a jamais remporté la Palme d’Or. Ce ne sera sans doute pas pour cette fois.

    Après le Roumain Cristian Mungiu et son incursion dans un couvent orthodoxe, Alain Resnais crée aussi la polémique avec son adaptation libre d'Eurydice de Jean Anouilh, l'un de ses dramaturges préférés.

    Par-delà sa mort, un célèbre auteur dramatique (Benoît Podalydès) convoque, dans sa somptueuse demeure, tous ses amis qui ont interprété la fameuse pièce. Sabine Azéma, Pierre Arditi, Lambert Wilson, Anne Consigny, Michel Piccoli, Mathieu Amalric, Hippolyte Girardot, Anny Duperey et d'autres encore, doivent jouer les exécuteurs testamentaires et donner leur opinion sur une captation de l’œuvre par une jeune troupe.
     
    Toute la famille du cinéma hexagonal réunie ou presque, chacun se glisse dans la peau de son personnage, faisant écho, d’abord en léger différé, aux jeunes acteurs évoluant sur l’écran déployé devant les anciens. Eurydice et Orphée vont ainsi revivre à travers les couples Azéma-Arditi (l’actrice fétiche du réalisateur est à la limite de l’hystérie) et Consigny-Wilson.

    Certains ressortent de là absolument bouleversés. D’autres, dont je suis, se montrent imperméables sinon davantage, à cet exercice de style sur fond d’installation artistique, où le cinéaste se livre à une réflexion alambiquée autour du théâtre qui serait la vie, l’amour, la mort et vice-versa. On peut y voir l’audace d’un éternel créateur, une volonté testamentaire. Mais aussi l’expression d’un caprice. Le caprice des vieux, comme l’a irrévérencieusement remarqué un critique.

    Le curieux voyage au Japon d’Abbas Kiarostami
     
    Encore une valeur (trop) sûre. Pour sa cinquième sélection en concours, l’Iranien Abbas Kiarostami, palmé en 1997 pour Le goût de la cerise par un jury auquel participait Nanni Moretti (président cette année…) est allé tourner au Japon Like Someone In Love. On y découvre un étrange trio, composé d’un vieil universitaire érudit, d’une jeune étudiante qui se vend pour payer ses études et de son ami jaloux qui peine à contenir ses pulsions violentes.

    Personnages décalés, plutôt amusants,  bons acteurs, dont la superbe Rin Takanashi, belle réalisation, pour cette petite fable qui évoque l’incommunicabilité entre les gens, plus particulièrement dans la mégapole japonaise où plus personne n’écoute personne. Mais le rideau tombant trop vite, on quitte en route ce voyage bizarre censé vous transporter vers l’inconnu.

    Isabelle Huppert est beautiful

    C'est en tout cas ce qu'on lui répète à l'envi dans Another Country du Coréen Hong Sangsoo, un film structuré en trois actes. Criblée de dettes, une étudiante en cinéma décide d'écrire un court-métrage pour se calmer les nerfs. Y apparaissent trois "Anne", chacune visitant la ville balnéaire de Mohang.

    Isabelle Huppert joue donc tour à tour une réalisatrice à succès, une femme entretenant une relation extraconjugale avec un Coréen et une divorcée que son mari a quittée pour une Coréenne. La comédienne française est toujours aussi bonne. Mais son talent ne suffit pas à faire décoller une comédie qui ne mérite pas vraiment sa place en compétition.

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  • Festival de Cannes: Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, l'amour à mort

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaemmanu.jpgA mi-parcours du festival, deux films ont la faveur des critiques, à en croire les palmes et les étoiles distribuées dans les revues spécialisées comme Le film français ou Screen. De rouille et d’os de Jacques Audiard l’emporte chez les journalistes hexagonaux devant Au-delà des collines du Roumain Cristian Mungiu, Palme d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours et vice-versa pour la presse internationale.

    On peut ajouter au palmarès Michael Haneke, lauréat  en 2009 pour Le ruban blanc, si l’on en juge par l’accueil enthousiaste et admiratif réservé au plus solide habitué de la Croisette pour Amour. Un grand film, simple, superbement réalisé, mais dont le sujet n’a rien pour plaire a priori.

    Entre moments cauchemardesques, beaux, romanesques ou poétiques, le réalisateur s’attache à montrer un amour qui s’achève et la manière de gérer la souffrance liée à la perte d’un être cher. Très diminué de surcroît. "C’est une situation à laquelle nous sommes tous confrontés à un moment de notre vie", a-t-il déclaré à la conférence de presse.
     
    Outre à son égérie Isabelle Huppert pour un rôle secondaire, le cinéaste a fait appel à deux de ses idoles, Emmanuelle Riva, l’inoubliable héroïne d’ Hiroshima mon amour et Jean-Louis Trintignant qu’on ne présente plus. Tous deux jouent magistralement Anne et Georges. Ce couple d’octogénaires élégants et cultivés, anciens professeurs de musique, est ébranlé par les ravages de la maladie.

    Aussi dépendante qu'un enfant

    A moitié paralysée à la suite d’une opération, Anne  voit sa santé se dégrader de jour en jour, jusqu’à devenir aussi dépendante de Georges qu’un enfant qu’il doit nourrir, laver, changer. Pas de quoi pourtant rebuter Emmanuelle Riva, bien au contraire. Elle redoutait juste de ne pas être choisie et sa seule peur a été de manipuler son fauteuil roulant électrique.

    "En toute humilité, j’avais une certaine conviction que je pouvais me mettre à la place d’Anne. Au point que ce n’était plus moi que je voyais mais elle. C’était un grand bonheur, exceptionnel, presque voluptueux. Je suis entrée très naturellement dans une passion très puissante qui m’a procuré une joie immense".

    On pourrait imaginer qu’un tel rôle implique une grande préparation, notamment psychologique pour affronter certaines scènes. Apparemment pas. "Michael Haneke m’a dit: surtout pas de sentimentalité. Du coup j’ai tout compris et cela a effacé mes craintes. Celles liées par exemple à mon état physique et aux situations humiliantes dans lesquelles je devais me trouver ont été balayées. Je savais que je n’entrais pas dans un univers de beauté et j’avais presque envie d’aller encore plus loin que le réalisateur me le demandait pour le surprendre. Mais cela n’aurait pas sonné juste".

    De son côté Jean-Louis Trintignant qu’on n’avait plus revu sur grand écran depuis Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau en 1998, a été sorti de sa retraite par le réalisateur autrichien. Impossible de résister. "Je ne voulais plus faire de cinéma, mais Haneke est l’un des plus grands metteurs en scène. Je me trouve meilleur au théâtre, car je ne me vois pas. Chez lui, je suis content de m'être vu". Ajoutant malicieusement. "Cela dit je ne recomencerai pas, car j’ai beaucoup souffert. C’est un grand bonheur mais c’est difficile. Haneke a le film dans sa tête et il est terriblement exigeant. Je ne vous le conseille pas…"

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  • Festival de Cannes: le diable au couvent...

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaacollines[1].jpgComme partout le soleil joue à cache-cache sur la Croisette depuis deux ou trois jours. Pour ne pas dire qu'il fait un temps de chien. De quoi se précipiter avec délices dans les salles obscures. D’autant que ce qu’on y découvre fait parfois polémique. Par exemple Au-delà des collines du Roumain Cristian Mungiu, à la fois hué et applaudi par la critique.

    Palme d'or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours, il nous plonge cette fois pendant 2h40 dans le quotidien d’un couvent chrétien orthodoxe. Alina, une jeune Roumaine de 25 ans, tente de convaincre Voichita, avec qui elle a entretenu à l’orphelinat une relation teintée d’homosexualité de repartir avec elle en Allemagne. Mais la vie de Voichita a pris un autre chemin, notamment sur l’influence d’un prêtre ultra rigoriste aux méthodes d’un autre âge. Depuis leur séparation, c’est à Dieu qu’elle s’est donnée.

    Minée par le désespoir et la frustration, Alina se laisse aller à des comportements qui font penser aux moines qu’elle est habitée par le mal. Il s’agit dès lors de protéger la communauté avec la fin tragique que cela suppose. L’histoire se base sur des faits authentiques qui s’étaient déroulés en Moldavie en 2005 et où une jeune nonne schizophrène fut retrouvée morte suite à un exorcisme pratiqué par  quatre religieux.

    Surfant sur les thèmes qui avaient fait le succès de 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Cristian Mungiu livre un film original, dense, sous tension. Un vrai objet de cinéma auquel  il apporte la puissance de sa mise en scène.

    Bons auteurs pour propos convenus

    On n’en dira pas autant des autres métrages montrés en compétition et qui frappent plutôt par leur côté formaté et leur propos convenu, en dépit de l’habileté, voire de la virtuosité de leurs auteurs. A l’image de La chasse de Danois Vinterberg, de retour sur la Croisette pour nous raconter sans surprise la descente aux enfers d’un homme faussement accusé de pédophilie.

    Après le sulfureux Gomorra, le cinéaste italien Matteo Garrone déçoit avec Reality, une critique de la téléréalité qui se voudrait une fable cruelle. Non seulement le genre décrié dépasse de loin la fiction proposée, mais celle-ci arrive avec deux ans de retard.

    Rien de bien nouveau non plus avec Lawless, western certes plaisant de l’Australien John Hillcoat, mais énième resucée de ploucs trafiquants d’alcool au temps de la prohibition, et leurs affrontements violents avec des agents fédéraux corrompus.

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