Festival de Cannes: grande foule mais accueil mitigé pour Wes Anderson (16/05/2012)
Première conférence de presse et premiers pilonnages d’orteils. Logique vu la concentration de vedettes en l'occurrence. Outre le réalisateur Wes Anderson et ses deux jeunes héros de 12 ans, Jared Gilman et Kara Hayward (photo), pratiquement tous les personnages principaux de Moonrise Kingdom avaient fait le déplacement sur la Croisette.
Entre Bruce Willis, Tilda Swinton, Edward Norton et Bill Murray, il y avait de quoi provoquer une queue jusque devant l’entrée du Palais. En constatant la chose, certains malheureux doivent se dire qu'avec un Brad Pitt à l'horizon, il vaudra mieux resté couché. Bref, inutile de préciser que seuls les "happy few" munis du bon badge avaient pu dénicher un siège.
A grande foule pourtant, petits applaudissements. Ce qui n’a rien de très étonnant pour ce conte en forme de livre pour enfants, censé vous transporter dans un univers de rêves, mais qui ne fait pas franchement une mégaouverture de festival.
Au centre de l’histoire, qui se déroule en été 1965 sur une île de La Nouvelle Angleterre, Sam, jeune scout orphelin mal-aimé par ses camarades et Suzy, une ado rebelle et dépressive. Amoureux, ils décident de fuir le monde des adultes, mobilisant toute une région pour les retrouver. Notamment lancés à leur poursuite, on trouve un improbable chef scout genre grand dadais (Edward Norton), un flic tout aussi hypothétique (Bruce Willis à contre- emploi) et une responsable des services sociaux un brin hystérique (Tilda Swinton), pour qui la vraie place des enfants se trouve dans un pensionnat.
Pendant une heure, on est séduit par la performance des acteurs, protagonistes marginaux et farfelus, la mise en scène surréaliste, le visuel de BD, la musique. Ensuite l’aventure se poursuit en mode mineur, tandis que se délite le traitement par l’absurde de la famille qui dysfonctionne. Un milieu cher à l’auteur pour qui chaque film est une sorte de réunion de groupe et qui tente de créer un monde magique dans lequel chacun a envie d’entrer. C’était en tout cas le désir avoué des acteurs, moins celui des spectateurs.
Nanni Moretti et ses jurés veulent se laisser emporter
Pas sûr non plus que cela emmène très loin le président Nanni Moretti et ses huit complices. Quatre femmes, Diane Kruger Emmanuelle Devos, Hiam Abbas, Andrea Arnold et quatre hommes, Jean-Paul Gaultier, Ewan Mc Gregor, Alexander Payne et Raoul Peck , qui ont tous envie de s’abandonner follement au charme des films proposés et à leurs émotions.
Ils se sont évidemment déclarés enchantés et honorés d’être là, d’avoir été choisis pour cette tâche extraordinaire et de participer ainsi au plus près à la célébration du cinéma. Conscients de leur responsabilité à l’idée de juger tous ces grands noms de la pellicule, ils se réjouissent, à l’image de leur coach italien de marque, de confronter leurs différentes sensibilités, sans préjugés, avec l’esprit le plus ouvert possible et en mettant la qualité des œuvres au-dessus de leurs préférences personnelles.
Très sollicité, Jean-Paul Gaultier, qui avait posé la marinière et opté pour une coupe iroquois pas des plus seyantes, a humblement confié qu’il porterait le regard d’un spectateur normal heureux de découvrir toutes ces œuvres."Je réagirai plus au feeling que sur le plan technique, mais je vais surtout beaucoup apprendre".
Le film est sorti simultanément dans les salles romandes.
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