Sam y pensait depuis des semaines. Finalement, il prend la décision courageuse de se rendre à l’anniversaire de son père, qu’il n’a pas revu, ainsi que es autres membres de sa famille, depuis son départ à Toronto et sa transition quatre ans auparavant. .A bord du train qui l’emmène dans sa ville natale, près du lac Ontario, il croise par hasard Catherine (Hilary Baack), une amourette de collège. Depuis lors, Ils se sont perdus de vue.
On papote, on se souvient, on se demande des nouvelles. Catherine est mariée, a deux enfants. Des sentiments enfouis remontent. Elle dit penser souvent à lui, ce qui fait plaisir à Sam. A son mari venu la chercher à la gare, elle avoue avoir été émue par cette rencontre fortuite. «C’était intense. A l’époque nous étions proches». On suppose alors que quelque chose de nouveau pourrait se produire…
De son côté, Sam s’apprête à rejoindre ses proches. Contrairement à la joie éprouvée en revoyant Catherine, Il redoute ces retrouvailles familiales, les conflits, le malaise, les jugements, les non- dits que risque de provoquer sa nouvelle identité. Il est persuadé d’être une déception pour ses parents «Pour eux, je suis un raté», confiait-il à sa logeuse avant de prendre son train.
Ses craintes semblent vaines. Quoique. Certes, il est chaleureusement accueilli par une maman aimante, un papa ouvert. Mais il y a quelque chose de forcé, d’hypocrite dans cette affection, cette tolérance. Sam ne se sent pas vraiment aimé pour ce qu’il est devenu. Sa mère se trompe, s’adressant à «elle», pour se reprendre aussitôt, confuse. Son père en fait trop dans l’empathie, ce qui souligne la différence. Et puis il y a des failles, de la gêne, le sectarisme du beau-frère. Du coup il règne comme un climat anxiogène.
C’est l’intérêt de Close To You ,qui ne se réduit pas à la transidentité, même s’il s’agit du point de départ. Son réalisateur britannique Dominic Savage, qui a audacieusement misé sur des dialogues non écrits à l’intérieur d’un scénario détaillé, évoque surtout la grande complexité des sentiments et des relations humaines, cette rancœur chez Sam qui a quitté le cocon familial, lui reprochant de ne pas s’être inquiété de lui quand il allait mal.
Le talentueux acteur canadien transgenre Elliot Page (anciennement Ellen), militant pour la cause et célèbre pour ses interprétations sur petit et grand écrans, se coule à merveille dans ce rôle de Sam où il se met carrément à nu. Habité, il porte le film sur ses épaules, bouleversant par son intensité, son authenticité, sa fragilité, sa vulnérabilité, son besoin d’être en paix avec lui-même et les siens.
Un petit regret toutefois. On reprochera au film de ne pas être entièrement à l’unisson avec son personnage principal. Si son auteur réussit à créer une réalité pleine de tensions et d’émotions grâce à l’improvisation bien maîtrisée de ses protagonistes pendant une grande partie de l’oeuvre, il a tendance à tourner en rond vers la fin. Tout en tombant paradoxalement dans une forme d’abstraction.
Sortie dans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 octobre.
le blog d'Edmée - Page 9
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Grand écran: à travers la transidentité, "Close To You" explore la complexité des relations humaines
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Grand écran: "Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde" raconte l'homophobie ordinaire. Puissant
Un simple baiser et la violence se déchaîne. On peine à croire qu’on est en 2024 en découvrant cette histoire. Pourtant elle se déroule bien aujourd’hui, dans un village de pêcheurs à l’embranchement du delta du Danube. Un lieu idyllique, un peu isolé mais prisé des touristes. Se mêlent ainsi mode de vie urbain et traditions rurales, l’espace d’un été.
C’est dans ce petit paradis que sont tapies la haine, l’ignominie et l’intolérance crasse. Adi, 17 ans (Ciprian Chiujdea), revenu passer les vacances dans sa famille, sort un soir avec une copine en boîte. Il rencontre un garçon qui le raccompagne chez lui. Ils s’embrassent et au matin, le père découvre son fils le visage et le corps salement amochés. L’adolescent lui avoue avoir été brutalement agressé par des jeunes.
Jusqu'à l'exorcisme
Emmené eu commissariat pour une déposition, ce qu’Adi redoutait arrive. Son homosexualité est dévoilée. L’enquête est vite bouclée. Le père (Bogdan Dumitrache) et le chef de police (Valeriu Andriuta) retrouvent les deux voyous, qui avouent leur crime sans vergogne, vu qu’ Adi “est un pédé”. Le malheureux va alors vivre un enfer au sein d’une famille et d’une société terriblement rétrogrades, où tous se liguent pour étouffer l’affaire. Ses parents ne le regardent plus comme avant. A leur demande, un prêtre va jusqu’à l’exorciser pour éviter le scandale et la honte.
Sa critique glaçante de l’homophobie ordinaire sur fond de corruption et de loi du silence, a valu à Emanuel Parvu la Queer Palm en mai dernier à Cannes. Il captive et bouleverse par sa mise en scène efficace, simple, sobre, presque distante, de cette œuvre portée par d’excellents comédiens.
Il s‘agit du troisième long métrage du réalisateur, scénariste, acteur (notamment dans « Baccalauréat » de son compatriote Cristian Mungiu), né à Bucarest en 1979. Coécrit avec Miruna Berescu, le film part d’un abject fait divers datant d’une dizaine d’années. Une jeune fille avait été violée par sept hommes dans un village perdu de Roumanie. La communauté entière s’était retournée contre elle.
Pour Emmanuel Parvu, c’est à travers l’amour et la compréhension qu’on parvient à bâtir une meilleure société pour les générations futures. Il ajoutait en substance, lors de la présentation du film en compétition sur la Croisette, qu’on peut s’ouvrir plus largement à ceux qui se sentent en minorité, indépendamment de la couleur de peau, des origines, de la religion, de l’orientation sexuelle
Sortie dans les salles de Suisse romande, mercredi 23 octobre.
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Grand écran: dans "C'est le monde à l'envers", Nicolas Vanier provoque un choc des cultures
Le climat s’emballe. La France est touchée par la sécheresse.. Plus d’électricité, plus d’eau plus d’internet, plus rien. C’est la crise, l’apocalypse en milieu urbain, avec l’effondrement de l’économie. Plus de compte en banque pour Stanislas, richissime trader parisien (Michaël Youn), que sa femme Sophie (Barbara Schulz) convainc d’aller se réfugier avec leur fils à la campagne chez Patrick (Eric Elmosnino), un agriculteur dont Stanislas vient d’acheter la ferme dans un but spéculatif.
La famille quitte donc la ville à vélo pour le Morvan, un parcours périlleux semé d’embûches. Mais ils sont très mal reçus par Patrick, ours mal léché et sa femme (Valérie Bonneton) guère plus avenante. Sans oublier le grand-père sénile incarné par François Berléand. Pas question qu’ils cèdent leurs terres à ces Parigots. S’ils restent, ils vont devoir apprendre à vivre ensemble malgré tout ce qui les oppose et se retrousser les manches pour gagner leur pain.
Mais il faudra bien s’accommoder de cette promiscuité forcée dans une atmosphère chaotique où tout est inversé, réinventer les codes d’un nouveau monde. Leur survie en dépend Et c’est ainsi que ces deux familles si dissemblables vont développer des capacités d'adaptation insoupçonnées, redécouvrir le troc et le bon sens paysan. Le tout sur fond d’entraide, de solidarité de fraternité.
C’est le monde à l’envers, adapté de son roman homonyme, est signé Nicolas Vanier, Passionné par le Grand Nord qu’il a parcouru lors de nombreuses expéditions, le réalisateur est un ambassadeur de la nature, qui ne cesse de communiquer son amour pour elle et de partager ses merveilles. Partisan d’un discours optimiste, Nicolas Vanier souhaite partager sa vision concrète, positive de l’écologie et du développement durable.
On retrouve ses valeurs dans C’est le monde à l’envers, son dernier long métrage engagé, en forme de comédie à la fois dystopique et joyeuse. Mais s’il nous accroche avec une première partie plutôt enlevée, il nous perd au fll d’un scénario simpliste et convenu. Certes il évite le piège des gentils paysans, mais moins celui du cliché et de la caricature. Dans ce tableau idéalisé, Eric Elmosnino en fait trop en grincheux, François Berléand en gâteux et Yannick Noah en bienveillant soixante-huitard écolo.
Récemment rencontré à Genève, Nicolas Vanier nous en dit plus sur ce film qui traduit ses inquiétudes et ses espérances sr le réchauffement climatique. «Elles se basent sur des constatations dans les pays « d’en-haut » que j’ai traversés avec toutes sortes de moyens. L’évolution est dramatique». En même temps, le cinéaste n’aime pas trop le terme de militant écolo. «Je préfère parler de solutions et de bonheur possibles. J’essaye d’agir» .
Comme dans votre film, à la fois joyeux dans la forme et essentiel dans le fond, qui est un écotournage.
En effet, je n’ai pas eu recours au fossile. Dans tous les domaines, toute la mise en place, la régie, les voitures, les transports, les costumes, l’eau, la nourriture. Que des produits frais à la cantine, pas de libre-service. Depuis mon premier film, j’ai pris conscience de l’importance de ce moyen de procéder.
C’est pour cette raison que l’ouverture est courte, avec les écrans géants et le numérique partout.
Je tenais à ce que la plus grande partie soit consacrée au partage, à la solidarité suite aux situations cocasses et totalement imprévues dans lesquelles se retrouve ce trader, complètement démuni avec 50 millions sur son compte! Comment faire lorsqu’on a l’habitude de presser sur un bouton… Et que tout d’un coup, on pourrait tuer pour un verre d’eau.
Quelques mots sur les comédiens. Tout d’abord Eric Elmosnino. A-t-il été facile à convaincre ?
Très, dans la mesure où c’est mon ami. Mais en réalité, je n’ai pas cherché à convaincre. Si quelqu’un n’est pas passionné par un rôle, je lui dis d’aller ailleurs.-J’avais envie d’un casting cocasse, avec des gens qui aiment travailler l’humour. D’où par exemple le choix de François Berléand. J’adore ce ersonnage, la façon dont li évoque le vieillissement.
Et Yannick Noah ? Un peu surprenant de le trouver là, non ?
Ah alors avec lui, l’engagement fut immédiat. Je ne le connaissais pas personnellement, mais c’était un beau cadeau pour le film.
«C’est le monde à l’envers», à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 16 octobre.